Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caspienne (mer) (suite)

Les caractères hydrologiques de la Caspienne sont très originaux : les fonds sont azoïques, mais les eaux superficielles renferment une faune assez riche (la Caspienne est par excellence la mer de l’esturgeon) ; les taux de salinité varient de 10 à 20 p. 1 000. Le bassin sud est exempt de gel, tandis que le bassin nord peut être pris par les glaces durant plus de trois mois. L’empire russe, puis l’Union soviétique ont favorisé le développement de nombreuses activités maritimes.

La pêche fournissait un demi-million de tonnes, soit les deux tiers des prises de toutes les mers de Russie au début de ce siècle ; toutefois, ce chiffre est tombé à moins de 200 000 t après 1960. Le trafic consiste en une activité de cabotage et en un trafic à grandes distances, composé pour la moitié d’hydrocarbures des champs de Bakou. Ce dernier port et Astrakhan effectuent un trafic de l’ordre de 10 Mt chacun. Les tankers de moyen tonnage remontent la Volga ou passent dans la mer Noire par le canal Volga-Don. Au total, 40 à 50 Mt de marchandises sont annuellement transportées sur la Caspienne, ce qui représente le cinquième ou le quart du trafic maritime total de l’U. R. S. S.

Mais l’assèchement — par conséquent la réduction de la superficie — de cette mer fermée s’accélère depuis quelques décennies. On évalue à 6 m la différence de niveau des eaux dans le bassin nord entre 1800 et 1950 ; depuis 1930, cette différence est de plus de 2 m. Ainsi, des golfes sont colmatés et les ports s’envasent et perdent leur importance ; il faut construire des avant-ports. Ce comblement rapide est causé avant tout par la construction des barrages-réservoirs de la Volga : une partie des eaux qui s’écoulaient vers le sud est utilisée en vue du ravitaillement des villes ou des industries, ou pour les besoins de l’irrigation.

Plusieurs plans ont été proposés en vue de restituer à la Caspienne le volume d’eau qui lui est ainsi soustrait. Le plan Davidov envisageait le détournement des eaux des fleuves sibériens se dirigeant vers l’Arctique (Ob et Ienisseï) vers une vaste mer intérieure, dite « mer sibérienne », dont une partie aurait été acheminée vers la Caspienne. Ce plan ne fut jamais appliqué. Actuellement, on s’oriente vers une autre solution : détourner les eaux des fleuves de Russie se dirigeant vers le nord (Petchora et Vytchegda) en direction de la Volga, qui restituerait ainsi le volume d’eau soustrait ; c’est l’objet du plan Apollov. Mais on a constaté qu’outre les inconvénients graves, pour les régions de la Kama, résultant de la construction de trop vastes barrages (submersion de bonnes terres) ce projet ne permettrait même pas de stabiliser le niveau de la Caspienne, qui continuera à baisser. Un troisième projet visait à retenir les eaux du bassin septentrional par des digues percées d’écluses, mais le séparant du bassin méridional (Guidroprojekt, « projet hydraulique ») ; cependant la mégalomanie de ce plan ne permettra pas techniquement et financièrement de le réaliser. On vient de proposer une autre solution : relier la mer d’Azov à la Caspienne par un canal géant empruntant la dépression Kouma-Manytch, utilisant les 26 m de différence de niveau entre les deux mers et permettant un apport considérable des eaux de la mer Noire (laquelle reçoit plus d’eau des fleuves ukrainiens qu’elle n’en perd) en direction du bassin nord de la Caspienne ; ce canal, qui serait utilisé pour la navigation, aurait une largeur de 400 m et une profondeur de 10 m. La multiplicité de projets gigantesques qui ne seront peut-être jamais complètement réalisés montre l’intérêt que les scientifiques et les économistes attachent au maintien des activités actuelles liées à la présence de cette vaste mer intérieure au milieu de régions en voie de développement. Mais les grands travaux entrepris dans le domaine de l’irrigation ainsi que les succès remportés dans la recherche de ressources minérales constituent aussi d’autres facteurs de croissance.

A. B.

Cassel

Ch.-l. de cant. du Nord, en Flandre, au nord-ouest d’Armentières, sur le mont Cassel (157 m d’alt.) ; 2 492 hab. (Casselois).


Une longue querelle d’historiens a eu pour objet, au xviiie s. et au xixe s., la désignation exacte de Cassel dans l’Antiquité, à savoir comme capitale du peuple des Morins ou de celui des Ménapiens. Il est établi aujourd’hui que Cassel était bien la capitale des Ménapiens, tandis que les Morins avaient établi la leur à Thérouanne. Les itinéraires antiques citent plusieurs fois Cassel, Castellum Menapiorum, sur des routes menant à Tournai et à Cologne. De la ville antique, on ne connaît à peu près rien. Mais la richesse des découvertes fortuites laisse supposer une ville importante de la Gaule Belgique. En 1845 et en 1860, une très importante nécropole a été découverte sur le flanc sud du mont Cassel, vers Bavinchove. En dehors des routes citées dans les itinéraires antiques, d’autres sont encore visibles par leurs traces dans le sol ou encore en utilisation. Trois de ces routes filent vers la mer, peut-être vers d’anciens marais salants. L’existence des salinatores — régisseurs du commerce du sel — des Morins et des Ménapiens est d’ailleurs attestée par une inscription antique découverte en Italie.

À Cassel, comme ailleurs dans la Gaule Belgique, les événements du iiie s. apr. J.-C. sont fatals. Cassel est alors détrôné au profit de Tournai ; la civitas Menapiorum devient la civitas Turnacensium. Ce repli est à mettre en relation directe avec la menace permanente des invasions des Saxons et des Francs, venus par la mer.

Dans l’état actuel de nos connaissances, on peut dire que Cassel est une des capitales antiques les plus mal connues de la Gaule Belgique. Des fouilles en cours dans les monts des Flandres laissent supposer l’existence d’habitats préromains. À Cassel même, le mont des Récollets est riche en objets de silex. Des fouilles seraient souhaitables — les dernières remontent à 1861 — pour délimiter exactement le plan de la forteresse du Bas-Empire et retrouver les vestiges de la ville du Haut-Empire.

P. L.

➙ Flandre.