Carducci (Giosuè) (suite)
Fils de médecin, au hasard des affectations paternelles, Carducci eut une enfance itinérante le long du littoral toscan, de la Versilia à la Maremme. Après des études secondaires à Florence, il entre à l’école normale de Pise (1853-1856), publie son premier recueil de poésies (Rime, 1857) et connaît quelques années difficiles partagées entre l’enseignement secondaire et des travaux d’édition qui, pour être alimentaires, n’en inaugurent pas moins une importante œuvre critique dans le domaine de la littérature classique. Sa nomination à la chaire de littérature de Bologne (1860) assure définitivement sa carrière universitaire. L’hymne A Satana (1863) et les Polemiche Sataniche (1869) traduisent la violente crise de conscience qui l’éloigné quelque temps de la poésie, l’entraîne vers le socialisme anarchique et le conduit à une réinterprétation laïque, voire athée, du classicisme de son adolescence (Manzoni, Parini, Foscolo). Mais, à partir de 1870, l’évolution politique italienne et plusieurs deuils familiaux (mort de sa mère et de son fils Dante) favorisent son adhésion au régime, scellée par l’ode Alla Regina d’Italia (1878), premier de ces poèmes célébratifs auxquels est liée la gloire officielle de Carducci et dont l’essai Dello svolgimento dell’ode in Italia (Opere, XV) énonce la théorie. Dans l’édition définitive de son œuvre poétique (Bologne, 1901), Carducci a suivi des critères moins chronologiques que thématiques et formels en rassemblant dans l’ordre : Juvenilia (1850-1860), Levia Gravia (1861-1871), Rime nuove (1861-1887), A Satana (1863), Giambi ed Epodi (1867-1879), Intermezzo (1874-1878), Odi barbare (1877-1882), Rime e ritmi (1899), Canzone di Legnano (inachevée), Il Parlamento (1879). La grande saison poétique de Carducci (1867-1886) évolue idéalement d’une satire politique violemment engagée dans les luttes contemporaines à une célébration épique des grandes figures et des grands faits de l’histoire italienne, pour atteindre à ses plus nobles résultats à travers une vision héroïque du monde, mais où l’héroïsme, libéré de tout contenu politico-historique, devient une pure catégorie de l’âme humaine et de la nature. L’expression de cet idéal est liée dans l’œuvre de Carducci à la création d’une forme poétique nouvelle, affranchie de la rime et obtenue par contamination de la ballade romantique allemande et de la prosodie gréco-latine.
J.-M. G.
B. Croce, Giosuè Carducci : stucio critico (Bari, 1920 ; 5e éd., 1953). / G. Petronio, Giosuè Carducci, l’uomo e il poeta (Messine, 1930). / R. Serra, Scritti (Florence, 1938). / A. Gargiulo, Letteratura italiana del Novecento (Florence, 1940). / F. Flora, La Poesia e la prosa di Giosuè Carducci (Pise, 1959). / M. Valgimeli, Il Fratello Valfredo (Bologne, 1961). / G. Natali, Giosuè Carducci (Florence, 1967). / G. Salinari, « Giosuè Carducci » dans Storia della letteratura italiana, t. VIII (Milan, 1968).