Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caracalla (suite)

Cependant, le domaine dans lequel Caracalla assura son activité avec prédilection fut la lutte sur les frontières. Dans une première série de campagnes, durant l’année 213, il mena ses troupes en Germanie et stabilisa le limes. Mais ces luttes contre les Barbares du Nord ne pouvaient être suffisantes pour un esprit atteint très tôt de mégalomanie ; il voulut être un nouvel Alexandre ; il s’imaginait que l’âme du Macédonien était revenue en lui et qu’il lui fallait imiter son action, c’est-à-dire partir à la conquête des terres orientales alors sous la domination des Parthes. Il lança son expédition en 214 ; il traversa la Thrace habillé à la grecque et forma une phalange à la macédonienne ; à Ilion, il sacrifia aux mânes d’Achille, comme Alexandre l’avait fait. Après des séjours à Nicomédie, à Antioche et à Alexandrie (où son passage provoqua des émeutes, réprimées de façon sanglante), au printemps 216 il mena une première offensive contre le roi parthe, Artaban IV, mais ce ne fut qu’un raid. Il remit l’effort décisif à l’année 217. Mais le 8 avril, alors qu’il se rendait dans un sanctuaire près de Carrhae, il fut poignardé par un officier à la solde du préfet du prétoire, Macrin (Marcus Opellius Macrinus), qui se croyait menacé d’une disgrâce.

Ainsi se termina le règne bref d’un empereur dont le souvenir est toujours présent dans les ruines imposantes des Thermes qu’il fit élever à Rome et dont on admire notamment le péribole, vaste esplanade rectangulaire.

J.-P. M.

➙ Rome.

 O. T. Schulz, Der römische Kaiser Caracalla, Genie, Wahnsinn oder Verbrechen (Leipzig, 1909).

Caracas

Capit. du Venezuela.


Caracas est la plus grosse concentration urbaine du pays. Son agglomération compte actuellement plus de 2 millions d’habitants, soit environ le cinquième de la population totale du Venezuela.

Habitée par les tribus des Caracas avant l’arrivée des Espagnols, la région est conquise vers 1565, et c’est en juillet 1567 que la ville est fondée par Diego de Losada. Dès 1577, Caracas devient la capitale de fait du Venezuela. C’est en effet à cette date que le gouverneur Pimentel s’y installe, attiré par la douceur du climat. En 1580, la ville compte 2 000 habitants et, en 1812, 50 000. Sa population augmente peu jusqu’à la fin du xixe s. par suite de la guerre civile et d’un grand tremblement de terre (1812), et bien qu’elle soit devenue la capitale officielle du Venezuela (1830).


Le site

Les avantages du site étaient nombreux à l’époque de la colonisation. La ville est construite dans une dépression d’origine tectonique remplie d’alluvions disséquées en terrasses non inondables par le río Guaire. Ce couloir, large de 3 à 4 km et long de 25, est très isolé et débouche, à l’est, par des gorges, sur la vallée du río Tuy, tandis qu’il communique difficilement avec la plaine de Valencia, à l’ouest, par la haute vallée du Guaire. Il n’est séparé de la mer que par un bourrelet de 14 km, la sierra Ávila, traversé par des défilés qui ont été aménagés.

Les Espagnols s’y sont installés parce que le site était naturellement protégé. Mais ce choix pesa sur le développement postérieur de la ville, en particulier par le manque d’espace. Actuellement, l’agglomération de Caracas est formée de onze paroisses urbaines, de cinq paroisses rurales et de la population urbaine de quatre districts de l’État de Miranda. Elle s’étend dans la vallée même, mais aussi sur les replats et les crêtes voisines. La ville continue à s’étendre en particulier vers le port de Caracas, La Guaira, port artificiel créé pour faire communiquer la vallée avec l’extérieur. La fusion de Caracas avec La Guaira est presque réalisée.


L’organisation de l’espace urbain

La ville s’est développée d’abord autour de l’actuelle place Bolívar et de la paroisse de la Candelaria. Toute cette zone a été en partie détruite par le séisme de 1812, et il reste peu de chose de l’époque coloniale. Au cours du xxe s., Caracas s’accroît vers le sud-ouest et s’étend vers El Paraiso, quartier résidentiel ; à l’ouest, la ville prend de l’extension vers Catia, qui est la zone commerciale, industrielle et ouvrière. À partir de 1936, sa croissance se fait surtout vers l’est, qui était à l’origine un lieu de résidence et qui est alors intégré à la ville.

Le développement urbain se fait aussi en hauteur. Les maisons d’autrefois avec un seul étage et des toits de tuiles rouges sont remplacées par des gratte-ciel. La ville change rapidement de physionomie, et, sous la présidence de Marcos Pérez Jiménez (1952-1958), il y a une véritable fureur de bâtir. Pour conquérir de nouveaux espaces, des collines sont aplanies et aménagées en terrasses reliées entre elles par des rampes en pente douce.

Actuellement, le quartier des affaires se situe au fond de la vallée. C’est là que se trouve le centre Simón Bolívar, avec deux tours de trente étages, où sont la plupart des ministères et les sièges sociaux des grandes sociétés. Les quartiers résidentiels et élégants se trouvent à l’est et au sud. Une autoroute urbaine traverse la ville (20 km) et relie Caracas à l’aéroport international de Marquetía et au port de La Guaira.

Cette organisation de l’espace pose de graves problèmes : les aménagements ont été faits sans plan d’urbanisme et aboutissent à un certain gaspillage d’un espace pourtant rare. La spéculation immobilière, d’autre part, conduit à des loyers très élevés, qui ne peuvent être payés que par les cadres. Aussi, la majorité de la population vit-elle dans des ranchos (bidonvilles), que l’on trouve surtout dans les secteurs en pente forte, menacés par les glissements de terrains, c’est-à-dire sur les terrains sans véritable valeur foncière.


Les fonctions

Le développement de Caracas est dû à ses multiples fonctions. C’est d’abord le centre politique et administratif du pays ; c’est aussi un grand centre commercial, en particulier pour le commerce extérieur, favorisé par la présence du port de La Guaira et de l’aéroport. Le rôle politique et le rôle commercial de la ville ont favorisé la concentration des capitaux et ont fait de Caracas le centre financier du Venezuela. Enfin, depuis le début de la colonisation, Caracas est un centre culturel et possède une université. À toutes ces activités s’ajoute depuis le xxe s. une industrialisation lente mais continue, dont les principales branches sont les cuirs, le papier, les appareils électriques, le matériel de transport, l’industrie alimentaire et la chimie. L’industrie est donc très diversifiée. Certes, le secteur secondaire n’occupait que 26,5 p. 100 de la population active en 1964, alors que le secteur tertiaire en occupait 67,3 p. 100 ; cependant, Caracas est la première région industrielle du Venezuela, puisque près de 50 p. 100 de la population du secteur secondaire vénézuélien y travaille.

La ville exerce une influence prépondérante sur l’ensemble du Venezuela. Elle draine pratiquement tous les mouvements de population et elle est la seule à posséder tous les équipements et services rares. De ce fait, c’est à Caracas que se localisent les sièges des grandes firmes et des banques américaines, qui jouent un rôle fondamental dans l’économie du pays.