Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Carabe ou Carabique (suite)

Les Tréchidés

On observe parmi ces Insectes les espèces cavernicoles les plus curieusement inféodées au milieu souterrain, à la fois par leur morphologie et par leur physiologie. Les Tréchidés rassemblent quelque 2 500 espèces, distribuées dans le monde entier. On y distingue plusieurs sous-familles. Nous citerons les Bembidiinœ, qui occupent les terres marécageuses, les plages sableuses au bord des rivières ou des torrents, les névés, le bord de la mer, la proximité des points d’eau douce ou salée dans les déserts ; certains, tels que les Anillini, sont endogés. Nous mentionnerons également les Trechinœ, qui forment écologiquement deux grands groupes. Le premier rassemble les espèces lucicoles, prédateurs généralement saprophiles, qui vivent dans les amas de feuilles mortes, y pourchassant leurs proies. Le second groupe comprend les espèces endogées et les espèces cavernicoles (Anophtalmus, Aphœnops, Hydraphœnops, Trichaphœnops). Ce sont des sténohygrobies qui recherchent dans le milieu souterrain une atmosphère saturée en eau en raison de la faible épaisseur de leurs téguments. Presque tous sont sans yeux. Ils errent sur les parois concrétionnées des grottes ou sur les surfaces argileuses à la recherche de leurs proies. En Amérique du Nord, Tachys incurvus est inféodé aux fourmilières.


Les Scaritidés

On en connaît 1 500 espèces, distribuées sur la terre entière. Ce sont des Insectes de grande taille (sauf les Dyschirius) et tous fouisseurs. Les pattes antérieures des Scarites sont remarquablement spécialisées, et l’avant du corps est muni d’une musculature puissante. Le phénomène d’immobilité-réflexe est développé à l’extrême chez les Scarites : le Scarites buparius peut demeurer rigoureusement immobile pendant plus d’une heure.

Également de grande taille, les Anthia, qui forment la famille des Anthiidés (350 espèces environ), sont des Insectes dont la répartition couvre toutes les régions chaudes et sèches de l’Afrique, de l’Asie tropicale et du nord de l’Australie. Certaines espèces sont termitophiles ; d’autres miment les Mutiles.


La famille des Cicindélidés

Elle rassemble quelque 1 500 espèces, réparties en deux sous-familles aux mœurs bien différentes, les Collyrinés et les Cicindélidés. Les espèces du premier groupe, distribué en Indo-Malaisie, en Amérique du Sud, à Madagascar, vivent dans les arbres et y recherchent leurs proies. Quant aux Cicindélidés vrais, ce sont des terricoles. Leurs larves sont habiles à creuser un terrier dont l’architecture est parfois complexe. Les Cicindélidés sont distribués dans le monde entier.

F. P.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. X, Insectes supérieurs et hémiptéroïdes (Masson, 1951). / C. Puisségur, Recherches sur la génétique des Carabes (Masson, 1965).

Caracalla

(Lyon 188 - Carrhae, Ḥarrān, 217), empereur romain de 211 à 217.


Il était le fils aîné de l’empereur Septime Sévère et de sa seconde femme, la Syrienne Julia Domna. Son véritable nom était Septimius Bassianus, mais il fut appelé Marcus Aurelius Antoninus quand son père se proclama, par adoption posthume, fils de Marc Aurèle. Caracalla n’est qu’un sobriquet jamais employé dans un texte officiel ; il désigne un grand manteau gaulois dont l’empereur, à la suite d’une campagne militaire en Germanie, aurait introduit l’usage à Rome.

Élevé avec son frère P. Septimius Geta (né en 189), il ne put jamais s’entendre avec lui ; leur discorde accentua chez Caracalla le côté cruel et perfide de sa nature. Pourtant, Septime Sévère avait tout fait pour apaiser les ressentiments et éviter les jalousies ; les deux frères furent collègues au consulat en 205 et en 208, et Geta fut sans doute auguste en 209, comme Caracalla l’avait été dès 198. La succession se révélait difficile.

Si les deux frères montrèrent une entente de façade aux funérailles et à la divinisation de leur père, les conflits éclatèrent bientôt ; l’intervention de leur mère et celle du sénat ne purent empêcher la haine de monter. Leur co-règne, commencé à la mort de Septime Sévère, le 4 février 211, se termina tragiquement le 27 février 212, quand les centurions, postés par Caracalla, assassinèrent Geta dans les bras de sa mère. Ce meurtre provoqua des remous dans les rangs de l’armée, bien que l’empereur ait prétendu agir en état de légitime défense ; des distributions d’argent et de blé apaisèrent les protestataires. Caracalla en profita pour éliminer tous ceux qui semblaient pouvoir être des obstacles à sa puissance ; des milliers de personnes, dont le grand jurisconsulte Papinien, eurent leurs biens confisqués ou périrent.

Concentrant l’essentiel de son effort sur la politique extérieure, l’empereur s’intéressa assez peu aux problèmes intérieurs, dont il laissa la direction à sa mère et aux jurisconsultes. Cependant, il sut prendre deux mesures essentielles. Ce fut tout d’abord une réforme monétaire de grande ampleur, qui fut, en réalité, une véritable dévaluation : le poids de l’aureus fut abaissé, et une nouvelle monnaie d’argent, l’antoninianus, fut créée ; considéré comme valant un double denier, cet antoninianus ne pesait qu’un peu plus d’un denier et demi et contenait une proportion de métal pur plus faible que l’ancien denier.

Mais la mesure la plus importante prise par Caracalla est la « Constitution antonine » ; cet acte, daté de 212 ou de 213, donnait la citoyenneté romaine à l’ensemble des habitants libres de l’Empire. Par cette décision, l’Empire romain ne formait plus désormais qu’une seule cité aux dimensions du monde. S’il est possible de discuter les buts de Caracalla en publiant cet édit — causes religieuses comme le prétend le préambule du texte (regrouper tous les cultes autour de celui des « dieux immortels »), causes financières comme le pense l’historien contemporain Dion Cassius (faire peser sur tous les impôts dont étaient redevables les seuls citoyens) —, il est hors de doute qu’il ne s’agit pas d’une révolution, mais de l’aboutissement d’un mouvement d’intégration depuis longtemps amorcé et favorisé par tous les empereurs. Cette naturalisation se réalisa d’ailleurs avec toute la souplesse que les Romains savaient introduire dans leur droit, puisque chaque nouveau citoyen conservait les droits de sa cité d’origine.