Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cap-Vert (îles du) (suite)

Occupation et mise en valeur des îles Sous-le-Vent

C’est en revenant de Guinée que deux navigateurs de l’infant Henri, le Portugais Diogo Gomes et le Génois Antonio de Noli, découvrent en mai 1460 les îles de Maio et de Santiago. En 1456, Ca’da Mosto aurait été repoussé par les vents de la côte africaine vers Boavista et Santiago, mais l’antériorité de sa découverte est contestée. Les diverses îles furent trouvées inhabitées.

Santiago, partagée entre les deux découvreurs, reçoit ses premiers colons dès 1462. L’importation d’une main-d’œuvre servile venue du continent donne à la culture du coton surtout, du mil, puis de la canne à sucre un rapide essor. Ce coton est troqué sur la côte d’Afrique, où existe un artisanat du tissage bien établi, contre des captifs, dirigés pour la plupart sur le Brésil. À partir des années 1520-1530, l’industrie de la draperie s’installe dans les îles, et les tissus capverdiens deviennent une des marchandises les plus demandées par les négriers africains. Ce mécanisme, qui entraîne aussi la culture de plantes tinctoriales, est encore renforcé par l’obligation faite à tous les vaisseaux négriers de relâcher à Ribeira Grande pour y payer les droits royaux. En 1564, la nomination du premier gouverneur, Duarte Lobo da Gama, met fin au régime concessionnaire à Santiago.


xviie-xviiie siècle : déclin des « vieilles îles » et peuplement des îles du Vent

La prospérité de Ribeira Grande (aujourd’hui Cidade Velha), promue au rang de ville et siège épiscopal dès 1533, attire à la fin du siècle la convoitise des pirates, principalement anglais (Drake, 1592). Praia devient la capitale de l’archipel en 1614 et le reste, sauf pendant quelques décennies du xixe s., où elle est supplantée par Mindelo, à São Vicente. Des famines sont signalées à Santiago dès 1609-1611 : elles seront l’une des constantes de ces îles au sol ingrat, au climat plus saharien que tropical.

En 1757, l’archipel est concédé à la Companhia do Grão Pará e Maranhão, fondée par Pombal. Vingt années de ce régime de monopole n’amènent qu’une nouvelle régression. En 1783-1787, l’Académie des sciences de Lisbonne confie à João da Silva Feijó la première exploration scientifique de l’archipel. La population totale — 50 000 habitants en 1774, avant les terribles famines de 1775 et de 1791 — n’atteint pas encore 60 000 en 1807.

Si l’exportation du sel de Sal est signalée dès 1520, les îles du Nord ne se peuplent que beaucoup plus tard : Santo Antão et São Nicolau, où l’on essaie la culture du café, sont colonisées au xviiie s. L’élevage, tenté à Sal à partir de 1793, ne se développe que vers 1855. São Vicente, découverte en 1462, n’abrite longtemps que des troupeaux en liberté : les premiers colons s’y installent en 1794, et la population dépasse juste 2 000 âmes en 1860.


xixe-xxe siècle : de l’émigration à l’indépendance

Les troubles de la métropole au début du xixe s. laissent l’archipel plus déshérité que jamais, en proie à la faim et au paludisme. Bien des habitants se résolvent à une émigration temporaire, surtout à partir des années 1850-1860. L’émigration atteint son maximum en 1920, puis le contingentement institué aux États-Unis la freine.

D’autres ressources sont demandées à la pêche de la baleine et à de nouvelles cultures (vigne, arachides). Le rôle de l’archipel comme point d’appui pour la navigation est souligné par l’installation de dépôts de charbon en 1875. La fin du siècle est marquée par le gouvernement (1894-1898), fertile en mesures économiques et sociales, du grand explorateur Serpa Pinto.

Après la Seconde Guerre mondiale, que suit une nouvelle crise de subsistances, une place est faite aux îles dans les plans sexennaux de développement : aménagement hydraulique, développement de la pêche. Enfin, l’archipel commence à s’orienter vers le tourisme, industrie pour laquelle il dispose de nombreux atouts (complexe hôtelier à Boavista).

Les îles ont dû à leur population aux deux tiers métissée, parlant un créole portugais particulier, d’avoir eu longtemps un régime plus favorable que les autres provinces d’outre-mer : le système de l’indigénat n’y existait pas. Cependant, les habitants n’obtinrent jamais les mêmes droits politiques que ceux des « îles adjacentes » (Madère et Açores).

À partir de 1962, l’indépendance de l’archipel est revendiquée par le Partido africano de Independência da Guiné e Cabo Verde (P. A. I. G. C.), dont les leaders seront Amilcar Cabral (assassiné en 1973), puis son frère Luís. En décembre 1974, l’archipel accède à l’autonomie. Un gouvernement de transition, composé de Portugais et de membres du P. A. I. G. C., est mis en place afin de préparer l’indépendance, qui est proclamée en juillet 1975.

J.-C. N.

 J. J. Lopes de Lima, Ensaio sobre a estatistica das possessões portuguesas na Africa occidental e oriental... Cabo Verde... (Lisbonne, 1844). / C. J. de Senna Barcellos, Subsídios para a história de Cabo Verde e Guiné (Lisbonne, 1900-1913). / A. Mendes Correa, Ultramar português, t. II, Ilhas de Cabo Verde (Lisbonne, 1954). / A. Carreira, Panaria caboverdiano-guineense. Aspectos históricos e sócio-económicos (Lisbonne, 1968).

Carabe ou Carabique

Insecte Coléoptère de l’ancienne famille des Carabidés.


Les Carabes sont caractérisés par des antennes simples et des tarses de cinq articles, le dernier portant deux griffes. Les larves sont campodéiformes avec des pattes à six segments ; les nymphes sont munies de six ou sept paires de stigmates. La systématique du groupe est en majeure partie fondée sur la structure de l’organe copulateur. L’ancienne famille des Carabidés (Carabidœ), qui groupait plus de 20 000 espèces, a été divisée, sans doute un peu abusivement, en quelque 50 familles. (V. Coléoptères.)


Les Carabidés au sens strict

Ils sont tous carnivores. Quelques espèces ont adopté secondairement un régime phytophage ou granivore (Harpalus). Le groupe des Carabes (Carabus et genres voisins, Cychrus) occupe la presque totalité de l’Ancien Monde et l’Amérique du Nord. Le groupe des Calosomes (Calosoma, Microcallisthene, Carabomorphus, Orinodromus, Carabomimus, Calopachys) est distribué en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord. Les Ceroglossus sont sud-américains, et les Pamborus australiens. Cet ensemble, qui compte 800 espèces, forme actuellement la famille des Carabidés s. nova. Les Carabes sont des insectes de lieux humides, même si quelques espèces sont des hôtes de la steppe, et, à l’inverse des Calosomes, aucun d’entre eux ne pénètre réellement au désert. Ils vivent au sol, se réfugient sous les pierres, dans les troncs d’arbre ou dans les touffes de végétation. De nombreuses espèces sont inféodées au milieu alpin ; chez les espèces des montagnes, on observe une régression des ailes. D’autres sont liées aux sables du littoral (C. nitens, Cathoplius) ou aux régions marécageuses. Les Carabes se nourrissent surtout de Mollusques et de Vers. On observe parfois l’étirement des pièces buccales ou l’allongement de la tête et de la partie antérieure du corps, notamment chez les espèces qui s’attaquent aux Escargots. Il existe parmi les Calosomes de nombreux mangeurs de chenilles.