Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Čapek (Karel) (suite)

La montée du péril nazi lui inspira, à la fin de sa vie, les pièces Bílá nemoc (la Lèpre, 1937) et L’époque où nous vivons (1938), où l’on voit le pacifisme naturel de Čapek s’effacer devant son civisme. De la même époque et de la même inspiration relève encore První parta (la Première Équipe, 1937), qui fut très en honneur durant le bref « printemps de Prague ».

Karel Čapek écrivit une partie de son théâtre en collaboration avec son frère aîné, peintre et littérateur, Josef : Loupežník (le Brigand, 1920), comédie lyrique, Ze života hmyzu (1921) et Adam stvořitel (Adam créateur, 1927), revue philosophique. Le refus d’une certaine forme de progrès technique débouche toujours chez Čapek sur un vitalisme confiant et humanitaire, témoin ses romans utopiques la Fabrique d’absolu (1922), Krakatit (1924), la Guerre des salamandres (1936).

Les problèmes que posent à la conscience du monde la désintégration de la matière (la Fabrique d’absolu, Krakatit), l’automatisation (R. U. R.), la manipulation de la vie (R. U. R., Věc Makropoulos), la transformation de la planète (Adam stvořitel) avaient été plus qu’entrevus par Čapek, dont l’œuvre acquiert ainsi, de nos jours, un regain d’intérêt.

Les nouvelles policières de Čapek (Povídky z jedné kapsy [Contes d’une poche], 1929 ; Povídky druhé kapsy [Contes de l’autre poche]) sont autant de croquis charmants et désabusés où le monde de la justice, des malfaiteurs et de leurs victimes est finement et sympathiquement analysé. Les mêmes dons d’observation, les mêmes qualités du psychologue et du styliste se retrouvent dans la trilogie romanesque à trame plus ou moins policière de Hordubal (1933), Povětroň (le Météore) et Obyčejný život (la Vie ordinaire, 1934). Čapek s’est également acquis une juste notoriété par ses récits de voyages : Italské listy (Lettres italiennes, 1923), Lettres d’Angleterre (1924), Výlet do Španěl (Excursion en Espagne, 1930), Obrázky z Holandska (Images de Hollande, 1931). Citons enfin l’admirable pochade l’Année du jardinier (1929), ses contes pour enfants, comme Dachenka (À l’enfant poète, 1931), et pour adultes, comme les Récits apocryphes.

Čapek ne survécut que quelques mois au drame de Munich. On peut relever dans son œuvre les multiples influences de Bergson (vitalisme, relativisme, intuitionnisme), des pragmatistes américains Peirce et James (il écrivit un traité de philosophie pragmatiste), du réalisme scientifique de Masaryk, dont il était l’ami (Entretiens avec Masaryk, 1928-1935), vraisemblablement de Wells (littérature d’anticipation), des humoristes américains (Bret Harte) et du cubisme dans sa première période (goût des tableaux schématiques). Mais son style, ramassé, exempt de toute fioriture, proche de la langue parlée, a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la langue littéraire tchèque.

Y. M.

 H. Jelinek, Histoire de la littérature tchèque de 1890 à nos jours (Sagittaire, 1935). / W. E. Harkins, Karel Čapek (New York, 1962). / H. Janaszek-Ivaničková, Karel Čapek (en polonais, Varsovie, 1962). / A. Matuška, Karel Čapek, Man against Destruction (trad. du slovaque, Londres, 1964).

Capétiens

Dynastie de rois de France, issue de Hugues, auquel elle doit son nom, ce souverain ayant été surnommé Capet par allusion à sa cape. Non compris Jean Ier, fils posthume (1316) de Louis X le Hutin, cette dynastie comprend quatorze souverains, qui régnèrent sur la France de 987 à 1328 : Hugues Ier (roi de 987 à 996), Robert II le Pieux (roi de 996 à 1031), Henri Ier (roi de 1031 à 1060), Philippe Ier (roi de 1060 à 1108), Louis VI le Gros (roi de 1108 à 1137), Louis VII (roi de 1137 à 1180), Philippe II Auguste (roi de 1180 à 1223), Louis VIII (roi de 1223 à 1226), Louis IX (Saint Louis, roi de 1226 à 1270), Philippe III le Hardi (roi de 1270 à 1285), Philippe IV le Bel (roi de 1285 à 1314), Louis X le Hutin (roi de 1314 à 1316), Philippe V le Long (roi de 1316 à 1322), Charles IV le Bel (roi de 1322 à 1328).



Les sources

L’indigence des sources est particulièrement grave en ce qui concerne les xie et xiie s., dont nous ne connaissons l’histoire qu’à travers les chroniques, dont les auteurs, presque toujours des religieux, ont une connaissance forcément limitée dans l’espace et dans le temps, aux dimensions de leur abbaye ou à la durée de leur propre vie. Les principales ont été rédigées dans l’entourage immédiat des souverains. Il en est ainsi de l’Epitome vitae regis Roberti, œuvre d’un moine de l’abbaye de Fleury-sur-Loire, Helgaud ; il en est de même de la Vie de Louis VI, écrite par l’abbé de Saint-Denis Suger, auquel on attribue, sans doute à tort, l’initiative de la rédaction des Grandes Chroniques de France (ou Chroniques de Saint-Denis), cette dernière semblant avoir été entreprise au plus tôt sous le règne de Philippe II Auguste, auquel le moine-médecin Rigord et le chanoine-poète de Senlis Guillaume le Breton ont consacré des œuvres plus personnelles : les Gesta Philippi Augusti pour le premier, la Philippide pour le second.

L’histoire de la dynastie capétienne du xiiie s. nous est heureusement mieux connue. L’origine sociale des chroniqueurs se diversifie en effet : certains appartiennent à la noblesse, tel Joinville, qui achève en 1309 la Vie de Saint Louis ; d’autres appartiennent sans doute au monde de la petite bourgeoisie, tel le sergent orléanais Guillaume Guiart, qui termine en 1307 la rédaction de la Branche des royaux lignages, dont 8 000 vers sur un total de 21 000 concernent le règne de Philippe IV le Bel. D’autre part, leur documentation s’améliore, Guillaume de Saint-Pathus ayant sans doute pu consulter le texte écrit de la seconde enquête de canonisation concernant Louis IX afin d’en relater l’histoire.

Mais, surtout à partir de Philippe II Auguste, nous disposons de documents d’archives de plus en plus nombreux, puisque les historiens ont retrouvé la trace de 2 500 actes ou mentions d’actes émanant de la chancellerie de ce dernier souverain et découvert l’existence de plus de 50 000 pièces émanant de celle de Philippe IV le Bel.