Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

L’affinage ou la concentration de certains minerais se fait près des sites d’extraction (or, uranium, cuivre, fer) ; les concentrés de cuivre et les minerais de plomb, de zinc et de nickel sont fondus ou réduits près des mêmes sites (nickel à Sudbury, cuivre à Flin Flon, Murdochville, Noranda, Sudbury) ou dans les centres industriels (Montréal, Port Colborne) avant d’alimenter les usines métallurgiques ou l’exportation. Le Canada consomme une part croissante de son minerai de fer (la principale société sidérurgique est entièrement canadienne) : longtemps au niveau de 10 Mt, la production d’acier s’est élevée à 13,3 Mt en 1973 (hauts fourneaux de Sault-Sainte-Marie, Port Colborne, Hamilton, Sydney ; fours électriques pour aciers spéciaux à Edmonton, Calgary, Trail, Vancouver ; fonderies et laminoirs à Vancouver, Winnipeg, Sault-Sainte-Marie, Hamilton, Montréal, Sorel, Sydney ; fabrication de ferro-alliages dans la région du Niagara et du canal Welland). Les projets actuels concernent l’extension des aciéries, la généralisation de la réduction directe, la construction d’un complexe sidérurgique au Québec.

L’électrolyse de l’aluminium repose sur l’abondance de l’électricité à bon marché : celle du Saint-Maurice (Shawinigan), du Saint-Laurent (Beauharnois), du Saguenay (Isle-Maligne, Arvida), du système Manicouagan-Outardes (Baie-Comeau), des lacs suspendus de Kemano (Kitimat). Le Canada produit 1 Mt d’aluminium (troisième rang mondial).

On n’accordera qu’une mention aux industries fabriquant des biens de consommation courants ; elles sont liées à l’accroissement de la population, au milieu urbain, à l’abondance de la main-d’œuvre ; elles sont présentes dans toutes les villes de quelque importance, plus anciennement installées dans celles de l’Ontario et du Québec (textile et confection, produits du cuir, ameublement, édition et imprimerie, manufactures de cigarettes, brasseries, petite métallurgie et mécanique, éventuellement constructions navales). Textile, confection, cuir, tabac ont donné lieu aux premières grandes entreprises utilisatrices de main-d’œuvre et d’énergie ; celles-ci ont stimulé la concentration urbaine, l’organisation de moyens de transport modernes et l’éclosion des activités de services (crédit, assurance, courtage, bourse), préparant ainsi l’infrastructure des industries avancées.

Parmi les industries intégrant plus de main-d’œuvre et de matière grise que l’exploitation directe des ressources naturelles figure la fabrication du matériel ferroviaire (Montréal, Toronto, Hamilton, Winnipeg) et des machines agricoles (Winnipeg, sud-ouest de l’Ontario). La construction automobile se fait à Windsor (assemblage des marques de Détroit) et, depuis peu, dans la banlieue de Montréal (modèles européens et américains) ; un marché commun de l’automobile entre Canada et États-Unis a pour but de réglementer la concurrence entre voitures américaines montées au Canada et voitures importées des États-Unis.

La fabrication de l’appareillage électrique et électroménager accompagne la concentration urbaine (Montréal, Toronto, villes du sud-ouest de l’Ontario). L’industrie des fibres textiles modernes et du caoutchouc synthétique a été stimulée par le développement de la chimie dérivée du pétrole. Les hydrocarbures polymérisés, les matières plastiques, les engrais sont produits dans quelques dizaines de grandes usines (dont celles de la Du Pont of Canada et de la Canadian Industries Limited), groupées surtout à Sarnia, principal centre de la pétrochimie depuis l’arrivée des premiers oléoducs et gazoducs, sur la rive nord du lac Erié, à Fort William, à Montréal.

Le Canada a accédé récemment aux étages nobles de l’échelle industrielle. L’expansion des télécommunications a entraîné le développement de l’électronique. L’étendue du réseau aérien commercial, l’importance de la prospection aérienne et de l’aviation privée, les engagements militaires du Canada ont stimulé la construction des avions, des pièces d’avion, des turbopropulseurs, des réacteurs, des équipements de navigation aérienne. Montréal et sa banlieue rassemblent la majeure partie des industries aéronautiques. Des équipements et des avions ont été vendus aux États-Unis (dont 90 p. 100 de la production d’avions d’une entreprise). L’industrie optique, toute récente (lentilles, instruments scientifiques), pénètre également sur le marché international (Allemagne fédérale, États-Unis). Ces tendances nouvelles pourraient modifier la structure des exportations et la balance des comptes.

Les industries, primaires, secondaires, traditionnelles et avancées, se répartissent inégalement selon les provinces : l’Ontario se taille la part du lion grâce à une constellation de centres industriels (50 p. 100 de la valeur ajoutée) ; il est suivi à bonne distance par le Québec (30 p. 100), malgré la prépondérance industrielle de Montréal, et de très loin par la Colombie (à peine 8 p. 100).

L’expansion industrielle continue entraîne celle de la construction (cimenteries) et des services, qui groupent, avec les transports, 58 p. 100 de la main-d’œuvre.


Les transports

Le Canadien Pacifique, société privée, et le Canadien National, propriété du gouvernement, se partagent 66 000 km de voies ferrées, composées surtout de lignes transcontinentales ; les trois principales, entre Montréal ou Québec et Vancouver, forment un nœud central à Winnipeg. La première en date, la ligne du Canadien Pacifique, achevée en 1885, relie Montréal à Vancouver en suivant le tracé le plus proche de la frontière américaine par Calgary et la passe du Cheval-qui-Rue. La plus au nord des trois est le Grand Tronc du Canadien National (1915), qui relie Québec à Winnipeg par Cochrane (mise en valeur de l’Abitibi et du nord-est de l’Ontario) et Winnipeg à Vancouver par Saskatoon, Edmonton et le col de la Tête-Jaune (peuplement et desserte du nord-ouest des Prairies). Le chemin de fer a fait l’unité du Canada et assuré sa croissance économique comme moyen de transport presque exclusif, au moins jusqu’à la dernière guerre. Il a perdu sa clientèle de voyageurs (un quart empruntant le train ; 4,6 p. 100 seulement si l’on compte les voyageurs-kilomètres) au profit de l’avion et de l’auto. Il garde le transport de certains pondéreux (40 p. 100 du trafic total), mais les hydrocarbures lui échappent (20 p. 100 du trafic total canadien se fait par conduites). Le réseau se modifie actuellement par l’ouverture de nouvelles lignes, surtout minières (Pacific Great Eastern du Pacifique à la rivière de la Paix ; Alberta Resources Railway pour desservir de nouveaux bassins de charbon, prolongement de la ligne du Pas à Flin Flon sur Lynn Lake, antenne de Thompson), et la fermeture de petites lignes (comme dans les Prairies, au grand dam des cultivateurs de blé et des propriétaires d’élévateurs).