Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Campanie

En ital. Campania, région de l’Italie péninsulaire.


La Campanie est la douzième région italienne par la superficie (13 595 km2), mais la deuxième (après la Lombardie) par le chiffre de population (5 178 000 hab.). La densité moyenne est voisine de 380 habitants au kilomètre carré. Composée de cinq provinces (Avellino, Bénévent, Caserte, Naples et Salerne), la Campanie est limitée au nord, sur le Garigliano, par le Latium, à l’est par les Abruzzes et la Pouille, au sud par la Basilicate. Unité plus administrative que géographique, elle s’étend sur 200 km de long, 130 km de large et compte 360 km de côtes. Région fertile mais pauvre, elle s’industrialise autour de Naples, sa capitale, à travers laquelle tous les problèmes du « Mezzogiorno » sont posés.

L’« heureuse Campanie » des Romains bénéficie d’un climat méditerranéen très doux, car la proximité de la mer atténue les excès. Les précipitations, sauf à l’est, sont supérieures à 800 mm. L’agriculture y trouve donc des conditions favorables, surtout dans les secteurs où les sols sont propices. À cet égard, la structure, très complexe, introduit bien des différences. Le relief est très varié (34 p. 100 de la superficie sont montagneux, 51 p. 100 sont en collines et plateaux, 15 p. 100 en plaines). L’Apennin a ici des altitudes plus basses que dans les Abruzzes, et il se fractionne en divers blocs parcourus par de larges dépressions (le Sele et ses affluents ; le Volturno et son affluent le Calore, avec les conques de Bénévent et d’Avellino). Tout à fait à l’est, les formations tertiaires d’argiles et sables l’emportent. Puis vient le prolongement calcaire, souvent dolomitique, des Abruzzes ; du nord vers le sud se succèdent le Matese (2 050 m), le Taburno, les monts Picentini (1 899 m) et les hauteurs du Cilento. En avant de ces montagnes se présentent : les reliefs préapennins de deux types différents, avec des massifs calcaires (Massico, Maggiore et, dessinant la presqu’île de Sorrente, les monts Lattari) ou des massifs volcaniques (Roccamonfina, Champs Phlégréens, Vésuve). Les îles célèbres de Procida et d’Ischia (volcaniques) et de Capri (calcaire) prolongent ces reliefs. Enserrées par eux, les plaines de Campanie, du Sele ont révélé leur richesse après leur bonification.

Depuis des siècles, les hommes, pour vivre sur cette terre, ont dédaigné les dangers naturels comme la malaria des plaines ou les éruptions volcaniques toujours possibles. Des Grecs aux Romains, des Normands aux Bourbons, les régimes ont laissé de nombreuses traces. Mais il y a eu, au cours des temps, une divergence croissante entre les possibilités économiques et la densité de population. Le royaume de Naples, par son protectionnisme, maintenait artificiellement beaucoup d’activités qui périclitèrent avec l’unité italienne, au moment même où l’accroissement naturel était très fort. La pression démographique se fit encore plus vive, car la Campanie reçut des milliers de migrants de toutes les provinces méridionales. Naples devint alors le grand foyer d’émigration italien. Aujourd’hui, le tableau a changé. La surcharge démographique de la Campanie s’allège à l’intérieur. Autour de Naples, elle s’intensifie, mais l’économie est plus apte à recevoir de gros effectifs. S’il n’y a pas élimination de la pauvreté, il y a progrès.

L’agriculture occupe 30 p. 100 de la population active et fournit 8 p. 100 du produit net agricole italien. Ce sont les plaines et les versants des volcans, bonifiés et irrigués là où il est nécessaire, qui ont la plus forte intensité culturale. Dans de petites exploitations morcelées, une « coltura promiscua » de type maraîcher est développée. La Campanie produit du tabac, du chanvre, de l’huile, du blé. La spécificité régionale réside dans les cultures maraîchères (pommes de terre nouvelles, tomates, aubergines) et fruitières (abricots, pêches, noix), la vigne avec des crus renommés (Lacrima Christi).

L’industrie occupe un autre tiers de la population active. Les usines locales sont, pour la plupart, de petites dimensions, les grandes appartenant à l’État (IRI) ou à des sociétés septentrionales attirées par les facilités fiscales, la main-d’œuvre abondante, le port de Naples. Les secteurs principaux sont ceux de la métallurgie et de la mécanique, du textile et de l’habillement, de l’alimentation, mais d’autres branches progressent, la chimie notamment. À part quelques foyers isolés, c’est sur la côte que se localisent les industries. En dehors de Naples même, la mécanique est à Pouzzoles, Torre Annunziata, Castellammare di Stabia, la métallurgie à Bagnoli. Les industries s’étendent vers le nord (Casoria, Pomigliano d’Arco), et l’on tente de renforcer les implantations vers Caserte et Salerne.

Enfin, les activités tertiaires sont multiples avec le commerce lié à la ville et au port de Naples, avec le tourisme, développé à cause des richesses historiques, de la beauté des sites côtiers, du pittoresque de Naples.

Mis à part les deux villes de l’intérieur, Bénévent (60 000 hab.) et Avellino (56 000), les principales cités sont dans la plaine, comme Caserte (65 000 hab.) ou Salerne (158 000). Naples* (1 222 000 hab.) les domine toutes.

E. D.

➙ Mezzogiorno / Naples.

 D. Ruocco, Campania (Turin, 1965).

Campanie romaine

Province de l’Italie ancienne, dont l’archéologie présente un intérêt particulier grâce aux fouilles des villes ensevelies par l’éruption du Vésuve, en 79 de notre ère.



La région

La fertile plaine campanienne est un carrefour où se sont rencontrées et mêlées, après d’âpres luttes, les diverses populations italiennes : Osques descendus de l’Apennin en diverses vagues, la plus importante au ve s. av. J.-C., Grecs qui colonisent la côte dès le viiie s. (v. Paestum), Étrusques prépondérants au début du ve s. Elle tombe dans la dépendance politique de Rome à partir du milieu du ive s. Sulla écrase en 89 av. J.-C. la dernière dissidence et latinise définitivement le pays en installant des colonies de vétérans à Pompéi, Herculanum et Sorrente.