Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cambodge (suite)

Le 17 avril 1975, les forces du F. U. N. K. (Front uni national du Kampuchea) s’emparent de Phnom Penh. Le G. R. U. N. K. (Gouvernement royal d’union nationale khmère) procède aussitôt à l’évacuation vers les campagnes de la population civile de Phnom Penh. Une des préoccupations majeures des révolutionnaires semble être, en effet, outre une solution provisoire aux problèmes de ravitaillement de la capitale, l’effacement des influences étrangères et le retour aux valeurs spécifiques de la civilisation khmère.

S. T.

En janvier 1976, une nouvelle Constitution proclame l’État démocratique du Cambodge. Une Assemblée populaire élue au suffrage universel nomme Sihanouk président du nouvel État. Mais, en avril, Sihanouk déclare renoncer à toute fonction politique. Le vice-président, Kieu Samphan (né en 1931), commandant en chef des forces de libération, le remplace alors à la tête du pays.

➙ Angkor / Asie de la mousson / Inde / Indochine / Phnom Penh.

 J. Moura, le Royaume du Cambodge (Leroux, 1883 ; 2 vol.). / E. Aymonier, le Cambodge (Leroux, 1900-1903 ; 3 vol.). / G. Maspéro, l’Empire khmer (Phnom Penh, 1904). / A. Leclère, Histoire du Cambodge (Geuthner, 1914). / G. Groslier, Recherches sur les Cambodgiens (Challamel, 1921). / H. Parmentier, l’Art khmer primitif (Van Oest, 1927 ; 2 vol.) ; l’Art khmer classique (Éd. d’art et d’histoire, 1939 ; 2 vol.). / B. R. Chatterji, Indian Cultural Influence in Cambodia (Calcutta, 1928). / G. Coedès, Inscriptions du Cambodge (A. Maisonneuve, 1937-1966 ; 8 vol.) ; Pour mieux comprendre Angkor (A. Maisonneuve, 1947) ; les États hindouisés d’Indochine et d’Indonésie (de Boccard, 1948 ; nouv. éd., 1964) ; les Peuples de la péninsule indochinoise (Dunod, 1962). / G. de Coral-Rémusat, l’Art khmer (Éd. d’art et d’histoire, 1940). / L. P. Briggs, The Ancient Khmer Empire (Philadelphie, 1951). / H. Marchal, le Décor et la sculpture khmers (Van Oest, 1951). / P. Pelliot, Mémoire sur les coutumes du Cambodge (A. Maisonneuve, 1951). / J. Boisselier, la Statuaire khmère et son évolution (A. Maisonneuve, 1955) ; le Cambodge, t. I de l’Asie du Sud-Est, sous la dir. de G. Coedès (Picard, 1966). / P. Dupont, la Statuaire préangkorienne (Ascona, 1956). / M. Giteau, Histoire du Cambodge (Didier, 1957). / B. P. Groslier, Angkor et le Cambodge au xvie siècle d’après les sources portugaises et espagnoles (P. U. F., 1958). / L. Malleret, l’Archéologie du delta du Mékong (A. Maisonneuve, 1960-1965 ; 4 vol.). / A. Migot, les Khmers (le Livre contemporain, 1960). / A. Dauphin-Meunier, Histoire du Cambodge (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 2e éd., 1968) ; le Cambodge de Sihanouk (Nouv. éd. latines, 1965). / J. Delvert, le Paysan cambodgien (Mouton, La Haye, 1961). / K. Bhattacharya, les Religions brahmaniques dans l’ancien Cambodge (A. Maisonneuve, 1962). / S. Thierry, les Khmers (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1964 ; nouv. éd., 1970). / M. Giteau, les Khmers (Bibl. des arts, 1965). / C. G. Gour, Institutions constitutionnelles et politiques du Cambodge (Dalloz, 1965). / P. Stern, les Monuments khmers du style du Bayon et Jayavarman VII (P. U. F., 1965). / C. Sarin, les Frontières du Cambodge (Dalloz, 1966). / J. C. Pomonti et S. Thion, Des courtisans aux partisans. La crise cambodgienne (Gallimard, 1971). / J. Migozzi, Cambodge. Faits et problèmes de population (C. N. R. S., 1973).


L’art du Cambodge

L’art de l’ancien Cambodge, ou art khmer, est sans doute le plus prestigieux de toute la péninsule indochinoise, et ses grands ensembles architecturaux, en particulier dans Angkor*, ont été volontiers considérés comme la plus belle réussite de l’art inspiré par l’hindouisme. À ses qualités propres, à l’intérêt qu’il a suscité très tôt, à son exceptionnelle continuité, l’art khmer doit d’être l’un des mieux étudiés et celui dont la chronologie paraît le plus sûrement établie. Cette chronologie n’ayant, pourtant, été précisée qu’après 1927, à la suite de recherches conjuguées d’histoire de l’art, d’archéologie et d’épigraphie, il s’ensuit que les ouvrages anciens doivent n’être utilisés que comme sources d’information, d’ailleurs souvent fort précieuses. On tend quelquefois à distinguer art khmer et art cambodgien en appliquant la première désignation à la période la plus ancienne et la seconde à l’art moderne et contemporain. La distinction est malheureuse en ce sens qu’elle tend à imposer l’idée d’une opposition khmer-cambodgien, que rien ne justifie, et, s’il est utile de définir des périodes successives, celles-ci doivent plutôt l’être par rapport à la royauté angkorienne (dont l’instauration précède la fondation d’Angkor de quelque trois quarts de siècle) : période préangkorienne (du milieu du vie s. au début du ixe), période angkorienne (du début du ixe s. à l’abandon d’Angkor en 1431), période postangkorienne (de 1431 à nos jours), division qui présente l’avantage de correspondre à des changements importants dans le domaine artistique.


L’art et l’histoire

La période la plus ancienne débute avec une préhistoire encore mal connue. Les principaux centres paraissent associer un outillage néolithique attardé aux premiers témoins de l’industrie du bronze vers le début de l’ère chrétienne (Samrong Sèn), peu avant que les textes chinois ne révèlent l’existence du Fou-nan, plus ancien royaume hindouisé établi dans la région méridionale. Quelques bronzes étroitement apparentés à l’art dongsonien de l’Indonésie*, d’origine malheureusement non localisée, pourraient appartenir à cette première période ; ils ne suffisent pas à établir l’existence de foyers de la culture de Dông Son* dans l’ancien Cambodge.

Quelques inscriptions sanskrites des ve-vie s. ont été longtemps les seules preuves de l’activité du Fou-nan, mais les fouilles d’Oc-èo (1944), dans le Transbassac, ont livré quelques substructures d’édifices et un abondant matériel dans lequel pouvaient être relevés, avec des apports indiens des iiie-ve s., quelques témoins de l’art de l’Orient méditerranéen (iie s. environ). Toutes les trouvailles d’Oc-èo ne sauraient, pourtant, être rapportées à la période founanaise, des fouilles plus récentes en Thaïlande* (depuis 1964) ayant montré qu’une part importante des trouvailles (bijoux d’or et d’étain, monnayages) ne pouvait être attribuée à une date plus haute que les viie-ixe s. En tout état de cause, et indépendamment de l’influence de l’Inde et du commun usage du sanskrit, rien ne permet de définir la culture khmère comme l’héritière directe du Fou-nan.