Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Abeille (suite)

Les activités des ouvrières

Pendant la belle saison, la durée de vie des ouvrières ne dépasse guère six semaines ; mais celles qui apparaissent à la fin de l’été survivent dans la ruche jusqu’au printemps suivant.

Une ouvrière est capable d’assurer toutes les activités dans la société, sauf, bien entendu, la reproduction. Le service auquel elle est affectée dépend d’abord de son âge et, accessoirement, des besoins éventuels de la ruche ; il peut être modifié pour répondre à une situation imprévue.

Dans les jours qui suivent l’éclosion, l’Abeille circule sur les rayons et contribue à leur nettoyage. À l’âge de trois jours, elle commence à assurer l’alimentation des larves : elle apporte aux plus âgées d’entre elles un mélange de miel et de pollen ; puis ses glandes mandibulaires et pharyngiennes entrent en fonctionnement et produisent de la gelée royale, qu’elle distribue aux larves jeunes. Quelques ouvrières entourent la reine, par roulement, l’accompagnent lors de la ponte, la lèchent, la nourrissent de gelée royale. D’autres fournissent les mâles de miel.

À l’âge de dix jours, les glandes cirières deviennent fonctionnelles ; une nouvelle période commence, consacrée, au moins en partie, à la construction des rayons et des alvéoles. Cette activité n’empêche pas d’autres fonctions : tassement dans les cellules du pollen apporté par les butineuses, participation à la formation du miel, ventilation de la ruche, surveillance à l’entrée. C’est alors qu’ont lieu les premières sorties, sur la planche de vol et à quelques mètres de la ruche ; ces vols d’orientation permettent à l’ouvrière de repérer l’aspect extérieur de la ruche, sa localisation dans son environnement ; ainsi se trouvera facilité le retour au nid après les vols de grande amplitude qui caractérisent la dernière — et la plus longue — période de la vie.

L’ouvrière devient alors pourvoyeuse de nourriture, qu’elle extrait des fleurs. Le nectar est aspiré par la trompe et ramené à la ruche dans le jabot ; régurgité plusieurs fois, transmis d’ouvrière en ouvrière, qui le concentrent et, par des enzymes, modifient sa composition, il est déposé à l’état sirupeux dans des alvéoles, où une dernière évaporation le transforme en miel ; cacheté par un opercule de cire, il représente des réserves pour l’hiver. D’autres ouvrières recherchent le pollen ; une butineuse ne visite qu’une seule espèce de fleur à chaque voyage ; nous avons vu le rôle des pattes dans la récolte et le transport ; dans la ruche, le pollen est tassé tel quel, sans transformations, dans les cellules et, additionné de miel, sera utilisé pour nourrir les larves.

Pendant une journée d’été, une ruche augmente son poids de plusieurs centaines de grammes ; une ouvrière doit visiter plusieurs dizaines de fleurs pour remplir son jabot, qui ne peut contenir plus de 50 mg de nectar. Cette intense activité des pourvoyeuses nous amène à poser deux questions : comment les ouvrières s’informent-elles mutuellement des sources de nourriture qu’elles découvrent et comment une abeille parvient-elle à revenir à sa ruche après un vol pouvant atteindre plusieurs kilomètres ? Nous verrons plus loin les modalités du langage de l’abeille ; dès maintenant on peut décrire comment se réalise l’orientation des ouvrières.

Cette faculté met en jeu des facteurs visuels et des facteurs olfactifs. Quand l’ouvrière quitte la ruche, elle enregistre l’angle que fait le soleil avec la direction qu’elle prend : certaines ommatidies reçoivent de plein fouet les rayons solaires. Pour le retour, l’insecte sera guidé vers la ruche si les rayons lumineux frappent les ommatidies dirigées à l’opposé des premières. Lorsque le soleil est caché, l’Abeille utilise comme repère le plan de polarisation de la lumière diffractée par le ciel bleu ; l’œil de l’Abeille peut en effet distinguer la lumière polarisée ; par temps légèrement couvert, la position du soleil peut encore être repérée à travers les nuages.

L’orientation par des mécanismes optiques ne fournit à l’ouvrière que des renseignements approximatifs ; la découverte d’une source précise de nourriture sera facilitée par ce qu’on convient d’appeler l’odeur de la ruche, trace laissée sur place par les visiteuses précédentes et émise par l’organe de Nasanoff. C’est également cette odeur, répandue à quelque distance de la ruche par les ventileuses et associée aux souvenirs visuels des vols d’orientation, qui permettra le retour au gîte.

Abeilles sociales, Abeilles solitaires

Abeilles supérieures (famille des Apidés et des Mégachilidés)

À côté de l’Abeille domestique (Apis mellifica), des espèces sauvages : Apis indica, A. dorsata, A. florea.

Bourdons (Bombus), au corps très velu, formant des sociétés annuelles qui vivent dans des nids souterrains ou proches du sol ; reine et ouvrières produisent de la cire ; les femelles, fécondées en automne, se dispersent et passent l’hiver à l’abri ; chacune peut fonder une nouvelle société au printemps. Les Bourdons jouent un rôle important dans la pollinisation.

Mélipones, Abeilles sociales des régions tropicales, construisant en cire des rayons horizontaux et des sortes d’outres à miel ; celui-ci est recherché par les Indiens d’Amérique du Sud, qui peuvent élever d’autant plus facilement les Mélipones qu’elles sont dépourvues d’aiguillon.

Abeille charpentière (Xylocope), grosse Abeille solitaire, qui, de ses mandibules, creuse son nid dans le bois mort, les tiges sèches.

Abeille tapissière (Mégachile), Abeille solitaire, qui tapisse son terrier souterrain de feuilles adroitement découpées.

Abeille maçonne (Chalicodome), Abeille solitaire, qui édifie un nid très solide en terre gâchée avec sa salive ; celui-ci comporte quelques cellules où se développent les larves.

Osmies, Abeilles solitaires, dont les nombreuses espèces nidifient dans des terriers creusés dans des trous de murs, dans le bois mort ou dans les coquilles.