Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Cactacées ou Cactées (suite)

Au début du xxe s., il faut citer des explorations de Diguet et son ouvrage posthume (1928) publié par A. Guillaumin, le travail monumental de Britton et Rose (1919-1923) et celui de Backeberg (1936). Des périodiques sont consacrés aux Cactacées, Kakteenkunde, qui existe sous divers noms depuis 1891, Kakteen und andere Sukkulenten, Cactus. Sous l’influence de l’Association française des amateurs de Cactées, de nombreux jardins particuliers se sont consacrés ces dernières décennies aux plantes grasses. Le jardin exotique de Monaco possède de splendides exemplaires de plantes grasses, en particulier des Cierges et des Opuntias.


Subdivisions et origines

La famille des Cactacées se divise en trois grandes tribus : celle des Pereskiées, dont les espèces ont des feuilles presque normales, persistantes, et des fleurs pédonculées ; celle des Opuntiées, à feuilles très réduites, rapidement caduques, et dont les pièces périanthaires sont uniquement soudées à l’ovaire, au-dessus duquel elles s’épanouissent, bien étalées et libres entre elles (corolle rotacée, les pétales étant disposés comme les rayons d’une roue) ; enfin celle des Cérées, pratiquement sans feuilles et dont les fleurs ont un long tube au-dessus de l’ovaire (fleurs infundibuliformes [en forme d’entonnoir allongé]). Ces plantes, que l’on connaît depuis le Tertiaire en Amérique du Nord (Eocène de l’Utah), sont localisées à l’état sauvage uniquement sur le continent américain, approximativement depuis le 50e parallèle nord jusqu’au 50e sud, à l’exception d’une région comprenant en Amérique du Nord les monts Alleghany et la région des Grands Lacs, et, en Amérique du Sud, la partie centrale de l’Amazonie et les hautes régions de la Cordillère chilienne et de la Terre de Feu. Les grandes populations d’Opuntia qui se rencontrent dans l’Ancien Monde, en particulier dans la zone méditerranéenne, sont le résultat d’introductions artificielles plus ou moins récentes. Elles proviendraient des voyages transocéaniques du xvie s. : les fruits d’Opuntia (figues de Barbarie) étaient transportés sur les bateaux comme nourriture d’appoint, et les surplus étaient abandonnés sur les rivages à l’arrivée.


Écologie

Les organes végétatifs de ces plantes ont le plus souvent une morphologie et une anatomie des plus curieuses, adaptées à des conditions de vie très rigoureuses dans des régions sèches et chaudes. Le système foliaire, sauf pour la tribu des Pereskiées, est pratiquement absent : d’après certains auteurs, il est réduit aux piquants et aux poils qui se trouvent sur les tiges ; quand ceux-ci sont munis de crochets en forme de harpon, on leur donne le nom de glochides. Les tiges, dans les tribus d’Opuntiées et des Cérées, sont très modifiées : certaines sont aplaties en « raquettes » (Opuntia) ; d’autres, allongées, sont ornées de côtes longitudinales munies de nombreux piquants parfois acérés (Cierges, Epiphyllum) ; enfin, quelques-unes sont plus ou moins sphériques (Mammillaria, Astrophytum, Lobivia, Gymnocalycium).

Si la majorité des espèces de cette famille est parfaitement adaptée aux conditions rigoureuses de sécheresse et de fortes températures, certaines font cependant exception. Ainsi, Opuntia vulgari peut subsister plusieurs mois sous la neige, et des espèces de Notocactus, Oreocerus et Cleistocactus résistent à des températures inférieures à 10 °C. Rhipsalis, Zygocactus, Epiphyllum au contraire se localisent dans les régions chaudes et humides et vivent avec les Orchidées et les Broméliacées épiphytes.


Espèces cultivées

Les plantes les plus connues font partie des tribus des Opuntiées et des Cérées. Les Opuntias comprennent 4 sous-genres et 250 espèces. Ils se présentent sous de nombreuses formes : certaines espèces n’ont pas les tiges aplaties en forme de raquette si courantes, mais sont au contraire cylindriques (Cylindropuntia). Cereus, Echinocactus, Cephalocerus, Pilocereus sont des genres dont on rencontre beaucoup d’espèces cultivées dans les serres et dont les tiges sont allongées ; par contre, les genres Echinocereus, Chamaecereus, Lobivia sont relativement trapus (tout au plus 30 cm de haut). D’autres genres globuleux peuvent encore être cités : les Lophophoras, dont les alcaloïdes provoquent des hallucinations colorées ; Ferrocactus, Gymnocalycium, Echinocactus (dont certains spécimens peuvent atteindre des tailles impressionnantes) ; Astrophytum. Les Mammillarias forment le genre le plus important (200 espèces) de la famille après les Opuntias.

De nombreuses formes tératologiques (plusieurs centaines) sont répandues dans la famille. Elles sont dues à des malformations du méristème terminal (fasciations) ; ces monstruosités sont recherchées par certains amateurs et elles rendent encore plus étranges ces collections de plantes déjà si particulières. En dehors de leur attrait ornemental, les Cactacées ont un faible rôle économique ; certaines variétés inermes (sans piquants) de Figuier de Barbarie peuvent servir comme plantes fourragères lors des grandes sécheresses tandis que les fruits d’espèces américaines de ce genre donnent des boissons alcoolisées ou fermentées. Au Mexique, des haies faites de Cereus jointifs forment des clôtures infranchissables.

J.-M. T. et F. T.

 A. Bertrand et A. Guillaumin, Cactacées (la Maison rustique, 1954). / P. Fournier, les Cactées et les plantes grasses (Lechevalier, 1954). / K. Backeberg, Die Cactaceae (Iéna, 1958-1961 ; 4 vol.). / M. Rose, Cactées en fleurs (Arts et métiers graphiques, 1958).

cadastre

Ensemble des documents établis par l’Administration en vue de permettre la détermination des limites des propriétés foncières d’un territoire, la constatation de la nature de leurs produits et l’évaluation de leur revenu. (Le plan cadastral peut être librement consulté à la mairie de chaque commune.)



Historique

L’ancienne Égypte a connu un cadastre servant à établir l’impôt et à reconstituer les limites des propriétés effacées par les crues du Nil. Dans la Rome antique, le cens, impôt sur les biens, était établi d’après les déclarations des citoyens, la contenance des propriétés étant fixée d’après le nombre de journées de labour ou le volume des semences. En France, sous l’Ancien Régime, le cadastre était constitué par des registres descriptifs appelés suivant les régions terriers, polyptyques ou pouillés. Les plans, quand ils existaient, n’étaient que des représentations grossières. Avec l’affermissement du pouvoir royal et ses besoins fiscaux, la nécessité d’un cadastre régulier se faisait sentir. Mais les difficultés financières empêchèrent l’établissement d’un cadastre général ; seuls quelques pays de taille réelle connurent un véritable cadastre appelé compoix-terrier. La Constituante (1790) supprima les anciens impôts sur les immeubles et les remplaça par une contribution foncière unique « répartie par égalité proportionnelle sur les propriétés foncières à raison de leur revenu net » ; mais cette loi, en laissant l’établissement du plan cadastral à l’initiative des communes, aboutit à un échec. Napoléon en tira les conséquences en prescrivant (1807) l’exécution d’un cadastre « avec évaluation et arpentage de chaque parcelle de propriété ». La confection du cadastre parcellaire, commencée en 1808, devait s’achever vers 1850. Mais, dès cette époque, en l’absence de mise à jour, le plan ne correspondait déjà plus à la réalité dans les communes cadastrées au début, surtout dans les régions riches, où les changements étaient nombreux. En 1850, les communes furent donc autorisées à renouveler le cadastre à leurs frais (peu en profitèrent) ; en 1898, cette possibilité fut assortie de l’obligation de mise à jour annuelle. La loi du 16 avril 1930 a décidé la rénovation générale du cadastre et adopté le principe de la mise à jour annuelle des plans, désignée sous le nom de conservation. Ce travail de rénovation par révision ou réfection devrait être achevé en 1972.