Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cachemire ou Kāśmīr (suite)

L’art du Cachemire

L’art bouddhique

Les premières fouilles remontent à 1882 : à Ushkur, près de Baramūla, sur le site d’une ville fondée par le roi Kuṣāna Huvishka, furent retrouvées dans les ruines d’un stūpa quelques figurines de terre cuite. Par la suite, d’autres sites livrèrent un matériel analogue : celui de Harvan, à l’emplacement de l’ancien monastère nommé le Bosquet des six saints (Ṣadarhadvana), au cœur même de la Vallée, et celui d’Akhnur, au nord-ouest de la ville de Jammu. À Harvan, des pavements et des parements de murs sont constitués par des tuiles estampées au moule de figures diverses (ascètes accroupis, fleurs, danseurs, cerfs, etc.).

Hermann Goetz date les terres cuites de Harvan de l’époque Gupta, celles d’Ushkur et d’Akhnur des viie et viiie s., alors que Charles Fabri date l’ensemble du règne de Lalitāditya Muktāpīḍa. Malgré son intérêt, cet art de source gréco-bouddhique n’atteint pas l’intense beauté des œuvres de Hadda, en Afghānistān*.

Le chroniqueur Kalhana (xiie s.) nous apprend que Lalitāditya Muktāpīḍa et son ministre Cankuna fondèrent des stūpa et des vihāra dans la ville de Parihāsapura, située sur les plateaux à proximité du village actuel de Parspor. Les ruines de ces monuments attestent de leur ancienne splendeur, et quelques statues sont conservées au musée de Srinagar : bodhisattvas parés, appuyés à des stèles et la coiffure ornée de rubans flottants à la manière sassanide ; bouddhas debout ou assis dans la posture du lotus, abrités par un arc trilobé.

L’architecture médiévale

Tout en se rattachant à l’art de l’Inde du Nord, l’art cachemirien se reconnaît par quelques éléments caractéristiques : toits superposés, imités peut-être de l’architecture de bois, particulièrement en honneur dans un pays où croissent des essences admirables ; frontons triangulaires et trapézoïdaux, souvent superposés et combinés à l’arc trilobé.

Comme dans tout l’art indien, l’élément de base est la cella de plan approximativement carré (Loduv et Śaṅkarācārya n’appartiennent pas à ce type), juchée sur un haut soubassement et couverte en encorbellement. Des portes ou des fausses portes encadrées de piliers ou de colonnes engagées rythment les quatre faces. Certains temples sont encore bien conservés : Pandrenthan, sur l’emplacement de l’ancienne capitale, non loin de Srinagar, et surtout Payer, moins accessible, qui est sans doute le spécimen le plus harmonieux de tout l’art cachemirien. À l’emplacement des chapiteaux surmontant les colonnettes d’encadrement de porte, à la retombée de l’arc, des taureaux accroupis sont encore le souvenir des protomés d’animaux de l’art achéménide, adoptés d’abord par l’art rupestre indien.

Le premier temple cachemirien identifiable est celui de Martand (près d’Anantnāg), fondé par Lalitāditya Muktāpīḍa, sanctuaire solaire et lieu de pèlerinage. Le complexe sacré est entouré d’une enceinte rectangulaire délimitant une cour bordée de chapelles. Ses restes sont encore imposants.

Sous le règne d’Avantivarman furent édifiés, dans le même esprit, deux temples dont les ruines sont visibles depuis la route axiale de la Vallée. Il faut aussi mentionner les ruines imposantes de Wāngath (Nārānnāg), celles de Narasthan (fin ixe s.), les temples érigés par Śankaravarman et son épouse Sugandhā à Paṭan et à Buniār.

L’architecture musulmane

Quelques rares ensembles musulmans intègrent des monuments hindous entiers ou en remploient des fragments (ziyāra de Bāmadīn Ṣāḥib, près d’Anantnāg, cimetière de Zain al-‘Ābidīn, à Srinagar) ; d’autres (la ziyāra de Saiyid Muḥammad Madani, à Srinagar) adoptent des éléments architecturaux hindous (arc trilobé, etc.). Mais le style musulman le plus caractéristique du Cachemire est la mosquée de bois, dont les exemples sont innombrables. Signalons la Djāmi‘ Masdjid, la mosquée de Chāh-i Hamadān, toutes deux à Srinagar, et celle de Chrar-i Charīf, lieu de culte et de pèlerinage important.

Les souverains moghols de Delhi ont contribué à embellir le Cachemire. Leurs jardins surtout, autour de Srinagar, sont demeurés célèbres : jardins de Chalimar, Nichāt Bagh, Tchachma Chāhī, etc.

Les arts appliqués

Les techniques qui ont fait la réputation des artisans cachemiriens sont la joaillerie, la sculpture sur bois, l’incrustation métal sur métal, le « papier mâché », les tapis de feutre (namda) et surtout la fabrication des célèbres châles. Ce sont de grandes pièces de lainage, jadis tissées, par la suite brodées à la main de chatoyants motifs végétaux ou de scènes historiées. Pour les plus appréciés, on utilise le poil très fin d’une chèvre sauvage d’Asie centrale.

J. N.

J. K.

➙ Inde.

 R. C. Kak, Ancient Monuments of Kashmir (Londres, 1933). / M. Brecher, The Struggle for Kashmir (Toronto, 1953). / M. B. Pithawalla, An Introduction to Kashmir. Its Geology and Geography (Karachi, 1953). / B. L. Sharma, The Kashmir Story (Bombay, 1967). / Notes et Études documentaires, le Conflit du Cachemire : de l’indépendance à la conférence de Tachkent (la Documentation française, 1968). / H. Goetz, Studies in the History and Art of Kashmir and the Indian Himalaya (Wiesbaden, 1969).

Cactacées ou Cactées

Famille de plantes des régions arides, à la tige souvent charnue.


La famille des Cactacées (environ 2 000 espèces), qui compose à elle seule l’ordre des Cactales, comprend des plantes plus ou moins arborescentes, le plus souvent à grandes fleurs hermaphrodites presque toujours régulières. Les pièces périanthaires (corolle et calice), en nombre variable, sont soudées en un tube contenant les nombreuses étamines, dont les filets sont eux aussi soudés en un tube qui est réuni parfois à celui du périanthe. L’ovaire est en position infère.


Histoire de la connaissance du groupe

Le groupe des Cactacées a été individualisé depuis 1576 (de Lobel). En 1753, Linné décrit 22 Cactées et, en 1782, Lamarck en signale 31. C’est en 1789 que A. L. de Jussieu crée la famille des Cacti, mais c’est seulement A. P. de Candolle qui en précise vraiment les limites (1829-1834). Au cours du xixe s., de très importants travaux sont publiés à la suite de nombreuses missions en Amérique centrale ; dès cette époque, plusieurs grandes collections de Cactacées vivantes sont créées en Europe.