Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

abdomen (suite)

 H. Mondor, Diagnostics urgents. Abdomen (Masson, 1930 ; 8e éd. 1959). / H. Rouvière, Anatomie humaine descriptive et topographique (Masson, 1942 ; nouv. éd. revue par G. Cordier, 1959 ; 3 vol.). / C. Couinaud, Anatomie de l’abdomen (Doin, 1963 ; 2 vol.). / Z. Cope, A History of the Acute Abdomen (Londres, 1965).

Abeille

Insecte de l’ordre des Hyménoptères, muni d’un aiguillon venimeux et se nourrissant du pollen et du nectar des fleurs. Au sens strict, on applique le nom d’Abeille à une espèce précise. Apis mellifica, qui vit en société et a été domestiquée par l’homme ; mais on désigne plus largement sous ce terme tout insecte, social ou non, appartenant à la superfamille des Apoïdes.



L’Abeille domestique (Apis mellifica L.)

Une société d’Abeilles comporte en général de 20 000 à 100 000 individus. Il arrive parfois qu’au moment de l’essaimage l’on puisse évaluer la population d’une ruche, en pesant l’essaim : 1 kg contient environ 10 000 Abeilles. On admet qu’alors la moitié des habitants a quitté la ruche (théorie de Sandler).

Pendant la belle saison, on trouve trois sortes d’individus (ou castes). Les plus nombreux sont les ouvrières, femelles stériles, qui assurent l’entretien de la ruche, la nutrition de tous ses occupants, larves notamment, et la construction des rayons. La reine, unique femelle fertile, pond de 1 000 à 2 000 œufs par jour ; sa présence est indispensable à la coordination de l’activité des ouvrières ; les mâles, ou faux bourdons, au nombre de plusieurs centaines, sont éliminés par les ouvrières à la fin de l’été. On appelle couvain l’ensemble des œufs, larves et nymphes placés dans les alvéoles.

À qui devons-nous de connaître l’Abeille ?

D’abord le Hollandais Jan Swammerdam (Amsterdam 1637 - id. 1680) dissèque l’insecte pendant plusieurs années et livre des planches anatomiques d’une précision admirable.

Réaumur* est le premier à proposer, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742), une vue cohérente et exacte, débarrassée des multiples légendes qui circulaient jusqu’alors, de la vie des Abeilles.

François Huber (Genève 1750 - Pregny, près de Genève, 1831), le naturaliste aveugle de Genève, scrute avec patience et génie la biologie de la ruche, et rassemble dans ses Nouvelles Observations sur les abeilles les résultats de ses recherches, presque tous encore valables.

Avec sa Vie des abeilles (1901), Maurice Maeterlinck* révèle à un vaste public une vision fidèle des activités de la ruche, bien que son élan poétique l’entraîne à quelques exagérations.

En 1922, Karl von Frisch (né à Vienne en 1886) fait connaître le résultat de ses premiers travaux sur les « danses » des ouvrières, dans lesquelles il devait découvrir un langage précis.


Morphologie et anatomie de l’ouvrière

Long de 15 mm, le corps de l’ouvrière se divise en trois parties.

La tête porte deux antennes coudées, couvertes de milliers de poils tactiles et de fossettes olfactives ; ces antennes sont aussi des organes sensibles à l’humidité, à la température, au gaz carbonique et, semble-t-il, à certaines vibrations. Les yeux, bien développés, sont composés chacun de 4 000 facettes, ou ommatidies, contenant chacune huit cellules visuelles. Ils permettent une vision colorée différente de la nôtre : ils ne sont pas sensibles au rouge, mais réagissent à l’ultraviolet. Sur le dessus de la tête, on remarque trois ocelles. Les pièces buccales sont lécheuses et suceuses. La pièce essentielle est le labium, dont la longue langue velue peut plonger dans les fleurs ; autour d’elle, les deux palpes labiaux et les deux maxilles forment une sorte de conduit par lequel le nectar est aspiré ; les mandibules, courtes, servent à façonner la cire.

Sur le thorax s’insèrent deux paires d’ailes membraneuses inégales et trois paires de pattes. Les ailes d’un même côté sont maintenues solidaires grâce à une rangée de petits crochets dont est muni le bord avant de l’aile postérieure. Les pattes se terminent par deux griffes et une ventouse ; grâce à leurs mouvements coordonnés, elles rassemblent le pollen dont le corps s’est couvert au contact des étamines et en façonnent des boulettes ; les pattes postérieures, les mieux adaptées à ce travail, transportent ensuite ces boulettes coincées dans les corbeilles de leur tibia. Ajoutons que la pince située entre le tibia et le tarse sert à prélever les lamelles de cire, et que la patte antérieure porte un peigne utilisé pour le nettoyage des antennes.

L’abdomen est formé de sept segments visibles, mais le premier paraît faire partie du thorax et précède le pédicule, qui sépare les deux régions. Les sternites des segments 3 à 6 portent chacun une paire de glandes cirières. À l’arrière, sous l’anus, pointe l’aiguillon venimeux, relié à un réservoir où une glande déverse des substances toxiques et inflammatoires ; près de sa pointe, l’aiguillon est muni de barbes qui font penser à celles d’un harpon ; il n’est pas rare de voir une ouvrière abandonner aiguillon et appareil venimeux dans la plaie et mourir de cette mutilation.

L’organisation interne n’est pas fondamentalement différente de celle des insectes en général. Il faut signaler cependant : le grand développement du cerveau, en relation avec les facultés psychiques élevées de l’Abeille ; la conformation du tube digestif, où le jabot est séparé de l’intestin par des valvules, si bien que le nectar accumulé peut être régurgité lors de l’élaboration du miel et que l’individu n’en prélève qu’une faible partie pour son propre compte ; l’atrophie presque totale de l’appareil génital ; l’abondance et la variété des organes sécréteurs.


La reine et le faux bourdon

La reine se distingue extérieurement de l’ouvrière par sa longueur (20 mm) et son abdomen plus développé ; elle ne quitte jamais la ruche, sauf pour le vol nuptial et pour l’essaimage. Son appareil génital est bien développé ; cependant, certaines de ses pièces sont modifiées en un appareil venimeux.

Le mâle doit au fait qu’il est très velu son nom usuel de faux bourdon ; ses yeux, volumineux, se rejoignent presque sur le dessus de la tête ; par contre, sa langue est réduite ; il ne possède pas d’appareil venimeux. Les faux bourdons résultent du développement d’œufs parthénogénétiques qui ne possèdent que n = 16 chromosomes.