Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

byzantin (Empire) (suite)

La dynastie macédonienne

Avec les empereurs dits « macédoniens », mais en fait d’origine arménienne, l’Empire byzantin atteint son apogée : ses adversaires sont partout refoulés et ses frontières rétablies de l’Adriatique au Caucase.


Les empereurs

Le fondateur de la dynastie est Basile Ier (867-886), qui usurpe le pouvoir après avoir tué de sa propre main son bienfaiteur Michel III. Il lègue le trône à ses fils Léon VI le Sage et Alexandre, mais seul le premier gouverne réellement (886-912). Alexandre régnera quelques mois (912-913). Le fils de Léon, Constantin VII Porphyrogénète, règne de 913 à 959, mais de 913 à 919 le pouvoir est exercé par sa mère Zoé, puis de 919 à 944 par l’amiral Romain Ier Lécapène. Le trône est ensuite occupé par Romain II (959-963) et les usurpateurs Nicéphore II Phokas (963-969) et Jean Ier Tzimiskès (969-976). Le pouvoir revient ensuite à l’héritier légitime, Basile II (976-1025), le représentant le plus illustre de la lignée des Macédoniens.


Les Arabes

La grande victoire de Pétronas contre l’émir de Mélitène, ‘Umar, en 863, inaugure l’époque de l’offensive byzantine en Asie Mineure. En 872, le général Christophore détruit Tephriké (auj. Divrigi), la citadelle des Pauliciens, et, l’année suivante, l’empereur pénètre dans la région euphratésienne. Mais ces succès n’éclipsent pas de graves revers en Occident : Malte est enlevée par les Arabes en 870 ; avec la prise de Syracuse en 878 et de Taormina en 902, la Sicile devient une province arabe. En juillet 904, Thessalonique est pillée durant dix jours par les pirates de Léon de Tripoli. Byzance renforce sa flotte et tente de reprendre le contrôle de l’Égée, mais une grande expédition organisée en 912 contre la Crète échoue piteusement.

La mort du tsar bulgare Siméon en 927 permet à Byzance de passer à l’offensive en Orient : les brillants exploits de Courcouas, prise de Mélitène en 934 et d’Edesse en 944, ouvrent la voie à l’offensive décisive de Nicéphore Phokas et de Jean Tzimiskès : le premier reprend la Crète (961), Chypre (969) ; le second franchit l’Euphrate et conquiert une partie de la Palestine (975). Basile II annexe à l’Empire une partie de l’Arménie et de la Géorgie, et, en 1045, Ani est livrée aux Byzantins.


Les Russes

En 860, ils font leur première apparition devant Constantinople, mais leur violente attaque est repoussée. Ils réapparaissent devant la capitale en 907 et dictent leurs volontés au gouvernement byzantin, mais leur assaut de 941 se solde par un désastre. Le prince Igor campe sur les rives du Danube en 944, mais Byzance s’en débarrasse par des présents. Le prince de Kiev, Vladimir Ier, épouse une princesse byzantine et fait baptiser son peuple en 988-89.


Les Bulgares

En 864-65, le souverain bulgare Boris se fait baptiser par un évêque grec et prend le nom de Michel. Après avoir balancé quelques années entre Rome et Byzance, il confie finalement au clergé grec le soin d’organiser l’Église bulgare et d’évangéliser son peuple. Son fils Siméon Ier (893-927) sera l’adversaire acharné de Byzance. Il envahit le territoire impérial en 894 et bat les armées byzantines en 896. Byzance conclut la paix et s’engage à lui payer le tribut. La guerre recommence en 913 : en août, Siméon paraît sous les murs de la capitale, réclamant la couronne des basileis. Le gouvernement capitule, mais se rétracte sitôt le tsar parti. Durant dix ans, Siméon parcourt la péninsule des Balkans, bousculant toutes les armées qu’on lui oppose. En 924, il assiège de nouveau la capitale, mais toujours sans succès. Sa mort en 927 met fin au conflit. Son fils Pierre Ier (927-969) fait aussitôt la paix.

La Bulgarie, tombée en 968 au pouvoir du prince russe Sviatoslav, est attaquée par Jean Tzimiskès : les Russes en sont chassés en 971 et le pays est incorporé à l’Empire. Mais, quinze ans plus tard, toute la péninsule balkanique se soulève contre l’autorité byzantine : le tsar Samuel y fonde un puissant empire, que Basile II mettra quelque trente ans à réduire. L’empereur mène la lutte avec une énergie farouche qui lui vaut le surnom de « Bulgaroctone », ou Tueur de Bulgares.


L’œuvre législative

L’empereur Basile Ier entreprend de rajeunir l’œuvre législative de Justinien, mais ne peut publier que deux ouvrages préparatoires, le Prokheiron, un manuel pratique de droit ne contenant que les prescriptions essentielles, et l’Epanagôgê, une introduction au vaste recueil de lois projeté. Celui-ci sera le grand œuvre de Léon VI le Sage : les Basiliques, un recueil monumental des lois impériales groupées en 60 livres, eux-mêmes distribués en 6 tomes. Le tout fut complété par 113 édits du même empereur. Sous son règne furent également rédigés le Livre du Préfet, où sont énumérés les corporations des négociants et des artisans de la capitale et les règlements auxquels elles étaient soumises, et le Klétorologion de Philothée, qui nous fournit la liste hiérarchique des fonctionnaires vers 900.


La décadence

Dès la mort de Basile II percent les signes de la désagrégation : l’autorité impériale s’affaiblit, le parti des grands propriétaires fonciers relève la tête, et la conquête du pouvoir revêt l’aspect d’une lutte serrée entre la noblesse civile de la capitale et la noblesse militaire des provinces.

Constantin VIII (1025-1028) se désintéresse des affaires de l’État. Zoé, sa fille, déjà quinquagénaire, honore du diadème impérial ses trois époux : Romain III Argyre (1028-1034), dont la politique agraire favorise les latifundiaires au détriment des petits paysans ; Michel IV (1034-1041), souverain capable et brave soldat, mais les impairs de son ministre et frère Jean l’Orphanotrophe provoquent un vif mécontentement populaire et le soulèvement des Bulgares ; enfin Constantin IX Monomaque (1042-1055), empereur insignifiant dont le règne est marqué par le relâchement de l’administration provinciale, la consolidation des puissances féodales, l’affaiblissement de l’armée, où le mercenariat tend à supplanter le recrutement indigène, les insurrections de Georges Maniakês (1043) et de Léon Tornikios (1047), l’apparition d’ennemis nouveaux (Turcs Seldjoukides en Orient, Normands, Petchenègues, Oghouz et Coumans en Occident) et enfin le schisme de 1054, qui sanctionne l’antagonisme historique entre Rome et Byzance. Avec Théodora (1055-1056), la dernière fille de Constantin VIII, s’éteint la glorieuse lignée des Macédoniens.