Busoni (Ferruccio) (suite)
Busoni subit tout d’abord la double influence de Brahms et de Liszt, qui marque la première partie de sa production, couronnée par le monumental Concerto pour piano et orchestre avec chœur d’hommes conclusif (op. 39, 1904), d’inspiration à la fois italienne et allemande. Il conserva sa vie durant un culte pour Bach, dont il opéra d’innombrables transcriptions (les célèbres Bach-Busoni), mais auquel il rendit aussi un hommage dans sa Fantasia contrappuntistica (1910), essai d’achèvement de l’Art de la fugue, qui ne connut pas moins de six versions. Épris de nouveauté, il exprima des vues audacieuses et prophétiques dans son Essai d’une nouvelle esthétique musicale, qui fit sensation et déclencha des polémiques. Dans de brèves mais saisissantes compositions pianistiques (Sonatina seconda, 1912) ou orchestrales (Berceuse élégiaque, 1909 ; Nocturne symphonique, 1912), il s’affirma comme un pionnier de l’atonalité. Mais son sens latin de la clarté et de la mesure l’amena à prôner, surtout à la fin de sa vie, un « nouveau classicisme », dont les maîtres à penser étaient aussi bien Mozart que le Verdi de Falstaff (dont l’influence est nette dans l’opéra Arlecchino), tendance annonçant celle de toute la musique européenne de l’entre-deux-guerres. Le Doktor Faust demeure l’expression la plus complète, à la fois hautaine et bouleversante, de cette personnalité complexe. Cet opéra doit sa puissance d’émotion à son caractère très certainement autobiographique. Busoni ne s’inspira nullement de Goethe, mais du jeu de marionnettes du xvie s., qui est à l’origine de tous les autres Faust. Doué d’un très grand talent littéraire, Busoni, outre les livrets de ses quatre opéras (en allemand), laisse un grand nombre d’essais et d’études d’un intérêt capital.
Les œuvres principales de Busoni
Opéras : Die Brautwahl (1908-1910 ; 1re représentation en 1912), Turandot (1917), Arlecchino (1914-1916 ; 1re représentation en 1917), Doktor Faust (1916-1924 ; représenté en 1925).
Orchestre : Concerto pour violon (1897), Concerto pour piano avec chœur d’hommes (1904), Turandot (suite symphonique, 1904), Berceuse élégiaque (1909), Nocturne symphonique (1912), Fantaisie indienne pour piano et orchestre (1915), Rondo Arlecchinesco (1916), Sarabande et cortège (de Faust) [1919].
Musique de chambre : 2 quatuors, 2 sonates pour violon et piano.
Mélodies : 5 lieder d’après Goethe (1918-1924).
Piano : Élégies (1907-1908), 6 sonatines (1910-1920), Fantasia contrappuntistica (1910-1922), Indianisches Tagebuch (1915), Toccata (1921), Klavierübung (1923).
H. H.
F. Busoni, Entwurf einer neuen Ästhetik der Tonkunst (Leipzig, 1907). / E. J. Dent, Ferruccio Busoni, a Biography (Londres, 1933). / E. Debusmann, Ferruccio Busoni (Wiesbaden, 1949). / H. H. Stuckenschmidt, Ferruccio Busoni (Zurich, 1967).