Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Burroughs (William) (suite)

Sous ces provocations anarchistes, Burroughs semble avoir une conscience aiguë de la nécessité de préserver, contre l’abrutissement et le conformisme des moyens d’information de masse, une certaine vigilance surréaliste. Il a aussi une grande intelligence du drame actuel de la littérature : comme la peinture à l’époque de la photographie, la littérature à l’âge de l’audio-visuel ne peut, selon lui, relever le défi qu’en affirmant l’autonomie du langage par rapport aux choses. Sur ce point, il rejoint à sa manière bien d’autres théoriciens. Les provocations littéraires de William Burroughs sont un symptôme extrême de la crise actuelle. Mais elles militent aussi pour une survie de la littérature et de la liberté de conscience individuelle à l’âge des mass media et de l’électronique.

J. C.

 Burroughs (L’Herne, 1967). / D. Odier, Entretiens avec Burroughs (Belfond, 1969).

Burundi

État de l’Afrique centrale ; 28 000 km2 ; 3 600 000 hab. Capit. Bujumbura (anc. Usumbura).



La géographie

Le Burundi est situé dans la zone des grands fossés africains, au relief très contrasté. L’altitude y est presque partout supérieure à 1 000 m, expliquant un climat relativement tempéré à une latitude presque équatoriale. À l’ouest du pays s’allonge un fossé d’effondrement, remblayé au nord (plaine de l’Imbo, de 800 à 1 000 m), occupé au sud par le lac Tanganyika (profond de 1 400 m). Ce bassin encaissé est assez chaud et sec : Bujumbura reçoit seulement 840 mm de pluies par an, et la saison sèche dure de mai à septembre. Cette zone basse est dominée par une chaîne qui atteint 2 670 m au mont Heba et sépare les bassins du Congo et du Nil. Le versant est s’abaisse lentement jusqu’à 1 500 m, en plateaux étagés, irréguliers, accidentés par des lignes de crêtes et les vallées des rivières coulant vers le nord-est. Les plateaux s’interrompent au-dessus de régions déprimées, lacustres ou marécageuses : Bugesera au nord-est, Kumoso au sud-est (1 200-1 400 m). Abondantes sur les hauteurs, les précipitations diminuent avec l’altitude et n’atteignent pas 1 100 mm dans la vallée de la Malagarasi. La végétation forestière, qui associe feuillus et conifères, a reculé sous l’action du défrichage et du surpâturage, et ne subsiste que sur les plus hautes terres. L’herbe domine : prairies d’altitude, savanes boisées ; mais on trouve aussi des bambous et surtout des plantations d’eucalyptus.

Le Burundi est très densément peuplé. La population se partage entre les Hutus* (85 p. 100) et les Tutsis (14 p. 100). La concentration est forte dans le centre et le nord des plateaux, où la densité peut dépasser 200 habitants au kilomètre carré ; des migrations internes s’observent vers les dépressions périphériques moins peuplées (de 50 à 100 hab. au km2) et vers la capitale, Bujumbura, où se pressent environ 100 000 personnes.

La population rurale est très dispersée : chaque famille s’isole au milieu de ses parcelles cultivées, dans un « rugo » entouré de haies et comprenant plusieurs cases rondes ou rectangulaires. Les paysages sont ainsi fortement humanisés. Les possibilités agricoles varient surtout avec l’altitude. Les plaines de l’Imbo se prêtent à la fois aux cultures vivrières (manioc, sorgho, maïs, haricots, riz) et à celles du coton et du café ; mais elles doivent être à la fois drainées et irriguées : c’est une zone de conquête pionnière. Au sud et à l’est du Burundi, les zones d’altitude moyenne (1 000-1 500 m) sont aptes aussi aux cultures vivrières, tandis que la présence des glossines entrave le développement de l’élevage. Le coton et le tabac pourraient y prospérer. Au-dessus de 1 500 m, le pays est en général très cultivé ; les collines se couvrent de champs de haricots, de maïs, de sorgho et de patates douces, ainsi que de bananeraies. C’est aussi le domaine des petites plantations de café. Plus haut encore règne l’élevage, mais la fraîcheur des températures autorise les cultures du blé, des légumes et des pommes de terre. Le thé y est une spéculation d’avenir.

Les techniques agricoles et pastorales, restées élémentaires, ne permettent guère de dépasser le stade de l’autosubsistance. La commercialisation sur les marchés intérieurs et extérieurs porte donc sur de faibles quantités (en 1968, 16 500 t de café, 4 000 t de coton, un peu de thé). On compte 550 000 bovins, dont l’élevage est associé largement à l’agriculture et dont le lait est une boisson quotidienne, comme celui des 400 000 caprins. Sur le lac Tanganyika, la pêche est active ; elle se pratique surtout la nuit, à l’aide de lampes qui attirent les poissons, dont 13 000 t sont capturées par an.

La production minière est modeste : 525 t de bastnaésite, 100 t de cassitérite (étain), 10 kg d’or. La prospection se poursuit. Les hydrocarbures et l’électricité doivent être en grande partie importés. L’industrialisation est peu développée : fabrication de boissons, production de chaussures, confection de couvertures et de vêtements, travail des métaux, préparation de peintures. Usines et ateliers se groupent à Bujumbura ; ils souffrent de l’étroitesse du marché, liée au faible pouvoir d’achat.

Le réseau routier est bien développé. Une double convergence se dessine : autour de la capitale et autour de Gitega (ou Kitega), au cœur du pays. Les transports lacustres sont actifs : le port de Bujumbura a un trafic annuel variant entre 100 000 et 150 000 t. Enclavé, le Burundi assure ses liaisons extérieures grâce à un aéroport international (Gitega) et, pour l’essentiel, par l’intermédiaire des chemins de fer tanzaniens, puis du port de Dar es-Salaam, voie longue et coûteuse. N’ayant pu encore développer ses ventes, obligé d’importer énergie, biens d’équipement, produits alimentaires, il a une balance commerciale déficitaire. Une aide étrangère tente de réduire les obstacles auxquels il se heurte.

P. V.