Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Burgos

V. d’Espagne, en Vieille-Castille, ch.-l. de province ; 120 000 hab.


Capitale de la Castille de 1037 à 1492, ville où naquit en 1026 Rodrigo Ruy Díaz de Vivar, le Cid, elle est une importante cité d’art.

Face à Tolède, juive et mudéjare, Burgos représente l’ouverture de la Castille à l’Europe. Non qu’il n’y ait jamais eu conflit au sujet du choix entre les deux orientations possibles, l’orientale et l’occidentale. Une fois, au moins, on perçoit une hésitation : à Las Huelgas, le puissant monastère de femmes fondé par Alphonse VIII, où l’église et la salle capitulaire appartiennent à l’art cistercien, alors qu’on trouve une expression très pure de l’art almohade dans la chapelle de l’Assomption, ancien oratoire du palais royal voisin. Mais, dans l’ensemble, l’option se fit en faveur de l’Occident.

Le style gothique, dans sa modalité française, pénétra à Burgos avec la reconstruction de la cathédrale Santa María, entreprise à partir de 1221 par l’évêque Mauricio. Diverses particularités du plan ainsi que le dessin du triforium furent empruntés aux cathédrales de Bourges et de Coutances. Surtout, cette entreprise donna naissance à une école de sculpture qui se révéla comme la plus importante de la péninsule Ibérique au xiiie s. Il semble que les premiers maîtres vinrent d’Amiens, et on leur attribue le portail méridional du transept, dit « du Sarmental ». Mais, au fur et à mesure des progrès de la construction, une hispanisation s’opéra, dans le sens d’un style fait tout à la fois de dignité et de bonhomie.

L’aspect de la cathédrale fut profondément modifié au cours d’une nouvelle période d’activité, qui commença avec la seconde moitié du xve s. et se développa d’abord sous le signe de l’art flamboyant. Des architectes d’origine rhénane, les Colonia, élevèrent les flèches ajourées des tours de la façade, ainsi que diverses chapelles, dont la plus majestueuse est celle du connétable Pedro Hernández de Velasco. Dans ce somptueux édifice se manifestent déjà la richesse et la fantaisie du « style Isabelle », dernière version hispanique de l’art du Moyen Âge.

Juan de Colonia († 1481) et son fils Simón († début du xvie s.), les premiers de cette dynastie d’architectes, édifièrent la chartreuse de Miraflores, où reposent le roi Jean II et son épouse. L’intérêt du monument réside moins dans son architecture très sobre que dans un ensemble prestigieux de sculptures commandées par la reine Isabelle en l’honneur de ses parents et exécutées dans le style qui porte justement son nom. Le retable du maître-autel, les tombeaux royaux et l’enfeu où prie l’infant Alonso furent réalisés par un atelier dirigé par Gil de Siloé*. Cet artiste, d’origine anversoise, utilisa encore la formule de l’enfeu à statue orante pour le tombeau de Jean de Padilla, le page de la reine, mort en 1491 pendant la guerre de Grenade (aujourd’hui au musée provincial de Burgos).

Durant la première moitié du xvie s., on passa insensiblement des splendeurs gothiques aux charmes de la Renaissance, par l’incorporation d’éléments décoratifs d’origine italienne à des structures encore médiévales : ainsi à l’étonnant cimborio de la cathédrale, reconstruit après 1539 par Juan de Vallejo.

L’école de sculpture de Burgos brilla alors d’un dernier éclat. Si Francisco de Colonia exécuta dans l’esprit gothique le retable de l’église San Nicolás, le Langrois Philippe Biguerny (Felipe Vigarny) se montra beaucoup plus attentif aux leçons italiennes. Surtout, l’époque vit s’affirmer le génie d’un grand maître de l’art espagnol, Diego de Siloé* (v. 1495-1563), fils de Gil, architecte et sculpteur. Il construisit l’Escalera dorada de la cathédrale et poursuivit sa carrière à Grenade.

M. D.

 J. A. Gaya Nuño, Burgos (Barcelona, 1949).

burlesque

Nom donné à une forme particulière d’expression littéraire ou artistique.



Définition provisoire

Le mot vient de l’italien et ne s’est introduit en France qu’à la fin du xvie s. On le trouve chez d’Aubigné (Vie), à propos d’un mot assez cruel de l’auteur, et dans l’Avis au lecteur de la deuxième édition (1594) de la Satire Ménippée pour caractériser, assez vaguement, des discours comiques. Au moment de sa plus grande vogue en France, vers 1640, Sarasin s’est vanté d’avoir, le premier en France, employé le mot (dans un sens littéraire précis), sans que son assertion paraisse prouvée. Un peu auparavant, d’ailleurs, l’on avait dit grotesque, autre terme à l’italienne : ainsi Saint-Amant en 1637 (Préface du Passage de Gibraltar), à propos de ballets, le poème lui-même étant intitulé Caprice héroï-comique. Il est à noter que caprice fait partie, à cette époque, du même champ sémantique que grotesque et burlesque.

Les définitions du genre en question sont nombreuses et difficilement compatibles, qu’elles remontent au xviie s. ou aient été formulées aux xixe et xxe s. Les uns n’y ont vu que de la vulgarité (à laquelle, il est vrai, Boileau joignait, au chant premier de l’Art poétique, l’« extravagance aisée »). Certains l’assimilent à la parodie, notamment à la parodie anachronique, ce qui est le restreindre arbitrairement. D’autres (Fournel, suivi par West) ont essayé de classer parodie, satire, genre bouffon et burlesque, ce dernier n’ayant pas un fond sérieux comme la première ni trivial comme le troisième et présentant un aspect plus gratuit que la deuxième. D’autres encore ont cherché à situer le genre par rapport à la préciosité, pour la France au xviie s., certes, mais la définition (par exemple chez Lanson [Rev. hist. litt. fr., 1896] : « La forme plaisante du précieux ») pourrait être élargie à d’autres littératures si elle était valable ; il semble, cependant, qu’elle soit à la fois trop absolue et trop vague. De même si l’on disait aujourd’hui que ce fut (dans sa forme la plus nette) le genre de comique approprié à la période baroque.