brouillard (suite)
Classification
Brouillard de rayonnement
Ce brouillard résulte du contact d’un air relativement chaud et humide avec un sol froid. C’est dans la mesure où le sol froid impose l’abaissement des températures à l’air contigu que ce dernier se sature et que sa vapeur se condense en fines gouttelettes. Or, le sol se refroidit habituellement par rayonnement (nocturne), ce qui donne naissance à une inversion basse (fig. 1). Le brouillard de rayonnement est donc lié à une inversion thermique basse, découlant elle-même du refroidissement radiatif. L’inversion postule un air calme (toute turbulence la supprime). C’est de nuit (intensité maximale du rayonnement générateur de perte de chaleur), par ciel clair (l’écran nuageux nuirait au rayonnement en imposant un effet de serre) et sous condition anticyclonique (qui élimine les nuages et impose le calme atmosphérique) que l’on rencontre surtout les brouillards de rayonnement.
L’épaisseur de la couche nébuleuse est maximale au moment où la température du sol est la plus basse. C’est ce qui se produit peu après l’effacement de la nuit (une demi-heure au-delà du lever du soleil). En effet, à l’instant précis où l’énergie solaire apportée égale celle que perd le sol, se place la température minimale de ce dernier, ce qui aggrave momentanément l’inversion, d’autant que l’air au-dessus de la couche de brouillard se réchauffe résolument (apport solaire direct) [fig. 2]. Ensuite, la température du sol remonte ; d’où la chaleur propagée depuis ce bas niveau. Il s’ensuit l’effacement du brouillard par la base (« il se lève ») et son amincissement progressif (fig. 3) jusqu’à disparition. Cette évolution permet de comprendre la persistance éventuelle du brouillard de rayonnement pendant plusieurs jours. On conçoit, les conditions anticycloniques demeurant, que le « stratus bas » aggrave le froid au sol (écran à la progression des rayons solaires), tandis que les températures s’accroîtront au-dessus de la couche opaque ; d’où consolidation de l’inversion. Pour que celle-ci disparaisse, et avec elle le brouillard, il faudra un changement de temps (arrivée d’une turbulence dépressionnaire). Les brouillards de rayonnement sont confinés sur les surfaces terrestres, car l’eau ne subit pas des variations thermiques permettant un refroidissement nocturne suffisant de l’air situé à son contact (impossibilité par là d’atteindre le seuil de saturation pour cet air, c’est-à-dire encore son point de rosée). Ces brouillards se rencontrent (aux latitudes tempérées) surtout en automne et en hiver, principalement dans les fonds de vallée.
Brouillard d’advection
Il résulte d’un déplacement horizontal de l’air (mouvement advectif). Il s’agit normalement d’un air chaud et humide qui parvient sur une surface plus froide. Au contact de cette dernière, l’air en mouvement subit la saturation. À partir de là, sa vapeur d’eau se condense. Le brouillard d’advection n’est pas soumis à l’alternance diurne (jour-nuit) des températures ; par ailleurs, il peut se présenter indifféremment sur terre et sur mer. On le rencontre sur terre lorsque de l’air marin chaud arrive sur le sol hivernal (et nocturne) refroidi. Il est sur mer quand de l’air terrestre chaud aboutit à une mer froide (cas du pourtour des îles Britanniques au printemps et en début d’été) et aussi quand de l’air marin chaud passe sur un courant froid : brouillards au-dessus des courants froids de Californie, de Humboldt, des Canaries, du Labrador. Dans ce dernier exemple, c’est une masse d’air réchauffée sur le Gulf Stream qui arrive sur le substratum maritime froid imposé par le courant d’origine polaire.
Brouillards « de mélange » et « de vapeur » peuvent être également classés dans le type advectif. Les brouillards de mélange résultent du mixage d’air chaud et quasi saturé avec de l’air plus froid (passage d’un « front chaud » où l’air chaud arrive au contact d’un air plus froid préfrontal). Quant aux brouillards de vapeur, ils se produisent lorsqu’un air froid passe au-dessus d’une eau plus chaude.
Le brouillard et l’homme
Par l’absence de visibilité qu’il impose, le brouillard rend difficile la circulation (aérodromes, routes, voies ferrées, etc.). Il est susceptible de créer chez l’homme des malaises, voire d’occasionner la mort, s’il s’accompagne de températures élevées. Surtout, il représente un phénomène favorable à la concentration des germes pathogènes, des gaz rares comme le radon (émanation radioactive depuis le sol) et à l’accumulation des déchets divers d’origine industrielle et domestique. Le « smog » britannique (de smoke, fumée, et fog, brouillard) en est une saisissante illustration. Par les fumées et les gaz toxiques qu’il contient, il tue bêtes et gens. Le problème de l’élimination du brouillard est un problème délicat qui n’a pas encore reçu de solution satisfaisante.
P. P.