Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bronze (âge du) (suite)

Les groupes campaniformes

Les groupes campaniformes sont ainsi dénommés d’après leurs poteries à profil en S, en forme de cloche renversée (« beakers » anglais, « Glockenbecher » allemands, parfois caliciformes français). Ces poteries sont décorées, à la cordelette, au peigne ou à la molette, de bandes horizontales. Un type paneuropéen voit ainsi se généraliser un style où les bandeaux sont décorés de lignes obliques alternées. Les pâtes des céramiques sont belles, très fines et bien cuites. À côté des gobelets, on utilise des écuelles carénées et, localement, des bols à plusieurs pieds (polypodes). L’armement comprend de petits poignards à soie en cuivre, de courtes javelines en cuivre (type de Palmela, Portugal), des pointes de flèches en silex à ailerons et à pédoncule central. Le campaniforme est largement répandu en Europe dans les dolmens (Espagne, Portugal, Bretagne), les allées couvertes (Bretagne, midi de la France), les sépultures individuelles (Bohême, Angleterre), les grottes hypogées (Sardaigne) ou les habitats de tout type. Il atteint même l’Afrique du Nord. Les centres les plus anciens se trouveraient dans la péninsule Ibérique (Los Millares, près d’Almería) et en Bohême. Suivant E. Sangmeister, un premier courant campaniforme maritime se serait diffusé du Portugal vers l’Europe atlantique. Des contacts, sensibles par l’apparition de poteries hybrides, se seraient produits en Allemagne avec les groupes cordés. Enfin, un mouvement de reflux aurait amené les vagues campaniformes vers le sud de l’Allemagne, les côtes atlantiques de nouveau et les régions méditerranéennes (Midi, Sardaigne). Les mouvements humains révélés par la diffusion de la poterie campaniforme ont dû accroître la connaissance du métal en Europe vers 2000-1800.


La civilisation de Remedello

La civilisation de Remedello se développe en Italie du Nord au début du IIe millénaire. Localisée au sud du col de Brenner, qui permet de relier l’Europe centrale à la Méditerranée, elle entretient des contacts variés tant avec le monde égéen qu’avec les groupes européens, et notamment le groupe campaniforme. Les deux nécropoles de Remedello Sotto, près de Brescia, groupaient près de cent vingt tombes. Celles-ci sont de simples fosses où reposent les squelettes couchés sur le côté, jambes repliées et le poignard en cuivre à la main. Le cuivre est également utilisé pour la fabrication de haches plates, mais l’outillage reste encore en grande partie à base de silex ou de roche dure. À côté des importations de céramiques comme le campaniforme, les formes locales réunissent des vases carénés ou tronconiques, des tasses à anses décorées de simples boutons ou de dépressions sous la panse. Parmi les bijoux nouveaux se détachent de petites épingles en argent, en forme de béquille. La civilisation de Remedello se prolongera au bronze ancien.


Les grands centres du bronze ancien


La civilisation d’Únĕtice

La civilisation d’Únĕtice, du nom d’un cimetière situé au sud de Prague, va devenir, grâce à ses contacts commerciaux et ses ressources naturelles en minerais (cuivre de Slovaquie, étain de Bohême, or de Transylvanie), l’un des premiers centres de l’âge du bronze européen : son influence et les cultures qui en dérivent couvrent pratiquement toute l’Europe centrale. Ses origines mêlent au vieux fond néolithique danubien les influences cordées, campaniformes et égéennes. À la phase ancienne, le métal est rare, et les activités agricoles dominent encore la vie économique. Mais, peu à peu, les contacts avec les bronziers étrangers vont se multiplier ; on trouve en effet les fameux torques et les épingles en massue de type libanais ou syrien et même quelques perles en pâte vitreuse verte (faïence) importées d’Égypte. Alênes, haches en cuivre, petites spirales en or commencent à être fabriquées localement. Le type de sépulture est individuel. Les petits villages montrent des cabanes du grand modèle danubien rectangulaire (de 5 à 10 m de long). Mais il existe de petites huttes creusées partiellement dans le sol, comportant des banquettes et foyers aménagés. La poterie comprend tout d’abord des vases polypodes, des cruches à anses dérivées de modèles campaniformes moraves. Un type original va se répandre : c’est une petite tasse à carène très surbaissée, munie d’une petite anse également placée très bas. La décoration par incision reste très sobre. La bijouterie livre des croissants et des pendeloques spiralées en or ou en cuivre. Les épingles vont vite se diversifier : à tête en anneau simple ou trilobé, « uneticiennes » munies d’un petit disque avec une boucle, à béquille, en massue, etc. Aux premières haches plates succèdent des haches munies de rebords. Le poignard uneticien est à lame triangulaire décorée de filets parallèles. La prospérité métallurgique se traduit par la présence de dépôts de bronze groupant des hallebardes, des haches et des poignards, mais aussi par l’apparition de quelques tumulus « princiers » : les plus célèbres sont ceux de Saxe-Thuringe, avec leurs maisons mortuaires en bois, sans doute à l’image des habitations contemporaines. De nombreux groupes dérivent d’Únĕtice.


Le groupe de Straubing

Le groupe de Straubing, en basse Bavière, comprend une vingtaine de tombes avec un mobilier dérivé de l’uneticien. Mais il est particulièrement intéressant par ses dépôts de bronze qui groupent des bracelets en spirales analogues aux fameux colliers birmans des femmes-girafes. Des lingots de cuivre en forme de barres légèrement recourbées sont également stockés en grande quantité (plus de 500 à Munich).


Le groupe d’Adlerberg

Le groupe d’Adlerberg, au sud de Worms, plus ancien que le précédent, dérive du groupe campaniforme de la vallée du Rhin. Alênes en cuivre et petits poignards sont parcimonieusement déposés dans les tombes ; les inhumations sont individuelles. On importe des coquillages de la Méditerranée (Colombella rustica) pour la parure.


La civilisation d’El Argar