Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Bretagne (suite)

Géographie


Le milieu

La Bretagne se présente comme un plateau entaillé de vallées peu profondes, aux versants abrupts. L’altitude moyenne est faible (104 m). Le point culminant est atteint aux monts d’Arrée, avec 384 m. L’horizontalité, trait dominant du paysage, s’explique par l’histoire du relief. À la fin de l’ère primaire, l’orogenèse hercynienne fit surgir de moyennes montagnes et fut suivie par une longue phase de pénéplanation (Secondaire et début du Tertiaire). Des mouvements divers, une surrection de la pénéplaine à l’époque alpine ont provoqué une complexité morphologique. La reprise de l’érosion s’est traduite par l’encaissement des vallées. L’érosion différentielle a déblayé les schistes tendres, formant des dépressions, creusant des bassins, et mis en saillie les roches dures. L’histoire géologique permet de comprendre l’ordonnancement du relief. Une ceinture de plateaux sillonnés par des vallées étroites et encaissées borde le littoral au nord et au sud : plateaux granitiques basculés vers la mer à l’ouest (Léon, Trégorrois, Cornouaille), plus confus et plus heurtés à l’est. À l’intérieur, un anticlinorium constitue les monts d’Arrée (crête de quartzites) ; la Montagne Noire correspond au flanc d’un anticlinal, formant une double crête de grès et de quartzites. Ces deux alignements de hauteurs encadrent une dépression schisteuse, ancienne zone de subsidence surélevée, le « bassin » de Châteaulin. Le Méné, au nord, les Landes de Lanvaux et le sillon de Bretagne, au sud, forment les prolongements orientaux de ces alignements. Au centre, un ensemble de hauteurs compactes et accidentées constitue le plateau de Rohan. À l’est enfin, les plateaux de la Vilaine, coupés par des cluses, et les collines de Bécherel délimitent un vaste bassin creusé dans les schistes briovériens, le bassin de Rennes. Si l’ensemble donne l’impression d’une grande simplicité, une variété d’accidents a entraîné un cloisonnement peu propice aux échanges et communications.

La décomposition des roches gréseuses, granitiques et schisteuses a engendré des sols très diversifiés, propres à la polyculture. Les schistes carbonifères ont formé de bonnes terres de labour (bassins de Rennes et de Châteaulin). Des limons très fertiles ont recouvert de façon inégale quelques secteurs des plateaux septentrionaux. Les sols podzoliques (sur grès et quartzites), perméables, ont formé des terres ingrates couvertes de landes. La décomposition des roches granitoïdiques a donné des sols variés de sables, d’argiles.

Le climat breton est un climat océanique tempéré aux hivers doux et aux étés tièdes. Trois éléments essentiels le caractérisent. D’abord, la médiocrité des variations thermiques : l’amplitude annuelle n’est que de 7 °C à Brest et reste inférieure à 9 °C à Rennes. Les jours de gelée sont rares à Brest, et le littoral de Saint-Malo à Quimper forme une frange privilégiée avec moins de 15 jours de gelée par an. Ensuite, l’abondance de l’humidité : s’il pleut moins à Roscoff (760 mm) qu’à Bordeaux, moins à Rennes (728 mm) qu’à Nice, il s’agit d’une humidité persistante de l’atmosphère, l’air étant très souvent saturé. L’hiver est propice aux brouillards. Le bimestre juin-juillet accuse une nette déficience en eau, qu’on ne peut toutefois assimiler à une véritable sécheresse. Enfin s’y ajoutent la « turbulence de l’air et la fréquence des vents ». Les vents d’ouest dominent. Le suroît apporte de fines pluies persistantes en automne, le noroît, des tempêtes soudaines en hiver, bien que parfois remplacé par un vent d’est sec et piquant.

La répartition des précipitations annuelles met en évidence d’importantes nuances locales. Pour les stations côtières, août est le mois le plus chaud, février le mois le plus froid, alors qu’à Rennes ce sont les mois de juillet et janvier (nuance continentale). L’opposition entre le littoral nord et le littoral sud (plus chaud) est surtout sensible en été. L’influence du relief (monts d’Arrée) explique l’existence de régions intérieures pluvieuses. D’ouest en est se fait sentir un refroidissement plus important (40 jours de gelée par an à Rennes) et un amenuisement progressif des précipitations. L’océan Atlantique reste le facteur essentiel du climat. Il apporte pluies et vents et régularise les températures.


Les régions

Sa situation péninsulaire, ses caractéristiques naturelles donnent à la Bretagne une unité certaine. Les distinctions viennent de la présence de la mer. La côte nord, où les falaises dominent (72 m au cap Fréhel), a vu ses activités proprement maritimes disparaître. De l’estuaire du Couesnon aux abers du Léon se succèdent baies et caps, souvent précédés d’écueils et d’îles. La côte est coupée de rias sinueuses remontées très loin par la mer (le Trieux). La grande pêche a complètement disparu. Seule une pêche côtière (marée fraîche et crustacés) à laquelle s’ajoutent l’ostréiculture (Cancale) et la récolte du maërl et des algues anime de modestes ports. Toutefois, la présence de la mer domine les deux activités essentielles, l’agriculture et le tourisme. La culture des primeurs a trouvé là des conditions particulièrement favorables : douceur des hivers, sols limoneux, engrais marins. La zone légumière n’est pas continue. Elle forme de petits secteurs spécialisés : pommes de terre dans le pays malouin, oignons dans la région de Saint-Brieuc, artichauts, choux-fleurs dans le Léon, région la plus dynamique. Il s’agit très souvent d’une exploitation intensive de type familial. Le tourisme balnéaire anime de nombreuses stations, mondaines parfois (Dinard), mais plus souvent familiales. Ce pays est densément peuplé, atteignant parfois 200 habitants au kilomètre carré dans les zones légumières. Les villes sont nombreuses mais peu importantes : villes d’estuaire (Morlaix, Dinan), villes épiscopales (Dol, Tréguier). Saint-Malo reconstruite ne retrouve ses activités portuaires que très lentement. Quelques centres ont vu leurs fonctions commerciales et administratives s’enrichir d’implantations industrielles : Saint-Brieuc, Lannion et surtout Brest.