Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brest (suite)

Les activités portuaires

Brest, base navale de l’Atlantique, a vu sa traditionnelle fonction militaire se développer récemment ; 32 000 hommes, sur les 69 000 qui constituent l’effectif national embarqué ou à terre, sont rattachés à cette IIe région maritime. En 1929, 37 000 personnes vivaient de la marine de guerre (13 000 marins, 4 500 ouvriers de l’arsenal, 6 000 retraités de la marine). Aujourd’hui, l’arsenal emploie 8 500 ouvriers et techniciens en dehors du personnel militaire. La ville possède des chantiers navals, une base sous-marine, une centrale thermique et un arsenal, auxquels on peut rattacher l’École navale et la base de sous-marins nucléaires situées la première à Lanveoc-Poulmic, la seconde à l’île Longue. La prépondérance de cette activité militaire a profondément marqué la physionomie de la ville.

Port militaire, mais aussi port de commerce, Brest offre de nombreuses installations : cinq bassins avec plus de 2 km de quais, deux formes de radoub dont une pour les navires de plus de 200 000 t, 9 ha de terre-pleins, 2 ha d’entrepôts, une station de soutage, de dégazage pour pétroliers, auxquels s’ajoute une zone industrielle portuaire de 51 ha gagnés sur la mer. Cependant, privé d’arrière-pays, le port de commerce a une zone d’attraction et d’influence limitée approximativement au département. Les fluctuations du trafic de marchandises de 1946 à 1956 reflètent les réductions des importations charbonnières. Les importations, qui représentent 80 p. 100 du trafic, sont constituées par des combustibles (houille et pétrole), des produits alimentaires (céréales et vins), des engrais et des matériaux de construction (bois). Les exportations sont réduites aux légumes et fruits et aux produits de redistribution le long de la côte et dans les îles. Brest joue, en effet, un rôle important de redistributeur par terre et par mer d’un grand nombre de produits : houille, engrais, produits chimiques, produits alimentaires (surtout vin). Son rayon d’action varie de 60 à 150 km.

Des chantiers de réparation de navires, des usines d’engrais, de ciment, d’agglomérés de houille sont nés de ces activités portuaires. Le vaste plan d’eau qu’offre la rade a permis l’installation d’un port de plaisance (Moulin-Blanc).


Les transformations récentes

L’achèvement de la reconstruction, le déclin de la marine de guerre sont pour Brest des préoccupations majeures, en raison de l’importance qu’elles ont prise dans les structures d’emploi. En 1956, sur une population active de 36 860 personnes, le bâtiment en employait 16 p. 100, l’arsenal 27 p. 100, les services publics et la marine 20 p. 100. Une évolution axée essentiellement sur une fonction militaire, un ralentissement de l’industrie du bâtiment libérant quelque 4 000 ouvriers, un rôle commercial trop limité, un manque d’industries de transformation, telles étaient les caractéristiques d’un déséquilibre économique et social. Le gouvernement fut amené à reconnaître l’agglomération brestoise comme « zone critique » par un arrêté interministériel (janv. 1956). Les demandes d’emploi non satisfaites augmentèrent encore. L’acuité du problème devint telle qu’un nouvel arrêté ministériel (en 1961) la déclarait « zone spéciale », lui donnant ainsi la possibilité d’accueillir des industries de transformation, grandes utilisatrices de main-d’œuvre. En 1965, trois zones industrielles totalisaient 168 ha, dont 118 occupés. De nombreuses moyennes et petites entreprises étaient installées sur la zone industrielle de Kergonan, la C. S. F. sur celle de Kersteria (1 200 salariés) et une autre sur la zone industrielle portuaire, totalisant ainsi 2 500 nouveaux emplois. La majorité des emplois nouveaux concerne l’électronique, l’électricité, le matériel magnétique, la mécanique de précision. Un millier d’emplois féminins ont été créés grâce à l’industrie de l’habillement (bonneterie et confection). Une cadence de création, bien loin d’être atteinte, de 1 000 emplois annuels paraît nécessaire en raison de l’accroissement de la population (progression démographique de 4 000 unités par an environ).

Les implantations scolaires et universitaires tendent à prendre une place de plus en plus importante. En 1963, les effectifs scolaires représentaient le tiers de la population (45 000). On peut distinguer deux secteurs : le complexe universitaire du plateau de Bouguen, au nord de l’agglomération, et le groupe scolaire de Kérichen, à l’est, qui comprend des écoles maternelles et primaires, trois lycées, une école d’ingénieurs. L’ensemble représente plus de 12 000 élèves et étudiants. Le Centre national d’exploitation des océans (C. N. E. X. O.) s’est installé à l’ouest, à Sainte-Anne-du-Portzic.

L’implantation de nouvelles industries, les institutions universitaires et les centres de recherches, l’extension du port de commerce sont les trois points qui caractérisent la récente expansion de l’agglomération brestoise. Les possibilités d’accueil de son port en eaux profondes, uniques en Europe (pétroliers de 800 000 t), sont un autre atout dont Brest n’a pu profiter que partiellement en raison d’une situation excentrée par rapport à l’Europe du Marché commun.

M.-M. F.

➙ Bretagne / Finistère.

 H. Queffélec, Brest vigie du Léon (Le Doaré, Châteaulin, 1954). / Y. Le Gallo, Brest et sa bourgeoisie sous la monarchie de Juillet (P. U. F., 1968 ; 2 vol.). / Y. Le Gallo (sous la dir. de). Histoire de Brest (Privat, Toulouse, 1976).

Bretagne

Région de l’ouest de la France.
La Région économique de Bretagne définie par le décret de juin 1960 comprend quatre départements : Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan. Cette région-programme correspond à la partie péninsulaire du Massif armoricain, d’une longueur de 250 km et d’une largeur variant de 100 à 180 km. Sa superficie (27 184 km2) représente 5 p. 100 du territoire national, et sa population (2595 431 hab. en 1975) un pourcentage à peu près équivalent de la population française. Sa densité moyenne est de 96 habitants au kilomètre carré.