Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brésil (suite)

Mais, sur le plan politique, la répression touche plusieurs secteurs de la population. Aux élections législatives de 1970, le parti gouvernemental, l’Arena, obtient la majorité des sièges à pourvoir, mais l’on compte 50 p. 100 de bulletins blancs ou nuls. En 1974, E. Geisel semble vouloir libéraliser le régime : la censure est adoucie, et les élections législatives se déroulent dans un climat de relative liberté. Le Mouvement démocratique brésilien (M. D. B.), seul parti d’opposition toléré, enlève 45 p. 100 des sièges à l’Assemblée. Mais, dès 1975, le gouvernement durcit son attitude, faisant notamment procéder à de très nombreuses arrestations dans les rangs du M. D. B.

J. M.

➙ Amérique latine / Empire colonial portugais / Portugal.

 F. A. de Varnhagen, Historia geral do Brasil (Madrid, 1854-1857, 2 vol. ; nouv. éd., São Paulo, 1956, 6 vol.). / A. de E. Taunay, Historia geral das bandeiras paulistas (São Paulo, 1924 ; nouv. éd., 1951). /G. Freyre, Casa grande e Senzala (Rio de Janeiro, 1933 ; trad. fr. Maîtres et esclaves, Gallimard, 1952). / L. T. Smith, Brazil, People and Institutions (Baton Rouge, Louisiane, 1946 ; nouv. éd., 1963). / P. Monbeig, Pionniers et planteurs de São Paulo (A. Colin, 1952). / J. H. Rodrigues, Brasil, período colonial (Mexico, 1953). / C. Morazé, les Trois Âges du Brésil (A. Colin, 1954). / C. Furtado, Formação económica do Brasil (Rio de Janeiro, 1959) ; A Pre-revolução brasileira (Rio de Janeiro, 1960 ; trad. fr. le Brésil à l’heure du choix, Plon, 1964). / P. Joffroy, Brésil (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960). / F. Mauro, le Brésil au xviie siècle (Coimbra, 1961). / M. Niedergang, le Brésil (Rencontre, Lausanne, 1962). / P. Chaunu, l’Amérique et les Amériques (A. Colin, 1964). / R. E. Poppino, Brazil, the Land and People (New York, 1968). / F. Mauro, Histoire du Brésil (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1974).


La population

Groupant plus de 95 millions d’habitants après en avoir compté seulement 71 millions en 1960 et moins de 4 millions en 1800, la population connaît un accroissement rapide, encore accéléré depuis 1950. Cette population est très irrégulièrement répartie, opposant un Brésil peuplé et un Brésil vide. Le premier est le Brésil atlantique, ce qui s’explique par l’origine même du groupe humain né des migrations de l’époque coloniale, essentiellement portugaises, ou des migrations de la seconde moitié du xixe s. et du début du xxe s., dont l’apport ethnique est beaucoup plus varié, avec, cependant, une prédominance de Latins. Ces populations ont formé, en s’installant, des noyaux de peuplement répartis au long du littoral atlantique, qui se sont ensuite multipliés par le phénomène de l’accroissement naturel résultant de l’excédent chaque jour plus important des naissances sur les décès. Malgré cet accroissement, les migrations intérieures n’ont pas réussi à renverser la situation originelle.

Le premier des grands noyaux de peuplement se situe au Sud-Est et concentre environ 40 millions d’individus ; les densités y sont souvent supérieures à 25 habitants au kilomètre carré, parfois même à 50 habitants au kilomètre carré. Le second point de peuplement, celui du Nordeste, abrite environ 20 millions d’habitants ; le troisième, enfin, est représenté par la partie méridionale du Brésil.

Ces trois noyaux ont des origines différentes : le Nordeste, à l’époque coloniale, a constitué le point de peuplement initial ; le sud du Brésil a été peuplé essentiellement par la seconde vague d’immigration de la fin du xixe s. ; le Sud-Est a reçu les influences de ces deux grandes phases de formation du groupe humain. Les zones intermédiaires, séparant ces trois régions de fort peuplement à l’intérieur même du Brésil atlantique, n’offrent que des densités inférieures à 10 habitants au kilomètre carré, voire à 5 habitants au kilomètre carré, dans l’espace compris entre le noyau de peuplement du Sud-Est et celui du Nordeste.

Mais le contraste le plus marquant oppose ce Brésil peuplé à l’ensemble du bassin de l’Amazone qui, pour une superficie recouvrant près de la moitié du territoire brésilien, n’abrite même pas le vingtième de la population totale du pays. De même le plateau intérieur présente des densités rarement supérieures à 1 habitant au kilomètre carré et souvent inférieures à 1 habitant pour 2 kilomètres carrés, formant ainsi une zone où la faiblesse du peuplement entrave la mise en valeur des potentialités de la nature.

Cette population, si inégalement répartie, est affectée d’un taux d’accroissement de plus en plus fort, malgré le ralentissement marqué de l’immigration. Le taux d’accroissement naturel, voisin de 2 p. 100 par an dans l’entre-deux-guerres, est passé progressivement à 2,5 puis à 3 et même 3,2 p. 100 entre 1945 et 1970. En effet, les taux de natalité demeurent très élevés, supérieurs la plupart du temps à 40 p. 1 000, tandis que, depuis 1945, la révolution des antibiotiques, l’amélioration des conditions sanitaires et la lutte contre les grandes endémies ont fait diminuer les taux de mortalité. La population brésilienne, de ce fait, est particulièrement jeune, plus de la moitié ayant moins de vingt ans. L’augmentation rapide des zones déjà peuplées qui s’accroissent sur place conduit à une pression démographique qui provoque des migrations. Celles-ci se font parfois vers les zones plus vides et permettent l’apparition d’un front pionnier de défrichement, comme celui qui s’esquisse actuellement avec l’ouverture de la route Belém-Brasília ou comme ceux, très importants, qui existaient au moment de l’essor de la culture du café, dans l’État de São Paulo, puis dans le nord de l’État de Paraná. Une petite partie de cette population excédentaire aboutit donc à peupler le Brésil vide, mais la plupart des migrations se dirigent vers les grandes villes, dont elles ne font que renforcer la congestion. C’est qu’en effet les migrations intérieures brésiliennes actuelles sont avant tout des migrations de misère, dues aux conditions de vie précaires des paysans sans terres, qui partent vers les villes dans l’espoir d’un emploi. Or ces villes sont souvent incapables de répondre à cet espoir, car il n’y a pas de rapport direct entre la capacité d’attraction de la grande ville représentée par l’accroissement des possibilités d’emplois et l’importance du nombre des migrants chassés de leur campagne par la misère. Dans ces conditions, les grandes villes s’accroissent démesurément et ne cessent de s’alourdir de quartiers d’habitat spontané, de bidonvilles. C’est ainsi qu’entre 1950 et 1960, l’accroissement de la population brésilienne ayant été dans l’ensemble de 34 p. 100, l’accroissement des six plus grandes villes, São Paulo, Rio de Janeiro, Recife, Salvador, Pôrto Alegre et Belo Horizonte, a atteint 80 p. 100.