Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Branchiopodes

Sous-classe de Crustacés* inférieurs, comprenant des formes de petite taille, comme les Daphnies, les Apus, les Artémies, qui vivent dans l’eau douce ou salée.


Les Branchiopodes sont les Crustacés les plus primitifs. Formé d’un nombre très variable de segments, leur corps, couvert ou non d’une carapace, porte des appendices peu différents les uns des autres.

On les répartit en quatre ordres :
— les Anostracés (Branchipus, Chirocephalus, Artemia), qui ont un corps allongé sans carapace, deux yeux pédoncules, deux antennes bien développées chez le mâle, onze ou dix-neuf paires d’appendices et un abdomen terminé par une courte furca ;
— les Notostracés (Apus, Lepidurus), qui possèdent une carapace formant un bouclier dorsal, des yeux sessiles, des antennes réduites, de quarante à soixante-trois paires de pattes et une furca à nombreux articles.
Ces deux premiers ordres forment ensemble, pour la plupart des auteurs, le super-ordre des Phyllopodes ;
— les Conchostracés (Estheria), qui ont le corps et la tête enfermés dans une carapace bivalve, des yeux sessiles et fusionnés, des antennes biramées natatoires, de dix à vingt-sept paires d’appendices et une furca en forme de griffe ;
— les Cladocères, qui montrent une carapace bivalve recouvrant le corps (Daphnia) ou réduite (Polyphemus, Leptodora), des yeux sessiles fusionnés en une masse unique, des antennes biramées natatoires, quatre à six paires d’appendices et une furca en forme de griffe.

Les Cladocères vivent dans les eaux douces calmes, lacs, étangs, où ils pullulent souvent ; quelques-uns sont marins. Beaucoup de Phyllopodes fréquentent les mares et les flaques temporaires, s’y développant avec une rapidité extraordinaire ; d’autres, comme Artemia, se rencontrent dans les marais salants et supportent des variations importantes de salinité ; chez toutes ces formes, les œufs restent vivants, même après une période prolongée de dessiccation, et leur légèreté facilite leur dissémination.

Les Cladocères nagent par bonds, grâce aux battements des antennes, les Anostracés et les Notostracés utilisent les ondulations de leurs multiples pattes, les premiers nageant sur le dos, les seconds indifféremment sur le dos ou sur le ventre.

Les Anostracés et les Daphnies se nourrissent de plancton, que leurs pattes rassemblent en un boudin ventral conduit vers la bouche. Les Conchostracés puisent dans la vase des proies microscopiques. Les Notostracés sont carnassiers : Lepidurus apus vit dans le même biotope que Chirocephalus diaphanus et s’en nourrit ; Apus cancriformis fait de même avec Branchipus pisciformis. Les Cladocères Polyphemus et Leptodora sont également carnivores.

Chez beaucoup de Branchiopodes, on constate une « disette de mâles », ou spanandrie. La reproduction se fait alors selon des cycles, qui ont été bien étudiés chez les Daphnies. Dans un étang d’une région tempérée, on ne rencontre, pendant la belle saison, que des femelles qui produisent des œufs parthénogénétiques ; ceux-ci se développent dans la cavité incubatrice de la mère et donnent uniquement des femelles ; en automne, les œufs parthénogénétiques donnent des mâles et des femelles ; celles-ci produisent des œufs qui seront fécondés et persisteront pendant l’hiver dans une enveloppe appelée éphippie provenant de la carapace maternelle ; au printemps, ces œufs donneront uniquement des femelles. Un tel développement, où alternent en un an une phase avec parthénogenèse et une phase avec fécondation, est dit monocyclique. Dans des mares où les conditions défavorables peuvent apparaître, non seulement en hiver (froid), mais aussi en été (sécheresse), le développement peut être bi- ou polycyclique. Dans les grands lacs, où les conditions sont plus constantes, il devient acyclique, et les mâles n’apparaissent jamais.

Chez les Cladocères, le développement est direct ; chez les Phyllopodes, l’œuf fournit une larve nauplius, et le développement comporte des métamorphoses.

Les Branchiopodes sont parmi les Crustacés les plus anciennement connus. Au Cambrien vivaient des Crustacés ressemblant à des Anostracés ou des Notostracés. Estheria est connu depuis le Dévonien, et n’a pas changé depuis. Lepidocaris rhyniensis du Dévonien est voisine d’une forme actuelle récemment découverte (Hutchinsoniella) ; pour eux, on a créé la sous-classe des Céphalocarides, qui serait à l’origine des Anostracés et des Notostracés.

M. D.

Brâncuşi (Constantin)

Sculpteur roumain de l’école de Paris (Pestişani Gorj 1876 - Paris 1957).



Le paysan du Danube

Celui qui allait devenir le véritable fondateur de la sculpture moderne était le fils de paysans très pauvres de l’Olténie. Dès l’âge de sept ans, il est berger dans la montagne. Alors commence une longue méditation sur le dualisme du ciel et de la terre et sur leur seul lien : le vol de l’oiseau. Brâncuşi dira plus tard : « Je n’ai cherché, pendant toute ma vie, que l’essence du vol [...]. Le vol, quel bonheur ! » Il s’agit donc, dans son cas, d’une méditation mystique profondément enracinée dans l’expérience paysanne, laquelle lui fournit également ses premiers modèles plastiques (ustensiles et maisons en bois). À neuf ans, il quitte la maison paternelle. Il sera successivement employé dans une teinturerie à Tîrgu-Jiu, dans une épicerie à Slatina, dans un cabaret à Craiova.

Ayant taillé un violon dans du bois à la suite d’un pari, il devient le protégé d’un client du cabaret, riche industriel, qui le fait entrer, en 1894, à l’école des arts et métiers de Craiova. Il apprend tout seul à lire et à écrire. En 1898, Brâncuşi entre à l’École nationale des beaux-arts de Bucarest, dont il obtient le diplôme en 1902. L’année suivante, le ministère de l’Instruction publique lui achète une sculpture, l’Écorché. Arrivé à Munich afin d’y parachever ses études, il en repart presque aussitôt pour Paris (il ira à pied jusqu’à Langres), où il s’inscrit à l’École nationale des beaux-arts (1904) dans l’atelier d’Antonin Mercié (1845-1916), sculpteur gracieux et maniéré. Pour vivre, il est plongeur dans un restaurant de la place Clichy, puis chantre à la chapelle orthodoxe roumaine. Mais il a loué un atelier place Dauphine et, dès 1906, il expose dans les Salons.