Bourges (suite)
La cathédrale gothique semble avoir été édifiée en deux campagnes : l’une concerne la crypte et le chœur (1195-1214) ; l’autre intéresse la nef et la façade (1225-1255). L’élévation intérieure à cinq étages et l’évasement du vaisseau central vers le rond-point, auquel correspond la disposition inverse des bas-côtés, donnent à la cathédrale de Bourges un caractère exceptionnel. Par ses voûtes sexpartites qui font alterner piles fortes et piles faibles, c’est un édifice de transition entre les cathédrales à tribunes et à double bas-côté du type de Notre-Dame de Paris et celles de Reims ou d’Amiens. Les vitraux des xiiie, xve et xviie s. constituent un merveilleux musée de la peinture sur verre. Des déplorables travaux du xviiie s., qui supprimèrent le jubé et tout le mobilier du chœur pour les remplacer par une décoration rocaille de Michel-Ange Slodtz*, il ne reste presque rien.
La façade occidentale est percée de cinq portes surmontées de gables et entourées de profondes archivoltes : les portes Saint-Ursin et Saint-Étienne datent de 1250 ; celle du centre, où figure un admirable Jugement dernier, est de 1265 ; la porte de la Vierge a été complétée au xvie s. ; la porte Saint-Guillaume a été reconstruite après l’écroulement de la tour nord en 1506. Le centre de la façade est occupé par une énorme fenêtre, le « Grand Housteau », due aux libéralités de Jean de Berry* et exécutée sous la direction de Gui de Dammartin vers 1390.
L’architecture civile
Du palais élevé à Bourges par le duc Jean, il ne subsiste qu’une belle salle ; la Sainte-Chapelle, œuvre de Drouet de Dammartin, qui a été détruite en 1757, abritait le tombeau du mécène, commandé par Charles VII à Jean de Cambrai entre 1422 et 1438 (restes conservés dans la crypte de la cathédrale).
Le xve s. est représenté à Bourges par un des plus beaux édifices civils gothiques qui soient parvenus jusqu’à nous : l’hôtel Jacques-Cœur, achevé en 1453, au moment même de la disgrâce du grand argentier. Sa façade occidentale, de caractère militaire, contraste avec la cour d’honneur, entourée de portiques, et avec la décoration raffinée de l’ensemble. L’ancien hôtel de ville, devenu le petit lycée, est de peu postérieur : on y retrouve les guetteurs figurés se penchant à l’appui de fausses fenêtres.
La Renaissance berrichonne a enrichi la ville de l’hôtel Cujas (construit par l’architecte Guillaume Pelvoysin vers 1515), qui abrite le musée gallo-romain et les collections de peinture, et de l’hôtel Lallement, où se voient des ensembles mobiliers des xviie et xviiie s.
Enfin, le xviie s. a marqué de son empreinte un peu lourde le couvent des Augustins, la maison des Ursulines, le grand séminaire, devenu la caserne Condé, et le palais de l’Archevêché, transformé en hôtel de ville.
M. B.
G. Hardy et A. Gandilhon, Bourges et les abbayes et châteaux du Berry (Laurens, 1912). / A. Boinet, la Cathédrale de Bourges (Laurens, 1954). / R. Branner, la Cathédrale de Bourges et sa place dans l’architecture gothique (Tardy, 1963).
➙ Berry / Centre / Cher (département du) / Cœur (Jacques).