Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Boulle (André Charles) (suite)

Le maître était cultivé, connaissait les arts et collectionnait avec passion les œuvres du passé. Il dévorait même en achats d’estampes, de toiles et de marbres les larges honoraires qu’il recevait. Sa prodigieuse vitalité le servit lors de l’incendie de 1720 : il avait alors soixante-dix-huit ans. Il se remit à l’ouvrage, reconstitua ses ateliers, qu’il dirigea jusqu’à sa mort, à quatre-vingt-dix ans. Il laissa quatre fils, tous ébénistes.

G. J.

➙ Louis XIV (style).

 C. Asselineau, André Boulle, ébéniste du roi (Dumoulin, 1855). / H. Havard, les Boulle (Allison, 1893). / P. Verlet, les Meubles français du xviiie siècle, t. II : Ébénisterie (P. U. F., 1956).

Boulogne-sur-Mer

Ch.-l. d’arrond. du Pas-de-Calais, sur la Manche ; 49 284 hab. (Boulonnais).



Activité portuaire industrielle et touristique de la ville

L’agglomération compte plus de 100 000 habitants. Bâtie à l’embouchure de la Liane, face à l’Angleterre, elle résulte de l’utilisation successive de deux sites. Le premier, près de la mer, est occupé actuellement par la ville basse, qui, rebâtie après la Seconde Guerre mondiale, est le centre des affaires et du commerce. Le second est perché sur un replat ; dans le plan carré de l’enceinte, on retrouve la trace de la ville romaine ; là s’abritent, derrière des portes étroites, l’administration et les vieux édifices ; le calme des petites rues contraste avec l’animation très vive, portuaire, commerciale, touristique, de la ville basse. Les banlieues s’étendent sur les plateaux ou, en ligne, au fond de la vallée de la Liane.

Le port est protégé par deux grandes digues. Un bassin de marée est réservé à la pêche artisanale, à la plaisance et à la gare maritime. La pêche industrielle dispose de deux bassins. Un nouveau bassin a été construit (1967-1969) dans la rade ; sans écluse, il est accessible aux navires de 30 000 à 40 000 t. Un « hoverport » est en service depuis 1969. Les activités liées à la pêche (vente, expéditions, industries) ont été regroupées à côté des bassins après 1945. Le reste du port est occupé par une zone industrielle « sur l’eau ».

Boulogne est d’abord le premier port de pêche français : 125 000 t de poisson frais — le sixième, en poids, de la pêche française — et 200 000 t avec les achats de poissons pour l’industrie. On y rapporte surtout des lieus noirs, des merlans et des cabillauds (peu de harengs aujourd’hui), qui ne sont pas des poissons chers. 80 p. 100 des prises sont réexpédiées comme poisson frais, et 18 p. 100 sont utilisées pour la conserve ; un faible pourcentage est congelé.

Boulogne est, après Calais, le deuxième port de voyageurs français : 1,3 million de passagers et 200 000 véhicules. Le trafic se fait avec l’Angleterre et comporte, suivant la saison, de 1 à 16 passages par jour, par car-ferries ou malles. En 1969, l’aéroglisseur a transporté 125 000 voyageurs et 25 000 véhicules.

Boulogne est au onzième rang des ports français de marchandises, avec un trafic de l’ordre de 2,5 Mt, important surtout des minerais de manganèse (600 000 t), du jute, des vins, du bois et exportant du ferro-manganèse, des ciments (au total, 500 000 t). Le trafic est lié aux industries portuaires et à l’arrière-pays immédiat, la « fosse » du Boulonnais. Cet arrière-pays est surtout rural, et il n’est pas facile de sortir de la « fosse » : pas de voie d’eau, des routes parfois bloquées par les barrières de dégel ; la sortie la plus facile se fait vers le sud.

Les industries liées à la pêche dominent : salaison, conserverie, congélation, filetage, industrie du froid, traitement des déchets, mais aussi fabrication des boîtes. Au total, la pêche fait vivre 8 000 actifs, le quart de l’agglomération.

La deuxième industrie est l’aciérie d’Outreau (3 000 emplois), dont une partie est « sur l’eau » et qui fournit des aciers au manganèse (une grande partie est exportée). Deux entreprises fabriquent des crayons à bille, des porte-mines, des compas ; dans l’arrière-pays sont produits ciments, céramiques, marbre. Le problème de l’emploi devenant préoccupant vers 1965, Boulogne a créé deux zones industrielles : l’une dans la vallée de la Liane, l’autre à l’embouchure de la Canche, près d’Etaples ; sur la première se sont installées quelques entreprises étrangères (confection, constructions métalliques). Boulogne peut compter également sur le développement touristique : tourisme britannique de week-end, tourisme sur une côte et dans un arrière-pays très agréables ; un grand port de plaisance dans la rade est en projet.

A. G.


L’histoire de la ville

Aux confins de la Morinie, pays des Morins, l’estuaire de la Liane (Portus Itius ?), sur la rive droite duquel s’élevait, au carrefour de voies importantes, la bourgade de Gesoriacum, fut la base de départ de César, de Claude et d’Hadrien pour leur conquête de l’île de Bretagne. Cette conquête réalisée, il servit de port d’attache à la classis (flotte) britannica. En 287, l’usurpateur batave Carausius en fit le centre de sa révolte contre l’empereur Maximien. Envoyé contre lui, Constance Chlore bloqua le port et s’empara de la ville (292). Réduite à son quartier fortifié de Bononia, celle-ci devint au ive s. le chef-lieu d’une cité qui succomba aux invasions germaniques du début du ve s. et qui tomba peut-être au pouvoir des Normands à la fin du ixe s.

Les invasions ont fixé de façon durable la physionomie de Boulogne. Sur un tertre d’une soixantaine de mètres d’altitude, la haute ville évoque l’ancienne citadelle. Les remparts qui l’entourent furent édifiés vers 1230, en partie sur l’emplacement d’une enceinte antérieure à 293, par le fils légitimé de Philippe Auguste, le comte Philippe Hurepel, également constructeur du château. À l’abri de ses fortifications, elle ne connut d’occupation prolongée que de 1544 à 1550, après que, à l’issue d’un long siège, les forces d’Henri VIII s’en furent emparées malgré la résistance du mayeur Antoine Eurvin et des milices bourgeoises. Le beffroi, qui domine les remparts, témoigne des libertés et privilèges communaux consacrés en 1203 par la charte de Renaud de Dammartin, puis confirmés par les comtes et les rois jusqu’à Louis XV. Enfin, la basilique, succédant à la cathédrale détruite en 1798 — car Boulogne fut le siège d’un évêché de 1567 à 1802 —, justifie d’une vocation religieuse née, vers 633, du culte à une statue miraculeuse de la Vierge, origine d’un très célèbre pèlerinage qui s’organisa à partir de 1212 pour connaître son apogée au xve s.