Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Botswana (suite)

L’histoire

Les Tswanas, ou Bechuanas, appartiennent au groupe sotho, qui s’établit en Afrique du Sud à l’époque des migrations bantoues. Un chef nommé Masilo, qui aurait vécu au xviie s., serait l’ancêtre des principaux chefs tswanas de l’époque moderne.

Les premiers explorateurs apparaissent au début du xixe s. Vers 1813, une importante mission protestante s’installe sur les rives de la rivière Kuruman. Peu après, la région subit les incursions des Zoulous, et particulièrement celles qui sont dirigées par l’un de leurs chefs, Chaka. En 1823, les Tlhapings — une des tribus tswanas — ne sont sauvés de l’anéantissement que grâce à la mission protestante dirigée alors par Robert Moffat. Vers 1826, Mzilikazi (ou Mosilikatze), fils de Machobane, l’un des lieutenants de Chaka, s’établit avec son peuple, les Ndébélés, dans le Transvaal occidental. De là il mène des raids à travers le Bechuanaland ; la défaite des Ndébélés par les Boers en 1837 et leur migration vers le nord n’arrêtent pas leurs déprédations.

Bientôt le pays subit la pression violente des Boers ; ceux-ci se heurtent à l’action de Livingstone, qui, en 1841, s’établit auprès des Kwénas, une tribu tswana, dont le chef, Séchélé, se fait chrétien. Livingstone doit plusieurs fois protéger les tribus autochtones contre les incursions des Boers.

En 1867, de l’or est découvert près de la rivière Tati, dans une région occupée par les Ngwatos et les Ndébélés. Le président du Transvaal, Pretorius, proclame l’annexion de ces territoires, annexion à laquelle s’oppose le gouvernement britannique. Par la suite, plusieurs chefs tswanas songent à se mettre sous la protection des Anglais. Le protectorat britannique s’instaure peu à peu, en marge de la lutte menée contre les Boers et de la marche vers le nord.

En mars 1885, sir Charles Warren établit le protectorat britannique sur la partie nord du Bechuanaland : en 1890, un commissaire résidant y est installé. La partie méridionale — au sud de la rivière Molopo — devient colonie de la Couronne en septembre de la même année ; elle est annexée à la colonie du Cap en 1895.

Le protectorat du Bechuanaland, d’abord exploité, comme le désirait Cecil Rhodes, par la Compagnie britannique pour la colonisation de la Rhodésie du Sud, fait l’objet d’un plan d’organisation administrative qui le livrerait à cette compagnie, mais trois chefs tswanas, appuyés par les missionnaires, obtiennent de Joseph Chamberlain l’assurance que leur peuple resterait sous protectorat britannique (1895).

L’Afrique du Sud ayant souvent manifesté le désir d’annexer le Bechuanaland, le gouvernement britannique, en 1935, décide que ce transfert ne pourrait se faire avant que les habitants soient consultés.

En 1948, Seretse Khama, fils du roi Sekgoma II et héritier de la puissance ngwato, épouse une Anglaise, Ruth Williams. Le gouvernement britannique, pour cette raison, le fait exclure, ce qui provoque au Bechuanaland des troubles sanglants et, chez les Ngwatos, le refus de reconnaître un autre chef. Si bien qu’en 1956 Seretse est autorisé à rentrer dans son pays.

En décembre 1960, une Constitution crée un Conseil législatif comportant un nombre égal de députés européens et de députés africains ; celui-ci entre en fonctions le 20 juin 1961. Lors de la conférence de Londres, en février 1966, l’indépendance du Bechuanaland, dans le cadre du Commonwealth, est décidée ; elle est proclamée le 30 septembre de la même année. Le Bechuanaland devient alors la république du Botswana, dont le premier président est sir Seretse Khama : celui-ci était Premier ministre depuis mars 1965.

P. P.

➙ Afrique noire.

 J. Halpern, South Africa’s Hostages (Harmondsworth, 1965). / A. Sillery, Founding a Protectorate, History of Bechuanaland, 1885-1895 (Mouton, 1965).

Botticelli (Sandro)

Peintre italien (Florence 1444 ou 1445 - id. 1510).


Fils du tanneur florentin Mariano Filipepi, Alessandro, dit Sandro, reçut le surnom de Botticelli pour une raison qui reste incertaine. Vers 1464, il entra dans l’atelier de Filippo Lippi* pour trois ans environ. S’il mit à profit l’enseignement de son maître, créateur de formes à la fois denses et élégantes, il semble avoir pris encore plus d’intérêt aux expériences de deux artistes appartenant à la seconde génération de la Renaissance florentine : Andrea Verrocchio*, dont il fut un moment l’aide, et Piero Pollaiolo*. Leur style nerveux et raffiné tirait un parti nouveau de l’anatomie et, chez le second, de la représentation du mouvement. Par l’attrait de sa manière ondoyante, le sculpteur Agostino di Duccio (1418 - apr. 1481) devait aussi contribuer à la formation de Botticelli.


Le peintre à la recherche de son style

De cette première période datent plusieurs Vierges à l’Enfant, généralement accompagnées d’anges, d’une grâce aristocratique ; on y voit l’influence de Lippi faire place progressivement à celle de Verrocchio. Parmi ces Madones, on peut citer celles de l’Accademia et de la galerie des Offices à Florence, de la pinacothèque de Capodimonte à Naples, du musée Fesch à Ajaccio, du Louvre, de la National Gallery de Londres, de la National Gallery de Washington, etc. C’est en 1470, grâce à l’appui d’un homme de confiance des Médicis, Tommaso Soderini, que Botticelli obtint sa première commande officielle : la Force, figure allégorique pour le Tribunal de commerce de Florence. Ce panneau, aujourd’hui aux Offices, fait prévaloir définitivement sur l’influence de Lippi celle de Piero Pollaiolo — auquel on avait d’abord demandé de peindre la série complète des sept Vertus — et celle de Verrocchio. La Madone avec six saints (Offices) est proche de la Force par le style et sans doute par la date. En 1472, Botticelli se fit inscrire à l’académie de Saint-Luc. C’est vers ce moment qu’il peignit les deux petits panneaux de l’Histoire de Judith (Offices), au faire précieux et brillant. Le Saint Sébastien du musée de Berlin, provenant peut-être de Santa Maria Maggiore de Florence, leur paraît légèrement postérieur ; l’anatomie assez tendue rappelle Pollaiolo, mais l’expression méditative traduit une spiritualité plus profonde. En 1474, Botticelli fut appelé à Pise pour y compléter le cycle des fresques du Campo Santo, mais il ne put exécuter ce projet.