Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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botanique (suite)

L’eau, qui joue un rôle principal dans la vie de tous les êtres vivants, fit l’objet de nombreuses études. Henri Dutrochet (1776-1847) découvrit en 1827 les premières lois de l’osmose et construisit le premier osmomètre. Wilhelm Pfeffer (1845-1920) en fabriqua un plus perfectionné vers 1880, avec lequel il put faire de nombreuses mesures, et Hugo De Vries (1848-1935) reprit en 1883 ses théories en se servant de cellules végétales. Enfin, Jacobus Henricus Van’t Hoff (1852-1911) et Svante Arrhenius* (1859-1927) énoncèrent en 1884 définitivement les lois de l’osmose et préconisèrent une nouvelle méthode d’évaluation par cryoscopie. En même temps que se formulaient ces théories, de nombreuses hypothèses tentèrent d’expliquer la circulation de la sève brute (osmose, capillarité, transpiration, imbibition, cohésion). On peut citer les travaux de Jules Jamin (1818-1886), de J. Vesque, de H. von Mohl, de J. Boehm (1831-1893), de J. Sachs, d’Edward Strasburger (1844-1912), de S. Schwendener, de H. N. Dixon (1861-1944), de Nicolas Joly (1812-1885), d’E. Askenasy (1845-1903), de L. Garreau.

L’étude de la circulation des substances dissoutes est due surtout aux recherches de Sachs. Mais déjà Malpighi avait vu que la sève élaborée redescendait par les tubes libériens, et cela avait été confirmé par Theodor Hartig (1805-1880). En même temps, de nombreux travaux furent faits sur la perméabilité cellulaire : pénétration des sels sous forme dissoute (N. de Saussure en 1804) ; rôle de l’endoderme (Étienne Rufz de Lavison [1806-1884]).

La nutrition minérale, elle aussi, fut l’objet de recherches grâce surtout aux travaux de J. von Liebig, puis à ceux de J. Sachs. Le dosage des substances des premiers milieux de culture artificiels aida beaucoup à cette recherche (Jules Raulin [1836-1896], Johann Knop [1817-1891], Emil von Wolff [1818-1896]). On parvint ainsi à l’établissement de la liste des treize corps simples nécessaires : l’azote, le phosphore, le soufre, le calcium, le potassium, le magnésium, le fer, le zinc, le manganèse, le bore, le carbone, l’hydrogène et l’oxygène. La nutrition azotée retint l’attention de nombreux chercheurs (Jean-Baptiste Boussingault, Théophile Schloesing [1824-1919], Sergueï Nikolaïevitch Winogradsky [1856-1953]). Le principe du phénomène de nitrification fut alors complètement élucidé, et le cycle de l’azote dans la nature totalement établi.

Le développement de la botanique se caractérise au xixe s. par une spécialisation intense qui ne fera que s’amplifier. Les recherches commencent à s’organiser sur le plan mondial, et les relations entre savants deviennent de plus en plus régulières et fructueuses. Enfin, de nombreuses sociétés se créent tant sur le plan national que régional ; on peut citer par exemple la Société botanique de France en 1854 et la Société linnéenne de Normandie en 1823.

Également à cette époque paraissent les premiers numéros de revues maintenant mondialement célèbres. Pour Paris citons par exemple les Archives du Muséum (1802) et les Annales des sciences naturelles (1824).


Le xxe siècle

• Morphologie et anatomie. Au début du siècle, la morphologie et la structure des végétaux vasculaires sont étudiées par Karl Goebel, qui, dès 1880, lie la forme des organes aux fonctions qu’ils remplissent et attache une grande importance à la croissance de l’individu. En France, les travaux de Philippe Van Tieghem (1839-1914), déjà commencés au siècle précédent (sur la stèle, les rapports entre tige, racine et feuilles, et leur évolution éventuelle en pièces reproductrices), sont repris et développés par Edward Charles Jeffrey (1866-1952) et son école. À cette époque, plusieurs théories s’affrontent sur ce sujet.

Celle du télome semble être retenue par de nombreux auteurs modernes, et les résultats de ces recherches, confrontés aux données de la paléobotanique, contribuent à apporter une connaissance plus approfondie de la morphologie. On étudie aussi beaucoup les modifications des organes au cours des âges, le passage de la vie aquatique à la vie terrestre et les alternances de générations (sporophytes et gamétophytes) à l’intérieur des différents groupes (Algues et Mousses surtout).

• Phyllotaxie. Arthur J. Eames, Ladislav Čelakovský, Frisch, Church, sir d’Arcy Wentworth-Thompson, Lucien Plantefol, F. Richards s’intéressent à la disposition des pièces foliaires sur la tige (phyllotaxie) et recherchent les rapports entre les parties végétatives et reproductrices de la plante. Plantefol s’attache à démontrer l’existence de plusieurs hélices foliaires et s’efforce avec Roger Buvat d’élucider le rôle et le fonctionnement des points végétatifs lors de la formation de la fleur.

• Xylologie. L. H. Bailey et W. W. Tusser se préoccupent du mode de formation et de la spécialisation des éléments ligneux. Ces notions servent de base aux recherches de F. H. Frost, de D. A. Kribs et de Baghoorn, qui étudient, entre autres, les vaisseaux, le parenchyme, et à celles de V. I. Cheadle, qui travaille sur les Monocotylédones. C’est à la phylogénétique surtout que de telles recherches sont profitables ; elles permettent de mettre en évidence le caractère primitif des plantes ligneuses ou le fait que Monocotylédones et Dicotylédones ne dériveraient pas les unes des autres, de même qu’elles démontrent l’indépendance relative des Gymnospermes et des Angiospermes. Les publications de H. Solderer et de C. R. Metcalfe et L. Chalk en témoignent. D’autres travaux portent aussi sur l’écorce et le phloème, qui apparaît comme un tissu « primitif » en comparaison avec le xylème.

• Palynologie. V. pollen.

• Embryologie. Les travaux d’embryologie s’intéressent au développement de l’œuf et aussi à toutes les régions restées embryonnaires dans la plante développée, telles que les différents points végétatifs (cambium, bourgeons, etc.). Citons les études de René Souèges, de K. Schnarf, de D. A. Johansen, de P. Maheshwari, de C. W. Wardlaw, de Pierre Crété, etc.