Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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botanique (suite)

Sébastien Vaillant (1669-1722) publia un remarquable recueil des plantes de la région parisienne et apporta de nouvelles précisions sur la sexualité des végétaux. En 1714, il fit doter le Jardin du roi (le Muséum national d’histoire naturelle) de la première serre chaude de France ; elle servit à la culture du premier pied de Caféier donné à la France à la suite du traité d’Utrecht ; ce pied ayant fructifié, les graines furent importées aux Antilles pour amorcer la culture en grand de cette espèce. À côté de ces très grands savants, il faut nommer Jacques Barrelier (1606-1673) et William Sherard (1659-1728).

Les flores exotiques commencèrent vraiment d’être étudiées à cette époque grâce à de nombreux voyageurs naturalistes, tels le père Charles Plumier (1646-1706) au Pérou, Francisco Hernandez (1517-1587) au Mexique, du Terrec aux Antilles, et beaucoup d’autres, comme Outgaert Cluyt, Jacques Cunningham, Étienne de Flacourt, John Tradescant, Johannes Commelin, Engelbert Kaempfer, Paul Hermann, Nicolas Grim, André Cleyer, etc.

C’est dans ce siècle que commença la spécialisation des études, et, à côté de la systématique, d’autres recherches débutèrent dans de nouvelles directions.

• Anatomie. Grâce à l’emploi du microscope (découvert par H. et Zacharias Janssen au début du xviie s. et perfectionné par R. Hooke vers 1660), des études furent entreprises sur la structure des végétaux : ce fut le début de l’histologie.

En 1665, le physicien Robert Hooke (1635-1703) put préciser qu’un morceau de tissu végétal (liège) est formé de petites cavités qu’il appelle cellules. Mais les premières recherches vraiment scientifiques furent surtout dues à Nehemiah Grew (1641-1712) et à Marcello Malpighi (1628-1694), qui constatèrent que tous les végétaux étaient formés de « vésicules » et de « tubes », ces derniers pouvant être ornés d’un réseau ou de ponctuations (Grew) et parfois avoir une structure spiralée (Malpighi, 1671). L’examen au microscope permit à Malpighi de préciser la localisation des différents tissus (c’est Grew qui employa ce terme pour la première fois en anatomie botanique) dans de nombreuses tiges ; il distingua ainsi, entre autres, l’écorce, des fibres, les faisceaux libéro-ligneux et il donna une explication de l’accroissement en épaisseur des tiges, le jeune bois provenant de la partie externe du bois préexistant (tissu que Grew dénomma cambium). Il aborda aussi l’étude de la feuille (structure générale et nervation) et il démontra que les raquettes d’Opuntia, quoique aplaties, sont bien des tiges et non des feuilles. Il précisa également la limite entre la tige et la racine, décrivit les poils absorbants des racines, un grand nombre de fruits et pressentit la transformation de l’ovule en graine et la formation de l’embryon ; il observa avec très grande précision les modalités de germination du Haricot et signala même les petits tubercules qui sont sur les racines, dont on expliquera seulement deux siècles plus tard la constitution intime (nodosités bactériennes). Grew montra que tous les organes souterrains ne sont pas uniquement des racines, mais parfois des tiges. Mais ce ne sera qu’au xviiie s. que Louis-Marie Dupetit-Thouars (1758-1831) confirmera vraiment que certains tubercules sont des tiges hypertrophiées et non des racines. Il étudia la structure anatomique de la graine, créa le terme d’albumen et découvrit la structure bilatérale des pétioles.

Malpighi et Grew, ne se contentant pas, comme leurs prédécesseurs, de la morphologie externe, étudièrent la structure intime des ovules et des étamines.

• Physiologie végétale. Les premières recherches de physiologie végétale sont dues à Jan Baptist Van Helmont (1577-1644) et concernent la nutrition des végétaux, mais c’est à Edme Mariotte (v. 1620-1684) que l’on doit une première étude des divers composés chimiques des plantes ; il pensait que « c’était la pression de la sève » qui commandait leur croissance. Claude Perrault (1613-1688) démontra expérimentalement la présence de deux sèves. Denis Dodart (1634-1707) s’intéressa au géotropisme des tiges et des racines. En 1671, Malpighi attribua aux feuilles un rôle dans la nutrition des végétaux ; Robert Boyle (1627-1691) et C. Menet pressentirent l’influence des composés de l’air sur les végétaux. Après les nouvelles expériences (1673) de Paolo Boccone (1633-1704) sur la fécondation des Palmiers, il faut surtout citer les travaux de Rudolf Jakob Camerarius (1665-1721), qui, en 1694, démontra définitivement la sexualité des fleurs.


Le xviiie siècle

Au xviiie s., un nom, parmi tous, va dominer, celui de Carl von Linné* (1707-1778). Mais d’autres traités généraux de botanique furent publiés alors : l’Essai élémentaire sur la botanique et les Lettres sur la botanique de J.-J. Rousseau, les Elementa botanica de Necker, The Vegetable System (en treize volumes) de Bryant, Pulteney et Hil, et surtout l’œuvre familiale des Jussieu*. Buffon* (1707-1788), intendant du Jardin du roi, précisa l’espèce en accolant à la définition morphologique une caractéristique biologique liée à la sexualité, l’espèce étant pour lui « la réunion des individus semblables à eux-mêmes et féconds ». C’est cette définition qui est, à l’heure actuelle, le plus généralement adoptée. Buffon se consacra aussi à des études de physique végétale (croissance et résistance des bois) avec Louis Duhamel du Monceau (1700-1782).

• Phanérogamie. Outre Carl von Linné, les Jussieu et Georges Buffon, nombreux furent les savants qui apportèrent eux aussi leur contribution à la systématique et aux nouvelles sciences naissantes : François Boissier de Sauvages (1706-1767), qui rechercha une classification sur la forme des feuilles et leur disposition ; Louis Claret de La Tourrette (1729-1793), dont le principal ouvrage, resté anonyme (Démonstrations élémentaires de botanique, 1766), fut à la base de l’encyclopédie de Gilibert ; Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800), qui poursuivit des travaux de systématique exotique. Michel Adanson (1727-1806), après un grand voyage au Sénégal, chercha à établir des rapprochements entre les plantes en examinant le maximum de caractères (65) pris sur toute la plante ; il leur accorda à chacun la même valeur, les végétaux ayant le plus grand nombre de caractères communs devant être les plus proches. Malheureusement, ce système, théoriquement valable, était d’application très difficile et les cinquante-huit familles ainsi établies par Adanson ne furent pas naturelles. Johann Gottlieb Gleditsch (1714-1786) publia un essai de systématique qui servit à Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836). Jean Gilibert (1741-1814) mit au point une véritable encyclopédie botanique (1798), qui fut souvent rééditée.