Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bordeaux (suite)

Hors les murs, deux faubourgs, Saint-Seurin et Sainte-Croix, sont les points avancés de l’agglomération médiévale. La collégiale Saint-Seurin (v. 1175) conserve dans sa crypte du xie s. de beaux sarcophages mérovingiens. L’abbatiale bénédictine Sainte-Croix, construite au xiie s., revoûtée au xiiie, est un des plus beaux spécimens du style roman saintongeais. Le portail, aux voussures sculptées, et la robuste tour sud, aux trois étages de baies décroissantes, sont remarquables.

La ville de Bordeaux est devenue tête de pont de la Grande-Bretagne depuis le second mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt (1152). Elle le restera exactement trois cent un ans. La cité déborde de plus en plus : une deuxième, puis une troisième muraille (début du xive s.) mettent en sûreté faubourgs et couvents. Il en subsiste plusieurs portes fortifiées. Parmi les édifices majeurs, il faut mettre à part l’église Saint-Michel, de style flamboyant (xive-xve s.). Sa flèche, haute de 109 m, dessinée par Jean Lebas, de Saintes, lutte de verticalité avec les magnifiques clochers qui flanquent les croisillons du transept de la cathédrale Saint-André. Celle-ci, commencée par la nef romane fort large et embellie d’un « portail royal » sculpté vers 1 250 par des artistes d’Île-de-France, est due, pour le chœur à déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes, à l’évêque Bertrand de Got, qui devint pape d’Avignon sous le nom de Clément V (1305-1314). Dernier souvenir de l’occupation anglaise : la tour Pey-Berland (1440).

Le rattachement à la France (1453) ne fera pas taire les impatiences gasconnes. Pour les tenir en respect, Charles VII dresse deux forteresses : le fort du Hâ et le château Trompette, placé en avant du faubourg des Chartreux (ou Chartrons). C’est de ce côté et grâce aux religieux amenés par le cardinal François de Sourdis qu’après les premiers essais du maréchal d’Ornano et de spécialistes flamands les terres incultes sont défrichées. Au milieu d’allées-promenades, Saint-Bruno (1611), ancienne église des Chartreux, est le premier édifice classique du xviie s. ; derrière une façade sévère, l’intérieur est somptueux avec ses marbres de couleur, l’Assomption peinte par Philippe de Champaigne pour le maître-autel, les sculptures des deux Bernin père et fils, les peintures baroques de la voûte (v. 1770). Les églises de style jésuite Saint-Paul-Saint-François-Xavier (1676) et Notre-Dame (1674-1707) ont d’autres recherches décoratives grâce aux marbres sculptés par Guillaume II Coustou (v. 1745) et Jean-Baptiste Peru d’Avignon (v. 1750).

Cependant, à l’aube du xviiie s., la ville que connaît Montesquieu est encore médiévale, enfermée dans ses murailles délabrées. Claude Boucher, premier des grands intendants-urbanistes de Bordeaux, y fait une brèche de près de 1 km pour aligner de belles façades classiques sur le quai de la Garonne. En 1729, l’architecte Jacques Gabriel* est envoyé à Bordeaux par le roi Louis XV. Il y dessine la place Royale de la Bourse, terminée par son fils Jacques-Ange en 1755. Il adopte le parti d’un rectangle long de 400 m, ordonnancé sur trois côtés avec pans coupés aux angles et largement ouvert sur le fleuve : sorte de majestueux débarcadère, scénographie de grande allure qui sera imitée à Lisbonne.

À la périphérie, vers la campagne, problème analogue : faire éclater les remparts, remplacer la ceinture de pierres par une ceinture d’arbres et les portes médiévales par des arcs de triomphe. Le plan de l’intendant Louis de Tourny est un exemple très original de l’aménagement classique d’un tour de ville ; trois places ordonnancées occupent les sommets d’un triangle : place circulaire de Tourny, place Dauphine (auj. Gambetta), enfin place de la Comédie sur l’ancien forum romain. Le théâtre de Victor Louis (1773-1730) en est le point central : chef-d’œuvre de l’architecture de style Louis XVI, il était le plus parfait de son époque et demeura un modèle. Les hôtels particuliers conçus par Louis ne sont pas moins représentatifs, tels ceux de l’avocat général Saige et du trésorier Legrix, aujourd’hui réunis pour former la préfecture. Le palais de l’archevêque prince de Rohan est l’actuel hôtel de ville ; d’autres demeures sont bâties pour de riches armateurs. Le dernier intendant de l’Ancien Régime, Dupré de Saint-Maur, fera démolir le château Trompette (ce sont les actuels Quinconces) et saura prévoir l’extension du Bordeaux moderne.

La ville, où meurt en exil le peintre Goya, voit naître au xixe s. Rosa Bonheur, Odilon Redon, Albert Marquet, André Lhote, d’autres artistes encore qui ont leur place au musée des Beaux-Arts, riche, par ailleurs, en œuvres anciennes des écoles française et étrangères.

F. E.

bore

Corps simple solide non métallique.



Découverte

Dans l’Italie antique, on a utilisé de l’acide borique dans la réalisation de vases en céramique. Au Moyen Âge, du borax venant du Tibet servit comme flux, mais c’est au xviie s. que l’Allemand Kunckel l’utilisa pour durcir le verre ; puis Homberg, au début du xviiie s., prépara d’abord l’acide borique à partir de borax ; enfin, Gay-Lussac* et Thenard isolèrent le bore.


État naturel

Le bore constitue 5.10–3 p. 100 de la lithosphère ; il est donc assez rare. Il existe essentiellement sous forme de borates.


Atome

Le numéro atomique du bore est 5 et l’état fondamental de la structure électronique de l’atome est représenté par le symbole 1s2, 2s2, 2p1. L’atome de bore n’a, dans un tel état, que trois électrons sur la couche externe, ce qui explique la trivalence du bore. Il en résulte un rayon atomique de 0,8 Å et les énergies suivantes d’ionisations successives : 8,2 eV pour la première ionisation, 25 eV pour la deuxième, 37,9 eV pour la troisième ; ces énergies deviennent 260 eV et 341 eV pour les ionisations suivantes.

Le bore naturel est constitué pour 18,8 p. 100 par l’isotope et pour 81,2 p. 100 par l’isotope Cet isotope a une section efficace élevée pour les neutrons ; d’où l’intérêt de supprimer le bore que peuvent contenir des produits industriels utilisés dans les piles atomiques.