Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bordeaux (suite)

L’industrie de base est fort peu développée : exception faite des activités primaires effectuées dans les usines chimiques, elle est représentée par trois raffineries de pétrole (deux à Ambès, une à Pauillac), d’une capacité globale de 9 Mt, par la centrale thermique d’Ambès et par la cimenterie. Bien plus variée est la métallurgie de transformation, dont les diverses branches connaissent une évolution dissemblable. Les entreprises de fabrication et de réparation des wagons de chemin de fer connaissent de graves difficultés. La grande construction navale a disparu ; il est vrai que la construction des bateaux de plaisance en polyester stratifié est prospère. Aux marges occidentales de l’agglomération, près de l’aéroport de Mérignac, sont établies les usines de constructions aéronautiques et aérospatiales. Née à la fin du xixe s., la chimie est traditionnellement orientée vers la fourniture des produits destinés à l’agriculture ; Michelin et Pierrefitte ont créé à Bassens chacun une usine. Si la fabrication du papier et des cartons est liée à l’exploitation de la forêt landaise, l’industrie du meuble, où dominent les petites entreprises, travaille essentiellement des bois importés. 7 000 personnes sont employées dans des industries alimentaires très variées : traitement des céréales (minoteries, biscuiteries), activités liées à l’importation des produits tropicaux (sucreries, chocolaterie, huilerie), salaison de morues. Importantes aussi sont les activités de bonneterie et de confection ainsi que la fabrication des chaussures.

Au total, l’industrie bordelaise n’a pas connu l’expansion de nombre de ses rivales depuis une ou deux décennies. Les coûts de transport sont d’autant plus durement ressentis qu’une bonne partie des matières premières et des produits semi-finis vient d’autres régions françaises et que la production est partiellement réexpédiée. On comprend que, malgré de vigoureuses (incitations, les décentralisations industrielles vers la région bordelaise aient été peu nombreuses jusqu’aux grandes décisions (automobile, électronique) de 1970.


Le secteur tertiaire

Les activités tertiaires sont bien plus complexes et plus diversifiées que l’industrie. Les services municipaux et régionaux, localisés dans le centre de la ville, emploient 30 000 personnes environ. La fonction commerciale est matérialisée par la foire internationale annuelle (depuis 1916) et par la présence de plus de 700 grossistes, notamment pour les commerces des bois et du vin (300 négociants-éleveurs pour la plupart installés dans les quartiers nord de la ville). Pour la collecte de la production régionale, notamment celle des vallées girondines de la Garonne, et pour l’approvisionnement en fruits et en légumes de l’agglomération, un marché d’intérêt national a été ouvert en 1963 dans le quartier de Brienne, dans le sud de l’agglomération.

Les autres fonctions tertiaires donnent à Bordeaux un rôle de métropole régionale. Une des plus anciennes de France, l’université de Bordeaux est établie dans un vaste domaine de 270 ha, aux confins de Pessac et de Talence : elle accueille maintenant près de 40 000 étudiants, provenant de l’Aquitaine occidentale et du sud des Charentes. La fonction culturelle se traduit par l’existence de bibliothèques, de festivals et d’expositions ainsi que par la publication d’un grand quotidien régional. Bordeaux est encore un centre de décision régionale.

Une région bordelaise se dessine. Vers le nord, les pays charentais sont de plus en plus tournés vers Bordeaux, et cette influence est surtout très nette au sud de la Charente. Il en est de même pour la Dordogne et le bassin de Brive. Dans la vallée de la Garonne, la moitié orientale de Lot-et-Garonne échappe à l’influence bordelaise. Enfin au sud, si Landes et Pyrénées-Atlantiques sont dans la mouvance girondine, Pau joue puissamment le rôle de relais dans l’organisation régionale des pays de l’Adour. Il n’en reste pas moins que Bordeaux demeure dépendant de Paris : ce qu’attestent l’importance des migrations entre les deux villes et l’intensité des relations ferroviaires et aériennes (les trois quarts du trafic de Mérignac se font avec un autre aéroport français). À vrai dire, seule une industrialisation plus harmonieuse pourra donner une assise solide à la métropole régionale : les terres basses de l’estuaire offrent dans ce domaine de remarquables possibilités en voie d’utilisation.

S. L.

➙ Aquitaine / Gironde (départ. de la) / Guyenne et Gascogne.

 F. Michel, Histoire du commerce et de la navigation de Bordeaux, principalement sous l’administration anglaise (Féret, Bordeaux, 1867-1871 ; 2 vol.). / T. Malzevin, Histoire du commerce de Bordeaux, depuis les origines jusqu’à nos jours (Bellier, Bordeaux, 1892 ; 4 vol.). / C. Jullian, Histoire de Bordeaux (Féret, Bordeaux, 1895). / P. Courteault, Bordeaux, cité classique (Firmin-Didot, 1932) ; la Cathédrale de Bordeaux (Laurens, 1936). / Congrès archéologique de France, Bordeaux-Bayonne, 1939, 107e session (Picard, 1942). / P. Brun, les Eglises de Bordeaux (Delmas, Bordeaux, 1953). / J. De Maillé, Recherches sur les origines chrétiennes de Bordeaux (Picard, 1960). / C. Higounet (sous la dir. de), Histoire de Bordeaux (Fédération historique du Sud-Ouest, Bordeaux, 1962-1968 ; 5 vol. parus). / J. Gardelles, la Cathédrale Saint-André de Bordeaux (Delmas, Bordeaux, 1963). / S. Lerat, Bordeaux et la Communauté urbaine de l’agglomération bordelaise (La Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1969).


Bordeaux, ville d’art

La somptueuse ville romaine de 60 000 habitants est mise à feu et à sang par les invasions barbares de 276-277. Il n’en reste aujourd’hui que les ruines des arènes, qui étaient un peu moins grandes que celles de Saintes, mais pouvaient recevoir 15 000 spectateurs (« palais Gallien »). La cité se résorbe autour d’un réduit central sur la hauteur, l’ancien castrum rectangulaire, entouré de murailles, dont les rues Sainte-Catherine et Saint-Rémi ont gardé le tracé. Ce fut le noyau primitif d’où allait sortir l’éventail ouvert sur le fleuve.