Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bonn (suite)

Les paysages urbains présentent ces différents stades de l’évolution historique et politique. À la vieille ville, qui est marquée par le noyau centré sur la cathédrale et la place principale, fait suite un ensemble de quartiers du xixe s., qui se sont développés après la construction de la voie ferrée Bonn-Cologne, en 1844, et l’essor universitaire et intellectuel (Académie agricole de Poppelsdorf, Rheinisches Landesmuseum). Vers 1900, l’aménagement d’une sorte de ceinture routière (Wittelsbacher Ring, Augustus Ring) introduisit, dans l’urbanisme bonnois, des aspects de grande ville. L’extension s’est faite moins vers le nord que vers le sud et l’ouest, englobant des villages, dont les noyaux subsistent (Endenich, Kessenich, etc.). Là, les villas du début du xxe s. contrastent avec les constructions et lotissements récents. Le réseau autoroutier passe à l’ouest de la ville et permet des relations faciles avec les autres villes rhénanes. Le chemin de fer, lui, constitue un obstacle important à la circulation intra-urbaine, aussi est-on en train de l’« enterrer », afin de supprimer tous les passages à niveau.

De 32 000 habitants en 1871, la population est passée à 82 000 en 1905 et à 100 000 en 1939. Le maximum était atteint en 1961, avec 144 000 habitants. Depuis, la ville connaît une forte augmentation du secteur tertiaire et un exode accru de la population aisée vers la périphérie. En 1968, la population était tombée à 138 000 habitants et le déclin ne semble pas enrayé.

Sur le plan économique, Bonn est avant tout une ville de commerce et de services. L’industrie a toujours été faiblement représentée ; elle ne regroupe que 28,5 p. 100 des actifs, ce qui est, de très loin, le pourcentage le plus faible de toutes les villes de Rhénanie. Le commerce et les transmissions occupent 19 p. 100 des travailleurs. Le secteur services et administrations concentre 51,8 p. 100 de l’ensemble de la population active, illustrant, sur le plan de la répartition socio-professionnelle, les fonctions gouvernementales prédominantes.

L’exode de la population au profit de la périphérie et le manque d’industries ont suscité un regroupement de Bonn, Bad Godesberg et Beuel, réalisant le « Gross-Bonn » avec environ 300 000 habitants. Cette fusion permet de résoudre le problème de l’aménagement de l’espace urbain rhénan et assure un meilleur équilibre des activités susceptibles d’apporter un dynamisme nouveau.

F. R.

 E. Ennen et D. Höroldt, Kleine Geschichte der Stadt Bonn (Bonn, 1967).

Bonnard (Pierre)

Peintre français (Fontenay-aux-Roses 1867 - Le Cannet 1947).


Sa mère était alsacienne. Son père, d’origine dauphinoise, faisait fonction de chef de bureau au ministère de la Guerre. Après avoir obtenu sa licence en droit, Pierre Bonnard se présente sans succès au concours d’entrée dans l’administration de l’enregistrement. On le trouve ensuite employé chez un substitut, mais il ne tarde pas à opter pour la peinture et entre à l’École des Beaux-Arts ; s’étant présenté, en 1889, au Concours de Rome, il échoue. Le véritable lieu de sa formation sera l’académie Julian, qui vient d’être fondée. Il y rencontre — ses amis pour toute la vie — Édouard Vuillard et Ker Xavier Roussel, Maurice Denis et Paul Ranson, Félix Vallotton et Henri Ibels, Paul Sérusier.

En octobre 1888, Paul Sérusier, revenant de Pont-Aven, montre à ses camarades, peint sur une planchette de bois (un couvercle de boîte à cigares), le Paysage du Bois d’Amour, exécuté sous la direction de Gauguin. De cette œuvre-manifeste, Pierre Bonnard et ses amis feront leur « talisman », chacun l’interprétant à sa manière. Le poète Henri Cazalis, l’ami de Stéphane Mallarmé, les baptisera du nom de Nabis* (prophètes en hébreu). Bonnard, pour sa part, renonce rapidement aux gris tristes et froids dont il avait appris de son patron Jules Lefebvre à composer sa palette, sous prétexte de distinction ; il se lance joyeusement dans une transposition du monde tangible fondée sur l’irisation du coloris, la vivacité du trait, les libertés de perspective. Les estampes japonaises l’enchantent et on le surnomme « le nabi japonard ». On l’a également qualifié de « postimpressionniste » ; il admirait en effet Claude Monet et Auguste Renoir et, sans toutefois les imiter, subissait la loi d’une filiation subtile.

La première œuvre que le public ait connue de lui fut, en 1890, l’affiche lithographique France-Champagne. Parmi les passants qui la remarquèrent, il y eut, principalement, Henri de Toulouse-Lautrec. Ce fut Bonnard qui le présenta à son imprimeur : Ancourt. Le fameux Moulin-Rouge de Toulouse-Lautrec ne sortit que deux années après des presses de celui-ci. Au dire de Thadée Natanson, le « petit Lautrec » s’était donné beaucoup de mal pour découvrir l’auteur de cette France-Champagne « dansante et dorée », en jaune, rose, orangé, noir.

Pierre Bonnard n’a jamais considéré comme accessoire la partie graphique de son œuvre. « À cette époque, a-t-il écrit, j’avais personnellement l’idée d’une production populaire et d’application usuelle : gravures, meubles, éventails, paravents, etc. » C’était le temps de l’art social, prêché par William Morris, des idées généreuses que Bonnard n’a jamais reniées et que seules les circonstances l’ont empêché de traduire, autant qu’il l’aurait voulu, en actes. En dehors de nombreux croquis et dessins, son œuvre comporte tout un ensemble de travaux lithographiques (en couleurs ou en noir), affiches, livres et revues illustrés, dont voici l’essentiel :
Affiches
1890 France-Champagne.
1894 la Revue blanche.
1896 les Peintres-Graveurs ; le Salon des Cent.
1897 l’Estampe et l’Affiche.
1899 et 1904 le Figaro.
1914 les Ballets russes.
Paravent
1899 la Promenade des nourrices, frise de fiacres, lithographies constituant un paravent à quatre feuilles.
Album
1895 Quelques Aspects de la vie de Paris, douze planches sous couverture éditées par Ambroise Vollard en 1899.
Illustrations
1893 Dix-neuf planches pour les Petites Scènes familières, album de musique de Franc-Nohain et Claude Terrasse ; trois lithographies pour le no 5 de l’Escarmouche, hebdomadaire de Georges Darien.
1899 Petit Almanach du père Ubu, d’Alfred Jarry.
1900 Parallèlement, de Verlaine (Vollard).
1902 Daphnis et Chloé, de Longus (Vollard).
1904 Histoires naturelles, de Jules Renard (Flammarion).
1908 la 628-E8, d’Octave Mirbeau (Fasquelle).
1924 Dingo, d’Octave Mirbeau (Vollard).
1930 Sainte Monique, d’Ambroise Vollard (Vollard).