Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bombe nucléaire (suite)

Le strontium 90. Le plus étudié des radio-éléments à longue période est le strontium 90 ; c’est un émetteur bêta de période 28 ans, chimiquement voisin du calcium, dont il suit le métabolisme. On calcule qu’une équivalence de 1 Mt de T. N. T. libère 143 000 Ci de strontium 90, ce qui créerait, en supposant une répartition uniforme à la surface du globe, une contamination radio-active de 0,2 à 0,3 mCi par kilomètre carré. Toutefois, la contamination du sol par les retombées n’est pas uniforme. On a constaté que la plus grande partie du strontium 90 est retombée dans l’hémisphère Nord aux alentours du 40e parallèle, et qu’il n’y a eu aucun échange de contamination entre les deux hémisphères Nord et Sud. Si, au lieu de ne considérer que le strontium 90, on fait intervenir l’ensemble des produits de fission, on arrive par mégatonne de T. N. T. à une activité totale de 330 000 Ci. Les activités bêta totales des retombées sur la France ont ainsi atteint en millicuries par kilomètre carré : 550 en 1961, 1 300 en 1962 et 1963, 300 en 1964, 80 en 1965, 25 en 1966, 13 en 1967, 23 en 1968, 27 en 1969.

L’ensemble des sources naturelles de radio - activité contribue en moyenne à l’irradiation de l’homme pour une dose dite « gonade » de l’ordre de 100 millirems (mr) par an. À cette dose annuelle s’ajoute une dose supplémentaire due aux retombées radio-actives : elle est estimée à quelques millirems.


L’équilibre de la terreur

Des cinq pays qui, en 1970, possèdent l’arme nucléaire, seuls les États-Unis et l’U. R. S. S. s’affrontent et font régner dans le monde un certain équilibre fondé sur la terreur des armes nucléaires stratégiques. Après diverses fluctuations, on estimait en 1970 que leur puissance était équivalente dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux : 1 000 à 1 200 I. C. B. M. environ dans chaque camp. Si les Américains semblent plafonner à ce nombre depuis 1967, les Soviétiques ont accompli depuis lors un prodigieux effort, puisqu’ils ne disposaient à cette date que de 300 engins environ.

Alors que, chez les Américains, cet armement nucléaire stratégique est réparti entre les I. C. B. M. basés au sol (« Minuteman » et « Titan II » de portée 10 000 km) ou sur sous-marin (« Polaris A2 » ou « A3 ») et les bombes emportées par bombardiers lourds « B-52 » ou « B-58 », du côté soviétique, les engins les plus redoutables seraient les « SS 9 », dont la charge atteint 25 Mt et la portée 16 000 km. Ainsi on estime que l’U. R. S. S. pourrait détruire 55 p. 100 de la population américaine avec 200 têtes nucléaires de 1 Mt, alors qu’il en faut 1 200 aux États-Unis pour anéantir 45 p. 100 de la population soviétique. Cette disparité est due à la différence des concentrations urbaines de ces deux pays, dont les stocks nucléaires atteignaient en 1970 de 20 000 à 40 000 Mt pour chacun d’eux.

On comprend dès lors l’importance des efforts consentis par les États-Unis pour tenter d’établir un système de protection aérienne de leur territoire. Mais le coût des antimissiles (ABM) en restreint nécessairement l’emploi (v. aérienne [défense]). Face au gigantisme de la menace et à la difficulté de la parade, les deux supergrands, tout en assurant leur sécurité, s’essayent à prendre contact (conférences d’Helsinki et de Vienne de 1969 à 1971) pour tenter de limiter à l’avenir le potentiel mondial des armements nucléaires stratégiques. (V. désarmement.)

Petit lexique

alpha, bêta. V. radio-activité.

bombe dopée, bombe mettant en œuvre des réactions de fusion qui participent pour une part moins importante dans le dégagement total d’énergie que les bombes de fusion proprement dites. (La frontière entre bombe dopée et bombe de fusion est incertaine.)

boule de feu, sphère lumineuse de gaz chaud qui se forme quelques millionièmes de seconde après une explosion nucléaire et commence immédiatement à s’étendre et à se refroidir.

curie (symb. Ci), unité d’activité nucléaire. V. activité.

deutérium, isotope de l’hydrogène de nombre de masse 2.

éléments légers, premiers éléments du tableau de classification périodique des éléments (ou tableau de Mendeleïev).

éléments lourds, derniers éléments du tableau de Mendeleïev.

explosion aérienne, explosion nucléaire à une hauteur telle que la boule de feu en dilatation ne touche pas la surface de la terre (ou de la mer).

fission, fusion. V. nucléaire et thermonucléaire.

gamma. V. radio-activité.

implosion, dispositif dans lequel une quantité de matériaux fissiles inférieure à la masse critique voit son volume brusquement réduit par compression de telle sorte qu’elle devienne surcritique et qu’une explosion puisse se produire.

kilotonne (abrév. kt), énergie dégagée par une explosion nucléaire équivalant à celle qui est produite par l’explosion de 1 000 t de T. N. T., c’est-à-dire 1012 calories, soit 4,2 × 1012 joules.

mégatonne (abrév. Mt), énergie dégagée par une explosion nucléaire équivalant à celle qui est produite par l’explosion d’un million de tonnes de T. N. T.

neutron. V. l’article.

nombre de masse, noyau. V. noyau.

nuage atomique, mélange de gaz chaud, de fumée, de poussière et d’autres matières provenant de la bombe et du milieu environnant, qui suit le mouvement ascendant de la boule de feu.

ogive nucléaire, élément avant d’une roquette ou d’un missile contenant une charge nucléaire.

onde de choc, onde propagée de façon continue dans le milieu environnant, provoquée par la dilatation des gaz produits lors d’une explosion.

période. V. radio-activité.

plutonium. V. l’article.