Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

blues (suite)

chanteur et guitariste américain (Clarksdale, Mississippi, 1915). Il apprend la musique dans une ferme sous la direction de son beau-père, le guitariste William Moore. Il joue à Memphis (1929), à Cincinnati (1931), puis à Detroit (1943), avant de s’installer à Chicago (1955). À partir de 1960, il se produit régulièrement dans les festivals, les clubs et les concerts aussi bien aux États-Unis qu’en Europe.

L’art de John Lee Hooker plonge ses racines dans le folklore rural du bas Mississippi, où les influences africaines restent très vivaces. Tout en s’adaptant à des rythmes plus modernes, il a préservé le caractère primitif et dépouillé de son jeu à la guitare, construit sur des harmonies très rudimentaires.

Enregistrements : Wednesday Evening Blues (1960), Shake it Baby (1962).


Sam « Lightnin’ » Hopkins,

chanteur et guitariste américain (Leona, Texas, 1912). Représentant du blues rural texan, il accompagne Texas Alexander et Blind Lemon Jefferson avant de devenir célèbre à Chicago vers 1955. Par la suite, il s’impose comme l’un des plus purs parmi les spécialistes du blues et se fait connaître à New York comme en Europe. Son jeu expressif à la guitare lui permet d’interpréter une grande variété de rythmes : du blues lent au boogie-woogie. Il conte avec humour ses déboires sentimentaux, enrichissant ses pièces d’unisson voix-guitare.

Enregistrements : Honey Babe (1947), Mojo Hand (1965).


Riley King,

surnommé B. B. (Blues Boy), guitariste, chanteur et chef d’orchestre américain (Itta Bena, Mississippi, 1925). Il apprend à chanter et à jouer de la guitare dans les églises de sa ville natale en compagnie de ses parents. Puis, après avoir exercé la profession de présentateur de radio, il s’impose comme spécialiste du blues vers 1950, d’abord dans les États du Sud, ensuite à l’échelle de la nation. Par sa manière mélodramatique de chanter et par les inflexions de son jeu de guitare, la blue note étant inlassablement modulée, de préférence en tempo lent ou semi-lent, B. B. King représente le blues urbain. Son art se situe au croisement du blues austère et pur et des formes populaires et dansantes du rock and roll.

Enregistrements : Sweet Little Angel (1964), Lucille (1967).


Bessie Smith,

chanteuse américaine (Chattanooga, Tennessee, 1894 - Clarksdale, Mississippi, 1937). Elle fit ses débuts avec Ma Rainey, enregistra en 1923, à New York, Down Hearted Blues, qui fit connaître le blues du Sud au nord des États-Unis (2 millions d’exemplaires vendus). Surnommée l’« Impératrice du blues », elle sera une très grande vedette jusqu’en 1930. Ce fut ensuite la misère, encore aggravée par son penchant pour l’alcool. Bessie Smith fut victime d’un accident d’auto alors qu’elle participait à une tournée dans des bastringues de dernière catégorie.

Elle fut non seulement la plus importante des chanteuses de blues, mais aussi une des plus belles voix de la musique négro-américaine. Contralto puissant, elle contait le désespoir de sa vie, de la vie, en des thèmes tragiques et désespérés. L’élévation de sa pensée musicale l’autorisait à se faire accompagner par les meilleurs instrumentistes de son époque : Louis Armstrong, James P. Johnson ou les solistes de l’orchestre de Fletcher Henderson. Son art dépasse le simple cadre du blues, qui fut cependant, pour elle, le matériel musical idéal.

Enregistrements : Yellow Dog Blues (1925), Empty Bed Blues (1928).

Blum (Léon)

Homme politique et socialiste français (Paris 1872 - Jouy-en-Josas 1950).



Les années d’études et de dilettantisme

Léon Blum est reçu en 1890, à dix-huit ans, vingt-troisième de sa promotion à l’École normale supérieure. Après deux échecs consécutifs à la licence ès lettres (juill. et nov. 1891), il se spécialise dans le droit public et, à vingt-trois ans, est reçu au concours du Conseil d’État : il y entre comme auditeur.

La littérature occupe ses loisirs ; dès 1891, il collabore aux revues la Conque (où écrit aussi André Gide) et le Banquet, avec Fernand Gregh et Marcel Proust. En 1894, il devient l’un des rédacteurs habituels de la Revue blanche. Il écrit aussi au Gil Blas et à la Grande Revue. Bientôt, il devient chroniqueur dramatique du Matin, puis de Comœdia. Il publiera par la suite plusieurs essais : Nouvelles Conversations de Goethe avec Eckermann (1901), Du mariage (1907), Stendhal et le beylisme (1914).

L’affaire Dreyfus l’amène à la politique active. Il est ardemment dreyfusard. Une conversation avec Lucien Herr le conduit au socialisme ; il rejoint alors les intellectuels socialistes qui travaillent à réaliser l’unité et collabore à l’Humanité de Jaurès ; en même temps, il siège au conseil d’administration de la Société nouvelle de librairie et d’édition, rue Cujas, qui publie la « Bibliothèque socialiste », et il y donne une analyse des congrès socialistes et ouvriers de 1871 à 1900. Cependant, le marxisme l’influence peu ; il croit avant tout au rôle des hommes et à l’action des idées.


L’engagement dans la vie politique et parlementaire

La mort de Jaurès et le début des hostilités en 1914 jettent L. Blum de nouveau dans l’action. Il devient chef de cabinet du ministre socialiste des Travaux publics, Marcel Sembat, et le demeure jusqu’en décembre 1916, où Sembat cesse d’être ministre. Dans une série d’articles anonymes réunis plus tard en brochure sous le titre la Réforme gouvernementale, il tire les leçons de son expérience. Partisan résolu de la défense nationale, il combat les socialistes « minoritaires », Paul Faure et Jean Longuet.

À une heure où l’unité socialiste semble menacée, on le pousse en avant pour qu’il joue un rôle de conciliateur. En avril 1919, L. Blum rapporte devant le congrès le programme d’action que la S. F. I. O. présente aux électeurs. Le 16 novembre 1919, il est, de justesse, élu député de Paris (second secteur). Secrétaire du groupe parlementaire S. F. I. O. au congrès de Tours (déc. 1920), il critique les conceptions des partisans de la IIIe Internationale ; avec Paul Faure, devenu secrétaire général du parti, qui se reconstitue après la scission, Léon Blum, leader parlementaire et directeur du Populaire de Paris, travaille à reconstruire la « vieille maison » détruite par la rupture de l’unité.