Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bivalves (suite)

Les perles fines se développent en général autour d’un corps étranger — souvent une larve de Cestode ou de Trématode —, qui produit une irritation du manteau. Il s’ensuit une pénétration, dans le conjonctif sous-jacent, de ce corps et de cellules épithéliales aptes à s’agencer en un « sac perlier » générateur de perles. La production de perles de culture selon la technique du Japonais Mikimoto Kokichi se fonde sur ce principe ; la greffe, sous le manteau, d’un petit fragment de nacre entouré de tissu élaborateur induit la formation d’une perle.


Systématique

Les divisions actuellement adoptées dans la classe des Bivalves se fondent surtout sur le degré d’évolution des branchies. Les filaments branchiaux sont simples, non réfléchis en contact par des touffes de cils chez les Bivalves primitifs (Protobranchiés). Ces filaments sont réfléchis et unis entre eux par des brides tissulaires (Filibranchiés), par des jonctions tissulaires et squelettales (Eulamellibranchiés). Un quatrième ordre, celui des Septibranchiés, s’éloigne assez nettement des trois autres en raison du remplacement des branchies par un septum musculeux à perforations ciliées.

A. F.

 F. Haas, Bivalvia in Bronns Tierreich (Leipzig, 1929 ; nouv. éd., 1955). / J. Thiele, Handbuch der systematischen Weichtierkunde (Iéna, 1929-1935 ; 4 vol.). / P. Pelseneer, Essai d’éthologie d’après l’étude des mollusques (Académie royale, Bruxelles, 1936). / R. T. Abbott, American Seashells (New York, 1954). / A. Franc, « Classe des Bivalves », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. V (Masson, 1960). / J. Allan, Australian Seashells (Melbourne, 1962). / K. M. Wilbur et C. M. Jonge (sous la dir. de), Physiology of Mollusca (Londres, 1964-1967 ; 2 vol.). / R. D. Turner, A Survey and Illustrated Catalogue of the Teredinidae (Cambridge, Mass., 1966).

Bizet (Georges)

Musicien français (Paris 1838 - Bougival 1875).


Issu d’une famille de musiciens, Georges Bizet, grâce à ses dons exceptionnels, est admis au Conservatoire dès 1848. Il en sort à dix-huit ans avec un premier grand prix de Rome (1857). Il a eu pour maîtres des musiciens d’esprit relativement ouvert, tels Fromental Halévy (composition) ou Antoine Marmontel (piano). Sa curiosité, son goût de la franchise transparaissent à travers sa correspondance et son unique article paru en 1867, année charnière qui voit naître la plupart de ses mélodies (Adieux de l’hôtesse arabe, Chanson du fou, Pastorale, Berceuse), ses Variations chromatiques pour piano et l’opéra la Jolie Fille de Perth, en progrès certain sur les Pêcheurs de perles (1863). Cet ouvrage lyrique fut salué avec sympathie par Berlioz, sensible à des talents d’orchestrateur que Bizet, la même année, affirmait au concert avec le scherzo Roma. Il les avait prouvés huit ans plus tôt à travers la Symphonie en ut et l’opérette le Docteur Miracle. Bizet devient l’ennemi déterminé de l’« école des flon-flons, des roulades, du mensonge ». Membre de la Société nationale de musique, auditeur de la classe de César Franck, il prend, après 1871, une part active à la réhabilitation des formes sérieuses. Plus de livrets abordés sans conviction, plus de mélodies composées « au galop » entre 1871 et 1874, quand surgissent Jeux d’enfants (1871), Djamileh (1871), l’Arlésienne (1872), Carmen (1873-1874), Patrie (1873). Applaudi au concert, Bizet se heurtera au théâtre à de redoutables servitudes. Il enfoncera une brèche définitive dans la forteresse du conformisme avec Carmen, dont le réalisme sera taxé d’« immoralité » par les abonnés de la salle Favart et par la presse. Celle-ci hâtera la chute de l’ouvrage et aussi la mort de Bizet, accablé de longue date par sa malheureuse union avec Geneviève Halévy, fille de son professeur.

Bizet doit sa place dans l’histoire de la musique à trois purs chefs-d’œuvre. Jeux d’enfants est la première partition française d’envergure pour piano à quatre mains. En orchestrant une partie de cette suite, Bizet fait aussi figure de précurseur. L’Arlésienne, première musique de scène française digne de ce nom, s’inscrit aussi comme une première étape décisive du retour à l’orchestre de chambre. Elle est très imparfaitement connue à travers deux suites d’orchestre, dont la deuxième est presque entièrement... d’Ernest Guiraud (1837-1892) ! Quant à l’opéra-comique Carmen, ses dialogues sont trop souvent encore remplacés par des récitatifs, également de Guiraud. Les défauts du livret se sont répercutés sur la partition, animée d’une vie intense, passant de la bouffonnerie à la grandeur tragique avec un même bonheur, avec un constant équilibre entre les voix et l’orchestre à jamais délivré de toute sujétion. Carmen ne modifia pas fondamentalement le genre, mais sonna le glas d’un répertoire factice et amorça un certain naturalisme. Ce courant nouveau ne devait, toutefois, reprendre qu’en 1891 avec le Rêve d’Alfred Bruneau (1857-1934). Bizet, le premier, avait tiré la double leçon de Berlioz et de Wagner, exigeant de l’orchestre et un soutien et un commentaire, quitte à ne lui confier qu’un leitmotiv, traité d’ailleurs non symphoniquement.

L’apport des trois chefs-d’œuvre de Bizet se partage à égalité entre le théâtre et le concert, entre la voix et les instruments. Leur situation chronologique rend plus frappante encore leur valeur même. Ils furent composés en deux ans à peine, de 1871 à 1873, le véritable « opus ultimum », l’ouverture de Patrie n’ajoutant guère au renom de son auteur. Bizet devance alors presque tous ses contemporains : c’est seulement après sa mort que Lalo, Massenet et Franck passeront au premier plan de l’actualité musicale. Mais seule appartenait à Bizet cette luminosité méditerranéenne que Nietzsche, brouillé avec Wagner, devait, en 1883, opposer aux perverses brumes nordiques. Mais seul appartenait à Bizet ce panthéisme viril qui n’allait surgir de nouveau qu’avec le successeur logique et chronologique de Bizet : Emmanuel Chabrier*, la principale source autochtone de Debussy et de Ravel.

F. R.