Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aérienne (défense) (suite)

La défense par missiles sol-air

Le premier système opérationnel mis en place aux États-Unis à partir de 1958 pour la protection des grandes villes fut celui du « Nike Ajax », suivi du « Nike Hercules », missile guidé du sol sur l’objectif. Leur supériorité résidait dans les portées (25, puis 60 km) et les altitudes (15 km) atteintes efficacement. L’U. S. Air Force imagina ensuite le « Bomarc », avion sans pilote guidé du sol jusqu’à l’approche de l’objectif où un radar donné assurait son autoguidage final ; cette solution fut vite abandonnée en raison de sa complexité. La deuxième génération, apparue en 1960-1965, aboutit au « Hawk » américain autoguidé (portée 30 km) et au « SAM 2 » soviétique, plus rustique mais sans autoguidage. Le missile sol-air semble alors supérieur à l’avion de défense, mais son emploi réel au Viêt-nam puis dans la guerre du Kippour (1973) a montré que son efficacité reste faible en raison de l’utilisation par l’assaillant de parades mettant en défaut le guidage des missiles. Aussi estimait-on en 1975 que les missiles sol-air les plus redoutables sont ceux à faible portée que leur prix réduit permet de multiplier ; tels sont les « SA 7 » soviétiques, le « Red Eye » américain, les « Roland » et « Crotale » français. Ces missiles sont destinés d’abord à la protection des troupes et des navires.


Le problème des missiles balistiques stratégiques

Peu après le lancement du premier « Spoutnik » (1957), l’U. R. S. S. annonçait la mise au point d’un missile balistique de portée intercontinentale. Son ogive, porteuse d’une charge nucléaire lancée à des vitesses voisines de 20 000 km/h à plus de 1 000 km d’altitude, semblait imparable, et on a cru alors qu’elle constituait une arme absolue. Mais les Américains lançaient aussitôt l’étude d’une arme de défense : dès 1962 un missile « Nike Zeus » réussissait en plein Pacifique l’interception d’une ogive lancée de la base de Vandenberg. Depuis 1963, il existe aux États-Unis des installations de radars spéciaux (BMEWS) capables de déceler la trajectoire des missiles intercontinentaux à 3 000 ou 4 000 km de distance et de prévoir leur point d’impact avec un préavis de 15 mn.

Ce problème, toutefois, s’est vite compliqué ; on a d’abord ajouté à l’ogive des leurres rendant plus difficile son identification. Puis on a remplacé la trajectoire trop prévisible de l’ogive par une trajectoire plus souple. Une charge, placée sur orbite comme un satellite, peut revenir à terre à partir de n’importe quel point de son parcours : c’est le système soviétique FOBS, qui met en défaut le réseau BMEWS américain.

Les États-Unis ont compliqué encore leur premier système antimissile (ABM) Nike Zeus en mettant au point contre les FOBS 2 missiles antimissiles (1971) : le « Spartan » pour les interceptions à très haute altitude et le « Sprint » pour les interceptions à basse altitude.

De son côté, l’U. R. S. S. réalisait un système reposant sur les mêmes principes : le missile « Galosh », associé à un réseau radar étendu à 2 000 km de Moscou, et apparu en 1965, était opérationnel en 1970.

Les sommes investies dans ces systèmes ABM ne faisant que croître pour une protection sans cesse remise en cause par les progrès de la technique, les Américains qui, dès 1969, avaient limité le projet « Sentinel » (devenu « Safeguard ») à la défense de quelques silos d’ICBM pensèrent que, la défense antimissiles devenant illusoire, il valait mieux accroître leur potentiel dissuasif. C’est ainsi qu’ils mirent au point, en 1973, les premiers missiles à charge multiple (MRV), puis les MIRV dont les charges isolées ont une possibilité de manœuvre après leur rentrée dans l’atmosphère. Les Soviétiques étant parvenus aux mêmes conclusions, les deux Grands ont tenté de s’entendre pour limiter leur défense ABM et leurs armements stratégiques. C’est l’origine des négociations SALT qui ont abouti aux accords de 1972 et 1974. (V. désarmement.)


Que reste-t-il de la défense aérienne ?

Elle retrouve tout son intérêt dans les opérations où les armes nucléaires ne sont pas employées, ce qui a été le cas de tous les conflits depuis 1945. De plus, elle doit en tout temps assurer sur le territoire une certaine « police du ciel » et garantir en temps de crise la liberté de la circulation aérienne. Elle participe à la sûreté des forces de représailles et tient à jour la situation aérienne pour déceler à temps toute menace grave. Centralisé, appuyé sur un réseau radar aussi étendu que possible, doté d’un système automatique de traitement des informations, le commandement de la défense aérienne, réorganisé en France en 1975, est avant tout un service de contrôle et de surveillance du ciel, étroitement associé aux forces de dissuasion.

Vocabulaire de la défense aérienne

Antiballistic Missile (ABM), missile destiné à détruire les missiles balistiques adverses. Par extension, ce terme désigne aux États-Unis les problèmes de tous ordres posés par la mise en œuvre d’un système d’armes visant à protéger des zones (villes, points sensibles) contre les attaques de missiles intercontinentaux.

BMEWS (Ballistic Missile Early Warning System), système de détection avancée des missiles balistiques organisé par les États-Unis en 1963 dans les trois bases de Clear (Alaska), de Thulé (Groenland) et de Fylingdales (Angleterre). Les réflecteurs de certaines de ces stations radars mesurent 60 × 130 m.

D. A. T. (Défense aérienne du territoire), terme utilisé en France jusque vers 1960 pour désigner la défense aérienne. La D. A. T. groupait l’ensemble des moyens terrestres et aériens opposés à la menace aérienne.

D. C. A. (Défense contre aéronefs), terme employé pour désigner les armes terrestres antiaériennes (canons, mitrailleuses).

défense active, ensemble des moyens militaires supposant par le feu à l’ennemi aérien.

défense passive, mesures de protection contre les effets des projectiles aériens. Ces mesures s’appliquent aussi bien aux populations (v. protection civile) qu’aux troupes et aux matériels, à l’aide d’abris, de silos, de système d’alerte, de camouflage, etc.

Flak (Fliegerabwehrkanone), canon de défense antiaérienne. || Par extens. Artillerie antiaérienne allemande. En 1945, elle rassemblait 1,5 million d’hommes et 40 000 pièces. Elle abattit 20 000 avions alliés de 1939 à 1945.

F. T. A. (Forces terrestres antiaériennes), nom donné en France depuis 1939 aux unités d’artillerie antiaérienne.

identification, opération destinée à distinguer les engins amis des ennemis dans l’ensemble des véhicules aériens détectés au radar ou à vue. Elle est aidée par des équipements spéciaux embarqués à bord des avions amis et émettant des signaux codés.

leurre, tout dispositif destiné à provoquer des échos radars semblables à ceux qui sont donnés par des missiles ou des avions en vue d’abuser la détection adverse. Des rubans ou paillettes métalliques ont été ainsi utilisés dès 1943 pour protéger les raids de la R. A. F. sur Hambourg.

S. T. R. I. D. A. (Système de traitement et de représentation des informations de défense aérienne), nom donné en France depuis 1958 au système informatique chargé de traiter et de transmettre toutes les informations concernant la détection, l’identification et l’interception par l’aviation de chasse.

P. L.

➙ Aviation / Bombardement / Chasse / Défense / Missile / Protection civile / Radar.