Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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bilan (suite)

Le bilan : synthèse de la comptabilité de l’entreprise

L’insertion du bilan dans la comptabilité de l’entreprise apparaît nettement lorsqu’on examine la classification des comptes réalisée par le plan comptable général de 1957. (V. comptabilité.)

Sont dénommés comptes de bilan les comptes des classes 1 à 5 du Plan comptable général : comptes de capitaux permanents, comptes de valeurs immobilisées, comptes de stocks, comptes de tiers et comptes financiers.

Le bilan est établi à partir des soldes de ces comptes, qui concourent à la formation de l’actif lorsqu’ils sont débiteurs et à celle du passif lorsqu’ils sont créditeurs. La différence entre l’ensemble des soldes débiteurs et créditeurs donne le « résultat » (bénéfice ou perte). On obtient le même chiffre en partant du compte de pertes et profits, qui reprend l’ensemble des charges et produits d’exploitation découlant de l’activité directe de l’entreprise (la différence entre ces deux masses constitue le bénéfice ou la perte d’exploitation), et en ajoutant ou en retranchant les produits et les charges découlant des activités autres que l’activité d’exploitation (charges financières, revenus immobiliers, impôts, etc.).

En tant qu’état récapitulatif, le bilan est un des éléments qui permettent de porter un diagnostic sur la marche de l’entreprise ; son utilisation fiscale se double donc d’une utilisation comme instrument de prévision. C’est pourquoi ont été peu à peu mises au point des méthodes d’analyse des bilans.


L’analyse des bilans

En vue de cette analyse ont été définies des grandeurs caractéristiques, véritables synthèses des postes du bilan.

On appelle situation nette (ou actif net) la différence entre ce que l’entreprise possède et ce qu’elle doit. Dans une première méthode, on retire de l’actif du bilan l’ensemble des dettes, les subventions d’équipement et les provisions pour pertes et charges (sauf les provisions sans objet constituées à des fins uniquement fiscales). Dans une seconde méthode, on part des capitaux propres, auxquels on ajoute les réserves et les reports à nouveau bénéficiaires, et on soustrait les reports à nouveau déficitaires. Si l’exercice est déficitaire, les pertes viennent en déduction de la situation nette. S’il est bénéficiaire, les bénéfices non distribués viennent en augmentation. La situation nette ainsi calculée est dite « situation nette comptable ».

Néanmoins, certains éléments de l’actif risquent d’être — en toute bonne foi — soit sous-évalués (assez fréquemment les immeubles et les titres de participation), soit surévalués (les stocks par exemple). En outre, certains éléments (marque, machines complètement amorties, mais ayant encore souvent une valeur marchande) ne figurent pas au bilan, alors qu’il devrait en être tenu compte lorsqu’on veut obtenir une évaluation aussi précise que possible de la situation nette. La situation ainsi obtenue est dite « situation nette intrinsèque ».

On appelle fonds de roulement net le montant des capitaux permanents qui ne sont pas utilisés pour financer des valeurs immobilisées ou, inversement, qui sont utilisés pour financer des actifs circulants.

On dit également que le fonds de roulement net correspond à la différence entre les actifs circulants et les dettes à court terme.

Le fonds de roulement permet de donner une idée de la marge de sécurité dont dispose une entreprise au cas où, pour une raison ou pour une autre, ses actifs se révéleraient moins liquides qu’on ne le pensait. C’est un élément important de l’appréciation de la capacité d’une entreprise à résister aux mouvements de la conjoncture.

On entend habituellement par fonds de roulement brut la masse des actifs circulants d’une entreprise.

La liquidité d’une entreprise est définie comme le pourcentage de couverture des dettes à court terme par les actifs circulants. Idéalement, ce rapport doit être au moins égal à l’unité. Cette liquidité est aussi dénommée liquidité générale par opposition à la liquidité restreinte, encore appelée trésorerie, qui mesure le pourcentage de couverture des dettes à court terme par les actifs disponibles et réalisables à court terme. Le pourcentage de couverture des dettes à court terme par les actifs disponibles correspond à la liquidité immédiate.

En ce qui concerne les résultats, on a aussi essayé de rechercher des éléments caractéristiques, car le bénéfice net, qui apparaît au bilan, peut être considérablement minoré. Une définition générale du cash-flow le fait apparaître comme l’excédent des ressources d’exploitation sur les charges d’exploitation, qui reste à la disposition de l’entreprise pendant un certain temps. Le cash-flow brut (pre-tax cash-flow) comprend tous les excédents des recettes d’exploitation sur les dépenses d’exploitation (provisions pour pertes et charges à caractère aléatoire, amortissements, impôts, etc.). On passe du cash-flow brut au cash-flow net en diminuant le premier du montant des impôts sur les bénéfices.

L’ensemble de ces valeurs caractéristiques servent à l’analyse des bilans, pour laquelle on utilise de façon complémentaire deux méthodes : la méthode de la comparaison des bilans à travers le temps et la méthode des ratios.


La méthode des bilans comparés

Cette méthode — employée par les banques françaises lors de toute demande de crédit formulée par une entreprise — a pour fondement le raisonnement selon lequel les éléments qui sont cachés dans les bilans (réserves occultes ou latentes, ou, au contraire, éléments surévalués) finissent par apparaître si l’on dispose de suffisamment de bilans, ces derniers étant analysés successivement. Par ailleurs, en étudiant l’évolution dans le temps des valeurs caractéristiques de chaque bilan, il devient possible de dégager des tendances.

On utilise les bilans d’au moins trois exercices successifs (souvent cinq bilans successifs et, dans certains cas, parfois sept ou même dix). Après avoir dégagé les principales valeurs caractéristiques (situation nette, fonds de roulement, évolution des capitaux permanents, des capitaux propres, des résultats et du cash-flow), l’analyste examine la structure du bilan (importance des fonds propres, des capitaux permanents, du fonds de roulement — s’il est positif —, du montant des stocks, etc.). La seconde phase de l’étude consiste à voir comment sont financés les différents postes de l’actif (immobilisations et actifs circulants) et à porter un jugement sur ce financement et sur son évolution. On observe notamment si l’augmentation des ressources propres a servi à financer des immobilisations ou bien le fonds de roulement, si à l’augmentation des immobilisations a correspondu une augmentation des capitaux empruntés et des apports des associés ou bien si les bénéfices ont suffi à ce financement.