Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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bibliothèque (suite)

Le développement du prêt interbibliothèques permet d’autre part de mettre à la disposition des chercheurs isolés la documentation qu’ils ont pu dépister. La « National Lending Library » de Boston-Spa (Royaume-Uni) offre à cet égard un concours précieux. De plus en plus, la documentation scientifique est fournie sous forme de photocopies, de microfilms ou de microfiches (maximum 128 pages sur une microfiche) pouvant être expédiés par avion à de longues distances.

Dans ce domaine, à l’heure actuelle très mouvant, les bibliothèques nationales, vastes centrales vouées à la conservation et à l’exploitation d’une documentation rétrospective et courante, sont appelées à jouer, au centre d’un réseau, un rôle de premier plan. Telle est, pour l’Occident, la mission de la bibliothèque du Congrès de Washington, qui diffuse sur la base du Projet MARC (Machine readable catalog project) des bandes magnétiques donnant les références complètes des livres acquis avec l’indice de sa propre classification. Une collaboration avec le Royaume-Uni permet de recenser l’ensemble de la production anglo-saxonne. L’emploi d’un système de numérotation permettra d’individualiser chaque livre qui recevra un numéro national pouvant être enregistré sur ordinateur avec les autres éléments descriptifs. Déjà, les bibliothèques universitaires allemandes (Bochum et Ratisbonne) utilisent l’ordinateur. La section « sciences » de Grenoble l’a mis à l’étude.

Responsable d’un patrimoine d’une richesse inouïe — 7 millions d’imprimés, 500 000 titres de périodiques, 180 000 volumes de manuscrits, 400 000 monnaies et médailles, etc. —, la Bibliothèque nationale de Paris se trouve confrontée à des problèmes particulièrement ardus. L’un d’eux concerne l’application de l’automatisation à la Bibliographie de la France, qui recense la production française. Il est maintenant possible d’étudier les expériences faites aux États-Unis, au Canada, en Belgique et en Allemagne fédérale.

Les mêmes problèmes se posent aux bibliothèques des républiques populaires, qui disposent de moyens puissants : la bibliothèque Lénine joue, comme « la Chambre du livre » et un organisme puissamment doté, le Viniti, un rôle important pour l’information des chercheurs.

Plus que jamais, chaque nation doit disposer d’un système d’information avec, au centre, la bibliothèque nationale recevant la production du pays et jouant son rôle dans l’organisation documentaire internationale. Aussi voit-on apparaître et se développer avec l’aide des experts de l’Unesco, dans tous les pays « en voie de développement », des bibliothèques nationales de type nouveau dont la mission est à la fois éducative et scientifique.

Aux grandes bibliothèques nationales d’Occident, riches de fonds anciens et modernes, incombe le privilège de conserver, pour reprendre le titre du film d’Alain Resnais, « toute la mémoire du monde ». Encore convient-il de se souvenir que les bibliothèques plus modestes jouent leur rôle — national, régional ou local — dans ce qui doit constituer désormais un « réseau » d’information à tous les niveaux. C’est sans doute dans l’organisation d’un tel « réseau », rendu possible par le développement des techniques, que s’effectue actuellement la véritable révolution qui ouvre aux bibliothèques une ère nouvelle.

P. S.

 F. Milkau, Handbuch der Bibliothekswissenschaft (Wiesbaden, 1952). / A. Hessel, A History of Libraries (Metuchen, New Jersey, 1955). / A. Masson et P. Salvan, les Bibliothèques (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 3e éd., 1970). / E. D. Johnson, A History of Libraries in the Western World (Folkestone, Kent, 1965). / J. Hassenforder, Développement comparé des bibliothèques publiques en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis dans la seconde moitié du xixe siècle (1850-1914) [Cercle de la Librairie, 1967].
On peut également consulter le Bulletin de l’Unesco à l’intention des bibliothèques (bimestriel, à partir de janvier 1947) et le Bulletin des bibliothèques de France (mensuel, à partir de janvier 1956).

Biélorussie (République socialiste soviétique de)

En russe Bielorousskaia S. S. R., république fédérée de l’U. R. S. S., en bordure de la Pologne ; 208 000 km2 ; 9 003 000 hab. Capit. Minsk.


Le territoire de la Biélorussie (appelée autrefois Russie Blanche) comprend un tiers de forets et un tiers de sols incultes. Il s’étend sur des collines morainiques formant les lignes de partage des eaux entre les fleuves de la Baltique (Niémen, Dvina occidentale) et les affluents supérieurs du Dniepr (Pripet, Berezina). L’indécision du drainage postglaciaire, l’ampleur des vallées, l’insignifiance des pentes expliquent la formation de vastes étendues marécageuses. Amendés par le chaulage, les sols des terrasses et des collines peuvent porter des cultures de céréales et de légumes, mais les plantes traditionnellement cultivées sont, au nord, près des États baltes, le lin et, sur tous les sols sableux, la pomme de terre. Les régions irrécupérables pour la culture forment une réserve naturelle où sont conservés notamment les derniers aurochs d’Europe. Une partie des marais du Pripet doit être drainée et assainie sur une surface de plus de 2 millions d’hectares.

Porte d’entrée de l’Union soviétique, entre la Pologne orientale et la région de Moscou, la Biélorussie a été dévastée entre 1941 et 1944. L’annexion des territoires peuplés de Polonais, de Volhyniens et de Biélorusses à l’ouest n’a pas enrichi la République. La population est formée pour 81 p. 100 de Biélorusses et pour 10,4 p. 100 de Russes. L’économie manque de bases naturelles : matières premières et sources d’énergie. Les villes, d’importance moyenne, ont toujours joué le rôle de marchés, de centres d’artisanat et de commerce, comportant de fortes minorités juives. Les industries transforment les ressources locales : tourbe, bois, cuir, laine. La tâche de reconstruction achevée, la planification de l’économie s’oriente dans deux directions :
— la régionalisation d’une agriculture spécialisée à partir de sovkhozes et de kolkhozes modèles. C’est ainsi que la majeure partie du lin et du chanvre (le quart de l’ensemble de la production soviétique) est produite dans les districts du Nord : Molodetchno, Grodno, Vitebsk ; près de la moitié de la production de viande bovine et porcine de la République est assurée dans les deux districts de Moguilev et Gomel ;
— le développement d’une industrie de large consommation spécialisée dans la production alimentaire (alcool, sucre), textile (tricotages et tissages de lin) et mécanique (la Biélorussie produit le cinquième des tracteurs de toute l’U. R. S. S., le sixième des motos et des camions, dont la majeure partie des camions de fort tonnage). Les gros combinats sont concentrés à Minsk*. Ainsi s’explique l’un des taux de croissance les plus élevés, parmi les républiques de l’Union, de la valeur de la production : de l’indice 100 avant la guerre, il est passé à plus de 800 en 1968.