Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Bible (suite)

La tradition orale

Avant l’écriture, il y a la parole. Dans les civilisations antiques, les souvenirs nationaux ou familiaux, les croyances, les œuvres littéraires se sont longtemps transmis de bouche à oreille. Tel est le cas, entre autres, des Veda de l’Inde, des épopées mythiques d’Ougarit ou des poèmes homériques.

Certes Canaan, à l’invasion des Hébreux au xiiie s., connaissait déjà l’écriture : les inscriptions des mines égyptiennes du Sinaï (entre 1850 et 1500 av. J.-C.), les tablettes de Tell al-Amarna (xive s.) en témoignent. Mais dans ces anciennes civilisations l’écriture ne joue que le rôle secondaire d’auxiliaire de la mémoire. Durant des siècles, la transmission orale joue un rôle essentiel, et l’on peut dire que, jusqu’à l’époque de David (v. 1010 - v. 970), la littérature d’Israël sera dans son ensemble une littérature de traditions. Dans son ensemble, mais non pas exclusivement.


De la conquête à la monarchie, les premiers textes écrits

Les premières manifestations du génie littéraire israélite se retrouvent dans la Bible sous forme de vieux poèmes dont on rencontre des extraits, anciens poèmes de la vie nomade, tels le chant de Lamech et le chant du puits, odes guerrières de l’époque de la conquête.

À la fin de la période des Juges (1200 à 1025 env.) apparaissent les premières collections des récits épiques, comme ce Livre du Juste dont quelques passages subsistent dans les récits bibliques. Mais c’est principalement en matière juridique que nous trouvons attestée l’existence d’écrits anciens. Hammourabi (1792-1750) avait gravé son code sur une stèle de basalte. Le premier code écrit conservé dans la Bible et dont les historiens s’accordent à reconnaître l’antiquité est le Code de l’alliance (Exode, xx, 20, à xxiii, 33) ainsi que le Décalogue (Exode, xx, 1-18, et Deutéronome, v, 6 à 21), malgré certaines retouches de rédacteurs plus tardifs. Autour de cette législation écrite, datant de l’époque de Moïse, gravite un droit coutumier oral dont il est difficile de dire l’étendue. Les traditions orales ne perdent pas leurs droits.


La période monarchique (v. 1030-586). Les grands écrits

À partir de David, la nation juive trouve avec son unité une période de relative tranquillité. À Jérusalem, capitale du nouvel État et centre religieux du pays, évolue une élite composée des fonctionnaires royaux, des prêtres et des scribes. D’autre part, une langue s’est formée, l’hébreu dit « classique » ; le vieux parler de Canaan s’est affiné et policé comme les mœurs.

À l’ombre du palais va naître toute une littérature de cour, dont les annales assyro-babyloniennes ou égyptiennes nous ont laissé de copieux exemples. Comme ses puissants voisins, la cour de Jérusalem aura ses chroniqueurs et ses historiographes. En 931, la division du royaume de Salomon en deux États, le royaume d’Israël (capitale Samarie) et le royaume de Juda (capitale Jérusalem), amènera la formation de deux centres de la vie littéraire et religieuse.

Durant cette période vont apparaître : les premiers écrits du Pentateuque ; les livres historiques de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois ; les premiers recueils des écrits prophétiques, Amos et Osée vers 750, Isaïe de 740 à 687 environ, Michée son contemporain, Sophonie entre 640 et 630, Jérémie de 627 à 580, Nahum et Habacuc vers 620-600. Le livre de Baruch, faussement attribué au secrétaire de Jérémie, est une composition postérieure difficile à dater (entre le iiie et le ier s.).


L’Exil et les débuts du judaïsme (586-ier siècle av. J.-C.).
L’achèvement de l’Ancien Testament

La littérature de l’Exil (586-538) est représentée par Ézéchiel et l’auteur anonyme de la deuxième partie d’Isaïe, qui s’emploient à conserver chez les déportés la foi dans le Dieu d’Israël et l’espérance du retour.

Les Lamentations, improprement dites « de Jérémie », expriment la détresse d’un Juif anonyme resté à Jérusalem après la ruine de la ville sainte.

Durant la période de la restauration du Temple, après le retour en Israël sous la domination perse (538-333), se développe une littérature reflet des nouvelles conditions politiques et religieuses d’Israël. L’édit libérateur de Cyrus en 538 a ouvert l’ère du judaïsme*.

Le courant prophétique continue à se manifester avec Aggée et Zacharie (v. 520-515) ; l’auteur ou les auteurs de la 3e partie d’Isaïe (v. 510) ; Malachie et Abdias (v. 450) ; enfin Joël (v. 400).

La Torah (Tora), ou Pentateuque, trouve au milieu du ive s. sa forme définitive avec sa division en cinq livres.

La littérature de sagesse et d’édification fait son apparition avec les Proverbes, collection de maximes dont certaines remontent à l’époque monarchique, le livre de Job, le Cantique des cantiques, le livre de Ruth : œuvres que l’on date généralement de la seconde moitié du ve s.

Vers 300, un auteur inconnu entreprend une synthèse historico-théologique de l’histoire d’Israël depuis les origines jusqu’à l’époque perse : ce sont les deux livres des Chroniques, les livres d’Esdras et de Néhémie.

De la fin de cette époque perse ou du début de la période hellénistique date le livre de Jonas, admis par une erreur d’interprétation dans le corps des écrits prophétiques.

Bon nombre de psaumes seront composés pendant cette période, mais la collection connue sous le nom de psautier n’est pas encore constituée.

L’époque hellénistique (333-63) est celle de l’affrontement entre le judaïsme et la culture grecque, que voudront imposer aux Juifs les successeurs d’Alexandre, Lagides* d’abord, Séleucides* ensuite.

Les deux livres des Maccabées (le second composé vers 124 av. J.-C., le premier vers 100) reflètent avec le livre de Daniel (v. 165) le climat de la grande persécution (169-164) déclenchée par Antiochos IV Épiphane.