En sanskr. Bhuvaneśvara, v. de l’Inde du Nord-Est, capit. de l’Orissa, sur le delta de la Māhānadī, au sud de Cuttack ; 38 000 hab. C’est, depuis le viiie s., un centre sivaïte important.
Les temples, une quarantaine groupés autour d’un lac artificiel, au sud de la ville moderne, ont été édifiés par les souverains Keśari et Ganga (orientaux) du viiie au xiiie s. L’ensemble est typique de l’art du Kalinga (ancien nom de l’Orissa), l’un des plus brillants de l’Inde médiévale. Les trois phases de cet art, que distingue le déplacement d’activité à Puri (Jagannāth, xie-xiiie s.), puis à Konarak (Sūrya Deul, ou temple du Soleil, v. 1250), reflètent surtout les changements politiques, le style évoluant sans heurts et atteignant son parfait équilibre dès l’époque de Bhubaneswar, vers l’an 1000 (temple du Liṅgarāja).
L’art de Bhubaneswar
Les temples les plus anciens sont généralement de dimensions plus modestes et plus simples que les fondations les plus tardives (Ananta Vasudeva, v. 1278), mais tous sont caractérisés par la salle de culte (jagamohana) qui précède le sanctuaire (vimāna). Le plan peut se compliquer par adjonction de salles destinées aux danses (naṭamandira) et à la préparation des mets offerts (bhogamaṇḍapa). La silhouette en obus du vimāna, avec son puissant couronnement circulaire (āmalaka), est caractéristique (type śikhara), comme l’est celle du jagamohana avec sa toiture en pyramide quadrangulaire qui remplace la toiture plate primitive. Étroitement associée à l’architecture, la sculpture joue un rôle important : le décor, riche et varié, affirme l’unité des compositions ; les figures élancées sont d’une réelle distinction et d’une grâce souriante en dépit de quelque maniérisme et d’attitudes parfois un peu raides ; réaliste ou fantastique, l’art animalier témoigne de l’imagination des sculpteurs.
Parmi un ensemble remarquable, Paraśurameśvara (viiie s.), aux proportions encore un peu lourdes, annonce le style futur tout en trahissant une parenté avec l’art chalukya, tandis que Vaital Deul, sans doute un peu plus récent, montre ses hésitations en évoquant les traditions dravidiennes. Mais, dès le xe s., Mukteśvara présente toutes les caractéristiques de l’art du Kalinga, que le Liṅgarāja, le plus considérable et le plus célèbre des temples de Bhubaneswar, avec ses sculptures pleines d’élégance, porte à son apogée. À Rājarāṇī (xiie s.), temple de dimensions modestes mais d’harmonieuses proportions, la sculpture prend un caractère un peu anecdotique qui nuit à sa qualité.
Les environs
Au sud-est du site subsiste l’enceinte de Śiśupalgarh, ancienne Tosali. Régulière, d’environ 1 200 m de côté, percée de huit portes fortifiées, elle est attribuée au iie s. av. J.-C. Au nord-ouest, dans les escarpements des collines d’Udayagiri et de Khaṇḍagiri, tout un ensemble de caves jaina (iie s. av. J.-C. à iie s. apr. J.-C.) représente un type particulier d’architecture rupestre (Gaṇeśagumphā, Rāṇīgumphā, Bāghgumphā...).
J. B.
➙ Inde.
D. Mitra, Bhubaneswar (New-Delhi, 1958). / K. C. Panigrahi, Archaeological Remains at Bhubaneswar (Bombay, 1961).