Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bétonnage (suite)

• Pour ce qui est des façades, les possibilités polymorphes du béton lui permettent d’assumer des surfaces planes (villa Savoye à Poissy, 1929, Le Corbusier ; villa Hefferlin à Ville-d’Avray, 1932, André Lurçat), des portiques (ancien musée des Travaux publics à Paris, 1938, A. et G. Perret), les claustra irréguliers de la Haute Cour de justice de Chandigarh (1956, Le Corbusier), les formes en grille de l’hôtel Hilton à Denver (1956, Ioh Ming Pei [né en 1917] et associés) ou du Parking couvert de Hammond (E.-U., 1965, Friedman et associés, architectes) et les tracés sinueux ou circulaires de certains immeubles de la cité des Courtilières à Pantin.

Les possibilités techniques du béton armé sont extrêmement étendues ; sa limite d’utilisation réside dans le poids et l’encombrement lorsque le support doit être fort ; les actuels progrès dans le domaine des bétons légers, la substitution de poutrelles d’acier au ferraillage classique, l’emploi de la précontrainte tendent à repousser cette limite. La grande facilité d’emploi du matériau par coulage ou moulage autorise l’architecte à concevoir toutes les formes plastiques qu’il souhaite, des éléments semi-cylindriques de couverture de la fondation Maeght (Saint-Paul-de-Vence, 1964, José Luis Sert [né en 1902]), reposant sur leur face convexe, à la massiveté de « bunker » de l’église Sainte-Bernadette de Nevers (1963-1966, Claude Parent [né en 1923] et Paul Virilio [né en 1932]). Cette liberté d’expression ne doit pas s’exercer au mépris des qualités spécifiques du béton, c’est-à-dire en laissant dominer l’architecture par la facilité des formes gratuites.

J. A.

➙ Architecture / Préfabrication.

 P. Collins, Concrete, the Vision of a New Architecture (Londres, 1959).

Betterave

Plante cultivée dont les formes les plus répandues sont la Betterave fourragère et la Betterave sucrière.



La Betterave dans le monde

Le développement de la culture betteravière est soumis à des contraintes relevant du milieu naturel et à des contraintes économiques.

Les contraintes naturelles déterminent une aire de culture et des périodes de culture dans l’année : seules les régions tempérées ayant des précipitations suffisantes en été permettent cette culture, sauf si le coût marginal de l’irrigation est faible. La qualité des sols intervient, parce que la racine doit s’y développer : ce sont les terres de texture limoneuse qui sont les mieux adaptées. Ces conditions se rencontrent notamment de part et d’autre de la frontière canado-américaine (région de la Prairie) et dans la grande plaine de l’Europe du Nord, de la France à l’Ukraine.

Les contraintes économiques jouent de deux manières. D’une part, la Betterave est un produit pondéreux : le prix des transports en limite la circulation. En fait, la Betterave fourragère n’est jamais commercialisée ; elle n’est cultivée actuellement que dans des exploitations d’élevage, de taille généralement moyenne à faible. La Betterave sucrière s’est développée là où les sucreries pouvaient s’installer, c’est-à-dire là où le prix de l’énergie est faible : en Europe et aux États-Unis, dans les zones de houillères et dans les ports. D’autre part, la politique générale des États a des conséquences directes : en France, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, il y a aussi des producteurs de sucre de canne, si bien que des accords nationaux et internationaux (conférence de Londres) régissent le marché du sucre*, et par conséquent la superficie en Betterave sucrière. Enfin, la culture de la Betterave sucrière est en cours d’introduction dans de nombreux pays en voie de développement, surtout dans la région méditerranéenne et au Moyen-Orient ; l’irrigation est alors de rigueur.

Il existe peu de données générales sur la Betterave fourragère, à cause de l’absence de marché. En Europe, elle est le principal aliment d’hiver pour bovins et porcins, du moins dans les régions où l’ensilage de maïs est peu développé. La production européenne est de l’ordre de 120 millions de tonnes, dont 30 p. 100 en France environ. Sa mécanisation a suivi avec retard celle de la Betterave à sucre, ce qui a provoqué ces dernières années une diminution de la production.


Botanique

Les Betteraves cultivées appartiennent à l’espèce Beta vulgaris L., de la famille des Chénopodiacées.


La famille des Chénopodiacées

Avec 102 genres et 1 400 espèces, cette famille est largement répandue dans le monde entier ; elle présente quelquefois une adaptation particulière aux zones salines. Les genres importants pour l’amélioration de la Betterave sont :
— Chenopodium L. Il a peu d’importance pour la culture, mais inclut des adventices difficiles à détruire : C. album L. surtout ;
— Atriplex L. Il comprend des espèces ornementales et adventices (A. hortensis L. et A. bretveri Wats) ;
— Spinacia L. L’Epinard (S. oleracea L.) en est le plus important représentant.


Le genre Beta

On y trouve treize espèces, regroupées en « sections », fondées sur des ressemblances anatomiques ou écologiques. Leur nombre chromosomique est 2n = 18.
— Section Vulgare. Elles sont toutes diploïdes, polygermes, avec des racines fibreuses : B. vulgaris L., B. maritima L. (résistante au Cercospora), B. patula Ait., B. macrocarpa Guss., B. atriplicifolia Rouy.
— Section Patellare. Elles sont pérennes, monogermes, à racine petite et immune au Cercospora : B. patellaris Moq. est tétraploïde ; B. procumbens Chr. Sm. et B. webbiana Moq. sont diploïdes.
— Section Corollinœ. Elles sont pérennes, à racine très charnue, et particulièrement xérophiles. On les trouve en Asie Mineure et aux confins du Caucase : B. trigyna est tétra- et hexaploïde, B. lomatogona Fisch et Mey. di- et tétraploïde, B. macrorhiza Stev. et B. foliosa Hauusskn diploïdes.
— Section Nanœ. Il n’existe qu’une seule espèce, diploïde, B. nana Boiss. et Held., que l’on rencontre dans les Alpes.