Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Berzelius (Jöns Jacob, baron) (suite)

La part de Berzelius est en effet fondamentale dans l’élaboration de la chimie moderne. C’est lui qui divise cette science, en 1806, en chimie minérale et chimie organique. Il introduit l’usage de lettres pour représenter les symboles des éléments, de formules pour figurer les combinaisons, et substitue, comme élément de base, l’oxygène à l’hydrogène de Dalton*. Il détermine lui-même les nombres proportionnels de quantité d’éléments, et présente en 1818 un premier tableau des équivalents, qui sera suivi de plusieurs autres, en 1826 et 1835. Les valeurs que l’on y trouve apparaissent aujourd’hui encore remarquablement exactes.

Il généralise la notion de radical, due à Lavoisier*, et propose le nom d’ammonium pour représenter le groupement NH4.

Ayant observé, à la suite des travaux menés par Liebig en 1823 ainsi que par Wöhler, que le fulminate d’argent et le cyanate du même métal doivent avoir la même formule chimique, tout en étant indiscutablement des corps différents, il définit l’isomérie (1830). Puis il introduit, à la suite des travaux de Faraday*, la notion de polymérie et, un peu plus tard, celle d’allotropie.

En 1835, il tente, le premier, une étude générale et une classification des phénomènes de catalyse : « La force catalytique, écrit-il, paraît consister en ceci que les corps, par leur seule présence et non par leurs affinités, peuvent éveiller les affinités assoupies à cette température. »

On doit encore mentionner sa célèbre théorie électrochimique de l’affinité, selon laquelle toute combinaison est formée d’une partie positive et d’une partie négative. Cette conception, qui se montra féconde pour interpréter les propriétés des sels ou les phénomènes de combustion, demeure encore partiellement valable.

Enfin, Berzelius isole de nombreux corps simples, le sélénium, le calcium, le strontium, le baryum, le cérium, le thorium ; il est le premier à préparer le tantale, le vanadium, le zirconium. Il fait, en 1823, connaître les propriétés du silicium. Car aucun domaine de la chimie ne lui est étranger.

Dès 1808, il a commencé la publication d’un Traité de chimie, plusieurs fois renouvelé et traduit dans les principales langues. La cinquième et dernière édition restera inachevée par suite de la mort de l’auteur, qui a écrit dans la préface : « Je n’ai pu me dissimuler que, quand même l’Être suprême m’accorderait encore la vie et les forces nécessaires pour l’achèvement de l’édition présente, elle sera nécessairement la dernière. Par cette raison, j’ai cru devoir la refondre de manière à pouvoir y déposer les idées qui finalement ont acquis pour moi le plus de probabilité dans ce long espace de temps, pendant lequel j’ai été assez heureux de pouvoir suivre avec une attention non interrompue le développement de la science, depuis les premières années de la chimie antiphlogistique jusqu’à nos jours. Je m’estimerai heureux si, parmi tant de choses que l’expérience plus large de l’avenir changera ou rectifiera, il s’en trouve du moins quelques-unes qui soient reconnues justes. »

R. T.

 A. Holmberg, Bibliografi över J. J. Berzelius (Stockholm, 1936). / W. Prandtl, Davy und Berzelius (Stuttgart, 1948).

Besançon

Ch.-l. du départ. du Doubs et de la Région de Franche - Comté ; 126 187 hab. (Bisontins).



Le développement urbain

Le site est remarquable. Le Doubs joue à travers le faisceau serré de plis qui marquent ici la terminaison des plateaux du Jura. Il les scie deux fois, isolant la fière colline de la citadelle, et enserrant dans un large méandre une boucle plate. La rive droite forme un bas plateau un peu irrégulier, d’où l’on jouit d’une vue magnifique sur la ligne sombre des hauteurs de la Chapelle-des-Buis, sur les collines détachées de la citadelle et de ses sœurs aînées, Brégille à l’est, Chaudanne, le Rosemont et Planoise à l’ouest.

Un site remarquable, certes, mais plus fait pour séduire le militaire ou, aujourd’hui, le touriste, que pour fixer un centre de commerce, une ville d’échanges : les routes ne sont guère faciles. La vallée du Doubs n’offre qu’un passage malcommode à qui veut suivre le pied du Jura. Dans le sens nord-sud, il faut escalader de rudes pentes avant de voir s’ouvrir les plateaux qui mènent à la vallée de la Loue, à Pontarlier, au col de Jougne, le plus bas et le plus utilisé depuis longtemps des passages du Jura central. Sans la valeur militaire du site, le carrefour qui a fait la prospérité de la ville aurait pu se fixer ailleurs. Les Séquanes avaient fait de la citadelle un de leurs oppida.

La ville devint ensuite un relais important sur l’axe de communication militaire et commercial qui menait d’Italie du Nord au limes de Germanie.

De son riche passé romain, il reste surtout les linéaments du plan (la Grande Rue, qui correspond au Cardo romain, mène de la citadelle au pont sur le Doubs) ; au-delà, les trois voies divergentes sont devenues les artères du quartier Battant. Les limites atteintes par la cité gallo-romaine ne furent dépassées que très tardivement, à la fin du xixe s.

Besançon était capitale d’une province du Bas-Empire. Cela lui valut de devenir le siège d’un archevêché, dont l’autorité s’affirmait sur une immense région, Suisse romande et Bourgogne comtale. Le rôle religieux permit à la ville d’échapper à la ruine complète ; toute la vie s’organisa autour de l’archevêché.

La Grande-Rue menait alors, à travers une zone redevenue quasi rurale, de la tête de pont de Battant au quartier ecclésiastique, déjà fixé au ve s. au pied de la citadelle : il y est toujours, et, quoique la majeure partie des bâtiments soit très postérieure, l’ambiance d’une ville d’Église au haut Moyen Âge n’a pas été ici complètement effacée.