Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bérulle (Pierre de) (suite)

Soucieux aussi d’œuvrer dans l’esprit du concile de Trente pour la réforme du clergé, Bérulle crée son propre ordre de clercs réguliers, celui de l’Oratoire. Institué en 1611, confirmé par Paul V en 1613, l’Oratoire n’aura pas d’autre ambition que de restaurer la dignité de l’état sacerdotal. Il prospérera à un tel point que, à la mort de Bérulle, il comptera quarante-deux maisons en France et deux à l’étranger (Rome et Malines). Tout au long du xviie s., il sera une pépinière d’évêques, de pasteurs et de saints.

La postérité spirituelle de Bérulle sera innombrable, et son influence se fera sentir jusqu’à nos jours. Ses premiers successeurs à la tête de l’Oratoire, Charles de Condren († 1641) et François Bourgoing († 1662), des oratoriens aussi comme saint Jean Eudes et Jean-Jacques Olier, qui quitteront l’ordre pour fonder leurs propres congrégations (Eudistes et Sulpiciens), vouées elles aussi aux missions et à la formation du clergé, vulgariseront sa doctrine.

Il faut souligner particulièrement son influence sur l’abbé de Saint-Cyran et le premier Port-Royal. Quotidiennement, durant un an, Saint-Cyran fut formé par lui, et il lui doit, en définitive, plus qu’à Jansénius.

Dans le domaine politique, Bérulle fut moins heureux. Chef du « parti dévot », il voulut mettre les forces de la France au service exclusif du catholicisme. Richelieu se servit de lui dans sa lutte contre les protestants français, et le chapeau de cardinal le récompensa en 1627. Mais, en 1629, lorsque Richelieu reprit la lutte contre la maison d’Autriche, Bérulle, champion de l’alliance avec la catholique Espagne, fut disgracié. Il mourut quelques jours après, en célébrant sa messe, le 2 octobre 1629.

P. R.

➙ Contre-Réforme / Oratoire.

 J. Dagens, Bérulle et les origines de la restauration catholique, 1575-1611 (Desclée De Brouwer, 1952). / P. Cochois, Bérulle et l’école française (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / M. Dupuy, Bérulle, une spiritualité de l’adoration (Desclée De Brouwer, 1964) ; Bérulle et le sacerdoce (Lethielleux, 1969). / J. Orcibal, le Cardinal de Bérulle (Éd. du Cerf, 1965).

béryllium

Corps simple solide métallique (syn. glucinium).



Découverte

Le béryl était connu depuis longtemps lorsque Vauquelin, à la fin du xviiie s., découvrit l’oxyde de béryllium, ou glucine. L’ancien nom de glucinium venait du goût sucré de certains de ses dérivés. Ce n’est que trente ans plus tard que le métal fut isolé par Alexandre Bussy (1794-1882) et par Wöhler, en chauffant le chlorure avec le potassium.


État naturel

Le béryllium ne constitue que 6.10–4 p. 100 de la lithosphère, et son minerai est le béryl (de berullos, qui signifie « brillant » en grec). Le béryl est un silicate d’aluminium et de béryllium de composition 3BeO, Al2O3, 6SiO2. Il est souvent en masses translucides, mais il existe quelquefois en cristaux transparents colorés par des traces de certains métaux : la variété la plus précieuse est la très rare émeraude, colorée en vert par l’oxyde chromique ; l’aigue-marine est d’un bleu-vert plus ou moins pâle, et la morganite est rose. Le chrysobéryl, autre minéral de formule BeAl2O4, est aussi susceptible de former de belles gemmes. (L’une d’elles est l’alexandrite, verte en plein jour et rouge à la lumière artificielle ; une autre est l’œil-de-chat, qui, taillé en cabochon, laisse apparaître une ligne à l’aspect soyeux.)


Atome

Le numéro atomique est 4, et, en conséquence, l’état fondamental de la structure électronique de l’atome est 1s2, 2s2. Il en résulte une bivalence de cet élément ; les énergies successives d’ionisation sont en effet 9,32 eV, 18,25 eV, puis 154,2 eV, 218,2 eV, et l’on voit la grosse différence entre les deux premières valeurs et les deux suivantes. Il en résulte un rayon atomique de 0,89 Å et un rayon du cation Be++ de 0,31 Å.

Cet atome a un seul isotope naturel 9Be. Sa faible section efficace à l’égard des neutrons et sa faible masse lui confèrent des qualités de bon « modérateur » dans les piles atomiques. C’est aussi un générateur commode de neutrons, par suite de la réaction nucléaire :


Corps simple

Les propriétés chimiques du béryllium sont proches de celles de l’aluminium, mais le béryllium est bivalent. Il donne une combustion vive dans l’oxygène, alors qu’à l’air il se forme une couche protectrice. Il réagit avec les halogènes, le soufre et divers métaux. Certains alliages du béryllium ont des propriétés mécaniques intéressantes, comme le bronze au béryllium à 3 p. 100 de béryllium dans le cuivre, qui a une très bonne élasticité. Le béryllium est perméable aux rayons X.

On le prépare industriellement en petites quantités soit par action du magnésium sur le fluorure, soit par électrolyse d’un mélange de chlorures fondus, parmi lesquels BeCl2.


Composés

L’oxyde BeO2, la glucine, est très réfractaire. L’hydroxyde Be(OH)2 est amphotère, et, à ce titre, est dissous dans un acide en donnant un sel de béryllium, et dans une base alcaline en donnant un béryllate, tel que Na2BeO2. Les sels fournissent facilement des hydrates et quelques complexes, et sont hydrolysés.

H. B.

 D. W. White et J. E. Burke (sous la dir. de), The Metal Beryllium (Metals Park, Ohio, 1955). / G. E. Darwin et J. H. Buddery, Beryllium (Londres, 1960). / H. H. Hausner, Beryllium. Its Metallurgy and Properties (Berkeley, Californie, 1965).

Berzelius (Jöns Jacob, baron)

Chimiste suédois (Väfversunda Sörgard, près de Linköping, 1779 - Stockholm 1848). La figure de Berzelius domine la chimie du début du xixe s.


Il perd son père très jeune et va étudier la médecine et les sciences naturelles à l’université d’Uppsala. Il est nommé en 1802 professeur adjoint de médecine et de pharmacie à Stockholm, et devient titulaire de cette chaire quatre ans plus tard. Il participe à la fondation de la Société médicale, est nommé, en 1808, membre de l’Académie des sciences de Stockholm, puis, en 1810, président, et enfin, en 1818, secrétaire général de cette académie, poste qu’il va occuper jusqu’à sa mort.

En 1819, il effectue un voyage à Paris et s’y lie avec les savants les plus illustres ; en 1822, il est choisi comme membre associé de l’Institut de France.

Le roi Charles-Jean de Suède lui confère la noblesse, et ses concitoyens l’envoient comme représentant à la Diète. Ces témoignages de l’estime publique et de la bienveillance des autorités révèlent la notoriété qu’il a alors acquise.