Bérulle (Pierre de) (suite)
Soucieux aussi d’œuvrer dans l’esprit du concile de Trente pour la réforme du clergé, Bérulle crée son propre ordre de clercs réguliers, celui de l’Oratoire. Institué en 1611, confirmé par Paul V en 1613, l’Oratoire n’aura pas d’autre ambition que de restaurer la dignité de l’état sacerdotal. Il prospérera à un tel point que, à la mort de Bérulle, il comptera quarante-deux maisons en France et deux à l’étranger (Rome et Malines). Tout au long du xviie s., il sera une pépinière d’évêques, de pasteurs et de saints.
La postérité spirituelle de Bérulle sera innombrable, et son influence se fera sentir jusqu’à nos jours. Ses premiers successeurs à la tête de l’Oratoire, Charles de Condren († 1641) et François Bourgoing († 1662), des oratoriens aussi comme saint Jean Eudes et Jean-Jacques Olier, qui quitteront l’ordre pour fonder leurs propres congrégations (Eudistes et Sulpiciens), vouées elles aussi aux missions et à la formation du clergé, vulgariseront sa doctrine.
Il faut souligner particulièrement son influence sur l’abbé de Saint-Cyran et le premier Port-Royal. Quotidiennement, durant un an, Saint-Cyran fut formé par lui, et il lui doit, en définitive, plus qu’à Jansénius.
Dans le domaine politique, Bérulle fut moins heureux. Chef du « parti dévot », il voulut mettre les forces de la France au service exclusif du catholicisme. Richelieu se servit de lui dans sa lutte contre les protestants français, et le chapeau de cardinal le récompensa en 1627. Mais, en 1629, lorsque Richelieu reprit la lutte contre la maison d’Autriche, Bérulle, champion de l’alliance avec la catholique Espagne, fut disgracié. Il mourut quelques jours après, en célébrant sa messe, le 2 octobre 1629.
P. R.
➙ Contre-Réforme / Oratoire.
J. Dagens, Bérulle et les origines de la restauration catholique, 1575-1611 (Desclée De Brouwer, 1952). / P. Cochois, Bérulle et l’école française (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / M. Dupuy, Bérulle, une spiritualité de l’adoration (Desclée De Brouwer, 1964) ; Bérulle et le sacerdoce (Lethielleux, 1969). / J. Orcibal, le Cardinal de Bérulle (Éd. du Cerf, 1965).