Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Berne (suite)

L’industrie emploie environ le tiers des actifs. Les constructions de machines, d’appareils et de véhicules viennent en tête, suivies de l’industrie graphique. La construction et le bâtiment représentent 12,6 p. 100 des travailleurs de la ville. Les petites et moyennes entreprises sont caractéristiques de la capitale fédérale. Près de 80 p. 100 des salariés industriels ont leur lieu de travail en ville, contre 20 p. 100 dans les communes de l’agglomération. Cependant, depuis quelques années, les établissements industriels ont tendance à s’établir à la périphérie. La présence des services fédéraux est un facteur non négligeable du développement industriel, quoique Berne passe souvent pour une ville de fonctionnaires.

Le secteur tertiaire groupe 52 p. 100 des actifs. Les communes de l’agglomération ne comptent que 10 p. 100 des actifs de ce secteur. Les services administratifs, économiques et politiques fédéraux groupent près du tiers des travailleurs du secteur tertiaire. La banque marque moins Berne que Zurich ; néanmoins, la ville est une importante place financière. La Banque nationale suisse (Schweizerische Nationalbank), qui est l’institut d’émission, a un siège à Berne, l’autre se trouvant à Zurich. La Schweizerische Volksbank, la banque centrale des banques populaires, une des cinq plus grandes banques suisses, a son siège social à Berne. Treize banques ont leur administration centrale dans la ville. L’université (5 000 étudiants en 1968) complète les équipements de la ville, qui est plus qu’une capitale régionale, bien qu’elle n’ait pas la puissance industrielle et financière de Zurich, qui reste la métropole économique de la Suisse. Comme, depuis quelques années, la centralisation gagne du terrain, Berne profite d’un apport qui suscite un développement accéléré. À la fin de 1968, plus de 1 200 sociétés anonymes étaient établies à Berne (moins de 600 en 1938). Près d’un quart des sociétés relève du secteur industriel.


La démographie

Tout au long du xixe s., la natalité urbaine était élevée, restant encore supérieure à 28 p. 1 000 pour la période 1880-1900. De 1876 à 1968, on enregistrait une fois seulement (en 1918) un excédent de décès sur les naissances. L’accroissement s’est cependant fait, grandement, par immigration au cours de la période 1850-1940. Depuis cette dernière date, l’excédent de naissances l’emporte sur l’immigration, amorçant ainsi une nouvelle phase de la démographie bernoise. Toutefois, cet excédent a tendance à diminuer du fait du déclin de la natalité urbaine. L’agglomération dépasse 270 000 habitants.

L’urbanisation progresse dans les communes environnantes. L’ancienne agglomération comprenait, outre Berne, les communes de Bolligen, de Bremgarten, de Köniz, de Muri et de Zollikofen ; la nouvelle groupe également Frauenkappelen, Kehrsatz, Moosseedorf, Münchenbuchsee, Stettlen et Urtenen. Les étrangers constituent environ 10 p. 100 de la population de l’agglomération. Cette population est avant tout protestante (79,2 p. 100), les catholiques étant fortement minoritaires (19 p. 100).

F. R.

➙ Bourgogne / Jura / Milan / Savoie / Suisse / Valais / Vaud / Zurich.

 Fontes rerum Bernensium (Berne, 1877-1953 ; 10 vol.). / V. Anshelm, Die Berner Chronik (Berne, 1884-1901 ; 5 vol.). / G. de Reynold, le Génie de Berne (Lausanne, 1929). / H. Markwalder, 750 Jahre Bern, 1191-1941 (Berne, 1941). / H. Buchli, Berne reine des villes suisses (Berne, 1946). / R. Feller, Geschichte Berns (Berne, 1949-1960 ; 4 vol.). / W. Juker, Berne. Image d’une ville (Berne, 1953). / O. Tschumi, Urgeschichte des Kantons Bern (Berne-Stuttgart, 1953). / G. Stempowski, la Terre bernoise (Genève, 1954).

Bernin (le)

Sculpteur et architecte italien (Naples 1598 - Rome 1680).


La place tenue par Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, dans l’histoire de l’art européen est en soi un phénomène à peu près unique. Par la gloire qu’il eut de son vivant, la fascination qu’il exerça sur les artistes contemporains et le nombre de formes nouvelles dont il contribua à doter l’architecture et la sculpture occidentales, il ne le cède peut-être qu’à Michel-Ange. Mais, dès la fin du xviie s., le Bernin a été aussi honni qu’admiré. Si l’art rocaille lui doit sa principale et peut-être sa meilleure source d’inspiration, le classicisme français et, plus encore, le néo-classicisme, qui triomphe à la fin du xviiie s., voient en lui le corrupteur du goût, le responsable de tous les excès du rococo et le contempteur du beau idéal. La France tient d’ailleurs une place de choix dans cette opposition au Bernin : des réticences de l’Académie royale jusqu’aux jugements souvent hâtifs d’historiens d’art du début de ce siècle, en passant par les réflexions sceptiques et libertines du président De Brosses et les anathèmes de Quatremère de Quincy, il est d’usage d’opposer l’équilibre et la finesse des artistes français à la virtuosité déclamatoire du Bernin et de son école. Depuis longtemps, cependant, artistes et amateurs n’ont pas compté leur admiration au grand créateur baroque ; par le primat donné à l’expression sur l’imitation exacte des formes et l’audace délibérée avec laquelle il s’attaqua à des thèmes considérés a priori comme impropres à une traduction plastique, le Bernin a conservé une actualité qui lui assure une place de choix dans le « musée imaginaire » de notre temps.


Les débuts

Gian Lorenzo vint tout jeune à Rome : à partir de 1605, son père, Pietro Bernini (1562-1629), sculpteur d’origine florentine, fut employé par le pape Paul V aux grands travaux de décoration entrepris par celui-ci à Sainte-Marie-Majeure. À cette occasion, le jeune homme, dont la précocité était remarquable, put bénéficier de la protection du neveu du pape, le cardinal Scipion Borghèse. Ce patronage, joint à une activité incessante, lui permit de conquérir en peu d’années le premier rang parmi les sculpteurs qui travaillaient à Rome au début du xviie s. Le titre de président de l’académie Saint-Luc, qu’il reçut à vingt-quatre ans, suffit à témoigner de l’admiration, sinon de l’amitié que lui portaient ses pairs. Il serait inexact de croire que le Bernin dut cette position prééminente à la médiocrité de ceux-ci. Les commandes pontificales, le mécénat des cardinaux, des grandes familles et aussi des ordres religieux attiraient et retenaient à Rome de nombreux artistes de qualité. Le père du Bernin lui-même a laissé des œuvres non négligeables (Annonciation, église Saint-Bruno de Bordeaux). Pendant toute la première partie de sa carrière, le Bernin devra d’ailleurs compter avec deux sculpteurs de premier plan, à peine plus âgés que lui : son rival Alessandro Algardi* et François Duquesnoy* qui fut son aide occasionnel.