Évêque et philosophe irlandais (près de Kilkenny, Irlande, 1685 - Oxford 1753).
Entré à quinze ans au Trinity College de Dublin, il y acquiert une vaste culture tant littéraire que scientifique, avant d’y enseigner. Il publie alors des opuscules mathématiques : De l’infini, une Arithmétique et des Mélanges mathématiques. En même temps, il prend des notes sur des sujets philosophiques : le Commonplace Book. Ses premières grandes œuvres paraissent en 1709 (Essai sur une nouvelle théorie de la vision) et en 1710 (Traité sur les principes de la connaissance humaine). Cette même année 1710 le voit ordonné diacre dans la religion anglicane. Mais déjà ses thèses philosophiques suscitent les sarcasmes. Aussi, après avoir publié un Traité de l’obéissance passive, où il fait une obligation du loyalisme politique, gagne-t-il Londres en 1713 pour les défendre en y publiant les Trois Dialogues entre Hylas et Philonous. Fréquentant la société cultivée de la capitale, où il brille et acquiert une certaine célébrité, il se lie avec Swift, qui lui procure l’occasion d’accompagner une mission diplomatique avec laquelle il parcourra la France et l’Italie. De l’automne 1716 à l’automne 1720, il effectue un second voyage en Italie, au cours duquel il rédige un Journal très pittoresque, adresse de nombreuses lettres à son entourage et compose un traité sur le mouvement (De motu) destiné à l’Académie des sciences de Paris. Revenu à Trinity College, il publie en 1721 un Essai pour prévenir la ruine de la Grande-Bretagne, tant la crise morale qu’il traverse lui paraît mal augurer de l’avenir de son pays. Un épisode romanesque vient alors justement ouvrir de nouvelles perspectives à son dégoût de l’Ancien Monde, livré au scepticisme. Esther Vanhomrigh (Vanessa), à la suite d’une déception sentimentale, avait modifié son testament et légué à Berkeley une importante somme initialement destinée à Swift. Sa mort, en 1723, met donc Berkeley en possession d’une fortune qu’il veut utiliser dans une entreprise d’évangélisation aux Bermudes, projet dont la préparation l’occupera cinq années. C’est en septembre 1728, peu de jours après son mariage, qu’il s’embarque, accompagné de quelques amis et d’une bibliothèque de vingt mille volumes. Il débarque en Amérique du Nord, s’installe à Rhode Island, attendant, pour gagner les Bermudes, de nouvelles subventions de plus en plus improbables, déployant une intense activité religieuse, culturelle et philanthropique, rédigeant Alciphron ou le Pense-Menu, jusqu’à ce que, sans être allé plus loin, il doive renoncer à son projet : il rentre en Angleterre en septembre 1731. Il y publie l’Alciphron (1732), accompagné d’une nouvelle version de la Théorie de la vision. Il est consacré évêque de Cloyne (près de Cork) en mai 1734. Occupé par sa charge épiscopale, il ne publiera plus que de brefs pamphlets, l’Analyste (1734) et le Questionneur (1735-1737), avant de faire paraître en 1744 la Siris, réflexions et recherches philosophiques concernant l’eau de goudron et divers autres sujets connexes et naissant les uns des autres, curieux et abondant prospectus qui prend pour prétexte un remède indien rapporté par Berkeley d’Amérique et qu’il utilisait dans son diocèse lors des épidémies, mais qui s’achève sur des points de métaphysique et de religion. Malade, Berkeley quitte l’Irlande en 1752 pour Oxford, où il meurt en 1753.
Comme sa vie, l’œuvre de Berkeley obéit à un double dessein scientifique et religieux, liant le combat contre le libertinage et l’irréligiosité à une tentative de rénovation de l’optique, de la géométrie et du calcul infinitésimal.