Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bengale (suite)

Le Bengale oriental

Ici se trouve rassemblé l’éventail complet des types d’utilisation du sol.

Les régions d’alluvions anciennes appauvries forment deux blocs assez étendus, l’un à l’ouest du vieux Brahmapoutre, dans la région de Madhupur, l’autre entre Gange et Yamunā, dans le secteur connu sous le nom de « Bārind ». À la pauvreté des sols vient s’ajouter dans la deuxième région une autre condition défavorable, les destructions dues à la Tīsta, rivière aux crues brutales issue de l’Himālaya. Aussi une forêt très dégradée occupe-t-elle de vastes superficies, alternant avec des savanes et des brousses médiocres. Il n’y a guère que des îlots de cultures, du riz « aus » bien sûr, mais aussi des plantes moins exigeantes en eau, maïs et légumes secs. La population a une densité relativement réduite d’environ 200 habitants au kilomètre carré.

Les forêts littorales occupent la partie méridionale du delta. Cette région a été pendant longtemps très faiblement peuplée, mais elle a été récemment assez largement défrichée. Les parties les plus proches de la mer, cependant, ont conservé des forêts adaptées aux sols salins, dont l’agriculture ne pourrait guère tirer profit : c’est la classique mangrove des « Sundarbans ».

Les plaines d’inondation actuelles sont plus vastes et beaucoup plus importantes que les régions précédentes. Elles s’étendent le long des cours d’eau, et se prolongent par une mince bande littorale en direction de Chittagong. Elles connaissent le système de culture classique du Bengale, avec culture de riz « aman » et « aus » associés, auxquels viennent s’ajouter le jute, planté en février et récolté en juillet-août, des cultures d’hiver, moins exigeantes en eau, et des légumes secs. Les feuilles de bétel et les cocotiers viennent compléter l’éventail des productions. C’est là aussi qu’on trouve le paysage bengali typique, avec ses villages desserrés qui souvent s’allongent le long des digues, ses rizières séparées par des alignements de palmiers plantés sur les levées de terre. La densité de population est extrêmement forte, environ 500 habitants au kilomètre carré en moyenne, et ce chiffre est largement dépassé dans certains districts (jusqu’à 1 200 hab./km2 au sud de Dacca). Il s’agit de la région la plus vivante du Bangladesh ; elle contient la capitale, Dacca, le port de Chittagong, qui a été équipé par le gouvernement pakistanais pour compenser la perte de Calcutta. Ces deux agglomérations rassemblent l’essentiel de l’industrie du nouvel État. Celle-ci est d’ailleurs médiocre ; on travaille cependant le jute depuis que les usines de Calcutta sont coupées des grandes régions de culture.


Le Bengale-Occidental, indien

Du point de vue agricole, il est beaucoup moins varié et productif que la partie orientale. L’Inde a conservé l’essentiel du delta mort. La mise en valeur a été freinée par la médiocrité des sols, le manque d’eau au niveau des champs à certaines périodes de l’année, le danger de la malaria, favorisée par les bras morts stagnants. Aussi le système de culture a-t-il été longtemps fondé sur le riz « aus », peu productif et de faible qualité; la densité de population reste assez modérée (de 160 à 240 hab./km2). Cependant, la perte des régions productrices de jute du Pākistān a amené les Indiens à développer cette culture dans le delta mort. Un effort a aussi été fait dans le bassin de la Dāmodar. Une série de barrages-réservoirs établis dans le cours supérieur du fleuve (situé au Bihār) permettent d’irriguer de vastes superficies. La culture du riz d’été s’en trouve très améliorée, et il est possible d’y ajouter une culture d’hiver qui augmente nettement la production agricole d’ensemble de la sous-région.

Au nord du Gange, l’Inde possède la partie orientale de la plate-forme du Bārind, décrite ci-dessus. De plus, le Bengale-Occidental s’étend au nord jusqu’à des régions extra-deltaïques : le district de Jalpaiguri ne contient que des terres assez médiocres, mais il est très important, car la seule voie de communication entre Calcutta et l’Assam y passe. Comme les Britanniques de Calcutta avaient l’habitude d’aller chercher un peu de fraîcheur à Darjeeling, la région himalayenne qui entoure cette station est rattachée au Bengale ; elle est bien connue pour ses plantations de thé.

Enfin, la partie indienne du Bengale contient les seules vraies agglomérations industrielles de la région : d’abord, le groupe situé sur la vallée de la Dāmodar, là où elle quitte le socle ancien. Le charbon et les minerais du nord-est de la péninsule, la proximité de Calcutta ont permis l’édification d’un complexe d’industrie lourde important, fondé sur la sidérurgie. Le gouvernement indien s’efforce de le renforcer en installant dans des villes comme Asansol et Durgapur des usines du secteur public. Surtout, l’énorme agglomération de Calcutta* s’étend sur près de 60 km le long de l’Hooghly.

F. D.-D.


L’évolution historique


La période hindoue

L’époque protohistorique est mal connue. Aux ve et ive s. avant notre ère, le royaume du Magadha semble avoir contrôlé plus ou moins le Bengale, qui fera partie intégrante de l’Empire maurya au iiie s. La décadence de celui-ci sous les successeurs d’Aśoka* ouvre une nouvelle période d’anarchie interrompue, au ive et au viie s., par l’intégration aux empires de Samudragupta et de Harsha (ou Harṣa).

L’histoire du Bengale est mieux connue sous la dynastie des Pāla (du viiie au xiie s.), dont l’avènement semble avoir correspondu à un désir populaire d’autorité. Les Pāla, notamment sous les règnes de Dharmapāla et de Devapāla, contrôlèrent une partie notable de l’Inde du Nord, et se manifestèrent par leur zèle bouddhiste, fondant de nombreux monastères, qui furent autant de foyers d’enseignement.

En 1023, le royaume pāla subit l’attaque du souverain tamoul Rājendrachola, ce qui entraîna l’établissement sur une partie du Bengale d’une nouvelle dynastie : celle des Sena (brahmanes originaires du Deccan).