Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

La Hesbaye voisine fait donc un violent contraste, avec ses champs ouverts et ses gros villages groupés ; les labours occupent 75 p. 100 de la S. A. U., et on cultive froment et betterave sucrière. À côté de petites exploitations, de très grosses exploitations de 50 à plus de 100 ha occupent un tiers des terres. En Hesbaye humide, les villages se desserrent et il y a plus d’herbe, des haies et des arbres.

En Brabant et en Hainaut, l’habitat reste groupé et les champs ouverts, mais l’herbe tient un peu plus de place (de 20 à 30 p. 100 de la S. A. U.), ainsi que, par endroits, les forêts ; les cultures principales restent le froment et la betterave sucrière.

• Les plaines. La Campine était encore largement occupée par la lande jusqu’aux mises en valeur des xviiie et xxe s. Aujourd’hui, la lande est remplacée par des bois (le septième du sol), par des céréales ou de la pomme de terre, mais plus encore par l’herbe (50 à 75 p. 100 du sol). L’habitat est complexe, formé de petits villages à champs ouverts et de hameaux aux parcelles entourées de haies ; les exploitations sont assez petites, et surtout en faire-valoir direct.

Dans la Flandre intérieure, les maisons sont groupées en bourgs souvent importants et à l’aspect urbain, tandis que les fermes sont dispersées sans ordre. Chaque ferme est entourée de parcelles en herbe closes de haies, alors que les terres labourées sont « ouvertes ». Les densités de 150 à 200 habitants au kilomètre carré ne sont pas rares. L’élevage l’emporte, mais la polyculture donne une grande place aux cultures industrielles ou légumières. Autour de Gand, les fleurs ou les plantes d’ornement sont cultivées sur de la tourbe néerlandaise à la chaleur de gaz... néerlandais.

Le pays de Waes se distingue nettement par ses rangées de hauts peupliers et par ses champs bombés.

En plaine maritime, les occupations sont plus orientées vers le rural, les densités sont plus faibles, et l’occupation est plus récente. Le type d’habitat est le même, mais les fermes se dispersent en ordre le long des routes. L’herbe occupe moins de 50 p. 100 de la S. A. U. ; le blé et la betterave sucrière sont importants ; les exploitations sont plus grandes (de 25 à 100 ha). Le drainage est organisé par les wateringues.


L’aménagement régional

Il n’est pas artificiel de séparer la partie néerlandophone et la partie francophone, mais, en fait, il convient de distinguer aussi une troisième partie : les arrondissements de Bruxelles. Ces trois parties ont une réalité linguistique, politique, mais aussi économique et placent la Belgique devant le difficile problème du fédéralisme.

La population wallonne a le taux de croissance le plus faible ; son taux de natalité est trop bas depuis la fin du xixe s. ; le soutien de l’immigration a diminué, et, en 1973, la population wallonne forme à peine le tiers de la population belge (32 p. 100). Durant la période 1955-1965, le produit intérieur brut par habitant a augmenté seulement de 2 p. 100 par an dans la partie wallonne contre 3,2 p. 100 dans la partie flamande et 3,3 p. 100 dans la région de Bruxelles. Les investissements, notamment les investissements étrangers, mais aussi ceux des firmes wallonnes, se portent de préférence dans la région flamande.

Une partie importante de la Wallonie est occupée par l’Ardenne. Ni les ressources naturelles, ni le relief ne sont favorables à un développement important de l’agriculture ou de l’industrie. Les fortes réserves en eau ne peuvent que servir les régions limitrophes (ou flamandes, ce qui soulève des récriminations). De meilleures traversées par la Meuse ou par des autoroutes ouvriraient à Liège des horizons méridionaux et faciliteraient l’accès d’une région à vocation touristique remarquablement bien située.

L’axe Haine-Sambre-Meuse permit aux Wallons d’accéder à la première place au xixe s., à l’époque du charbon et du fer. Le charbon disparaît ; la sidérurgie dépend totalement, par ses matières premières et, en grande partie, par ses marchés, de l’extérieur, c’est-à-dire de la Campine ou d’Anvers ; une sidérurgie belge, sur l’eau, ne peut être que flamande. La région souffre aussi de la précocité du développement industriel : trop de métallurgie, pas assez d’industries de transformation ou d’industries de pointe, un habitat vieilli ou parfois mal structuré. Les capitaux tendent à ne plus s’investir dans la région ; parfois, comme dans le Borinage, ils font défaut.

Mais la sidérurgie liégeoise se porte bien, et des industries dynamiques apparaissent. Dans la région du Centre, la reconversion houillère vers la pétrochimie prend un bon départ. Cette région a besoin, cependant, de valoriser sa vocation essentielle, celle d’une grande voie de passage, pour se désenclaver vers la mer : l’axe fluvial ABC est en cours d’aménagement ; le canal Albert a été porté à 9 ou 10 000 t. La puissance financière et le dynamisme de Liège sont des éléments favorables, mais qui déportent vers l’est le centre de gravité.

Bruxelles est la capitale. Selon les limites adoptées, l’agglomération regroupe entre 1 100 000 et 1 400 000 habitants ; le tiers de ses 600 000 actifs sont des migrants qui viennent de presque toute la Belgique.

Située au centre du pays, au milieu de l’axe ABC, la ville est le premier centre industriel du pays. Le secteur tertiaire y est très important (63 p. 100 de ses actifs, soit le quart des actifs tertiaires belges).

Cependant, la prédominance de Bruxelles dans le pays n’égale pas celle de Paris en France : le poids démographique est plus faible en valeur absolue, et surtout la capitale est au milieu d’un pays non « désertifié » ; la notion de « province » n’existe pas, et de nombreuses villes vivent au voisinage. Deux métropoles, Anvers et Liège, situées à une cinquantaine de kilomètres, dans chacune des deux parties linguistiques, peuvent faire un contrepoids efficace. Cela n’empêche pas chacun des deux groupes linguistiques de formuler des griefs souvent acerbes à l’égard d’une capitale accusée d’être trop centraliste ; pour les néerlandophones, de plus, la capitale est l’endroit où les habitants, même ceux qui sont d’origine flamande, se mettent à parler le français.