Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bavière (suite)

• La Bavière dans la République. La Première Guerre mondiale se termine par une révolution inattendue. Louis III, qui règne depuis novembre 1913, renonce à l’exercice du pouvoir en novembre 1918, devant un mouvement de rues déclenché par le socialiste indépendant Kurt Eisner, journaliste à peine sorti de prison. Dans une Allemagne en effervescence, les élections de janvier 1919 traduisent, en Bavière comme ailleurs, un équilibre précaire entre partis bourgeois et socialistes majoritaires. À Kurt Eisner, assassiné le 21 février, succède un gouvernement social-démocrate que risque d’évincer, le 7 avril, une république des soviets. Une intervention militaire met un terme, le 2 mai, non seulement à la tentative communiste, mais encore à l’expérience socialiste.

L’orage laisse des séquelles : les organisations armées de droite (la garde civique dite « Orgesch ») et des petits groupes révolutionnaires. Par ailleurs, la dégradation de l’État de Bavière, réduit à un simple Land par la Constitution de Weimar, ne peut que blesser la fierté bavaroise. Durant l’année catastrophique de la Ruhr, Ludendorff et Hitler tentent (8 nov. 1923) un putsch, réprimé mollement.

Dorénavant, le parti populaire bavarois (Bayerische Volkspartei), successeur du Zentrum, gouverne le pays avec Heinrich Held (1924-1933). Chrétien et fédéraliste, celui-ci s’efforce d’obtenir du Reich la subvention qui permet d’exonérer les paysans. Il ne cherche pas à empêcher sérieusement les manifestations qui traduisent les maux de la déflation et ressuscitent des tendances séparatistes ou les poussées du radicalisme. Aux élections de 1932, le parti bavarois conserve 45 sièges, mais la NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) en conquiert 43. Un ministère d’Affaires songe, après le 30 janvier 1933, à faire appel au prince Rupprecht († 1955), qui doit céder devant les menaces — les hommes de Röhm, le commissaire du Reich von Epp, le camp de Dachau.

• Absorption et renaissance. Hitler peut organiser dès lors ses grandes parades à Nuremberg et choisir le site romantique de Berchtesgaden comme résidence secondaire, affirmant ainsi l’unité sans faille d’un IIIe Reich enraciné aussi profondément en Bavière qu’en Prusse. En fait, l’originalité de la Bavière, faite de « bonhomie nonchalante et libérale » (Burgelin) autant que d’attachement aux traditions de l’ancien royaume, exclut l’adhésion profonde au régime hitlérien. Durant la Seconde Guerre mondiale, il y aura en Bavière des actes courageux de résistance. Quand le pays est occupé par les Américains (1945), les Bavarois reprennent la voie fédéraliste, d’autant plus facilement que les limites historiques de leur Land sont respectées. Branche autonome du parti chrétien démocrate d’Adenauer, l’Union chrétienne sociale (Christlich-Soziale Union, CSU) prend la relève du parti populaire. Elle accepte le principe de l’« école de communauté chrétienne », mais le corrige dès 1950 par la loi des écoles minoritaires (Zwergschulen), qui seront catholiques. Franz Josef Strauss accentue son originalité en 1965, en revendiquant pour son programme une portée allemande et européenne.

F. L.

➙ Allemagne / Augsbourg / Confédération germanique / Munich / Ratisbonne.

 P. Le Bras, États de la Confédération germanique (Didot, 1842). / M. Döberl, Entwicklungsgeschichte Bayerns (Munich, 1906-1931 ; 3 vol.). / M. Dunan, Napoléon et l’Allemagne. Le système continental et les débuts du royaume de Bavière (Plon, 1942). / B. Hubensteiner, Bayerische Geschichte (Munich, 1950 ; 5e éd., 1967). / K. Bosl (sous la dir. de), Bayern (Stuttgart, 1961) ; Bayern im Umbruch (Munich, 1969). / M. Spindler (sous la dir. de), Handbuch der bayerischen Geschichte (Munich, 1967-1969 ; 2 vol.). / E. R. Huber, Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789 (Stuttgart, 1969).

Bayeux

Ch.-l. d’arr. du Calvados, dans le Bessin, sur l’Aure ; 14 528 hab.


Bayeux, capitale des Baiocasses (ou Bajocasses), portait sous la domination romaine le nom d’Augustodurum. Un évêché paraît y avoir été fondé vers la fin du ive s. Les Normands s’y fixèrent dès le début du xe s. ; en 1105, la ville fut prise et incendiée par Henri Ier d’Angleterre. Occupée par les Anglais durant la guerre de Cent Ans, ravagée par les protestants en 1562, farouche ligueuse, elle n’était plus, à la veille de la Révolution, qu’une calme cité ecclésiastique. Epargnée par les laideurs industrielles du xixe s. comme par les combats de 1944, elle suscita la vocation d’Arcisse de Caumont (1802-1873), fondateur de la Société française d’archéologie.

Maisons de bois de la rue des Cuisiniers et maisons canoniales de la rue de la Maîtrise, logis du Gouverneur dressant son élégante tourelle d’escalier, pompeuses demeures Louis XIII aux lourds balustres, hôtels des xviie et xviiie s., alignant leurs façades en bordure des vieilles rues qui entourent la cathédrale, constituent un prélude à la visite du sanctuaire.

Un incendie qui ravagea la ville au milieu du xie s. détruisit la cathédrale d’alors. Aussitôt furent jetés les fondements d’une nouvelle église, dont la dédicace eut lieu en 1077. De cet édifice reste la crypte. En 1105, autre incendie, suivi d’une reconstruction partielle ; du nouveau sanctuaire subsiste le gros œuvre des deux tours et les arcades de la nef, qui reçurent au milieu du xiie s. une décoration constituée par des entrelacs de vannerie et de curieux reliefs figuratifs témoignant de l’influence des manuscrits anglo-saxons ou irlandais comme, peut-être, de souvenirs de l’art scandinave. Les travaux se poursuivirent au début du xiiie s. : rhabillage des piliers de la nef, élévation des bas-côtés et du petit porche sud. Vers 1230, on construit le chœur et les parties hautes de la nef ; vingt ans plus tard, on achève le transept et la façade, dont les tours sont reprises et surmontées de flèches. Les chapelles latérales de la nef datent du xive s. ; la tour centrale, du xve s., a été fâcheusement surmontée d’une coupole de fonte de style flamboyant.