Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bauhaus (suite)

À l’initiative du bourgmestre social-démocrate Fritz Hesse, Dessau, ville industrielle en plein essor, s’offre à reprendre le Bauhaus et à le loger dans des bâtiments neufs, dont Gropius fournira les plans. Le transfert à Dessau entraîne la suppression des ateliers de céramique, de vitrail et de sculpture, mais la création de ceux de typographie et de graphisme publicitaire. Plusieurs « apprentis » de Weimar accèdent à la maîtrise : Josef Albers (cours préliminaire, avec Moholy-Nagy), Herbert Bayer (né en 1900) et Joost Schmidt (1893-1948) [graphisme], Marcel Breuer (meuble). Les premiers « Bauhaus-Bücher » paraissent à Munich.

1926

Le Bauhaus est reconnu comme établissement d’enseignement supérieur. Les nouveaux bâtiments sont inaugurés en décembre. La situation financière du Bauhaus s’améliore grâce à des contrats d’études passés avec diverses entreprises.

1928

Gropius abandonne la direction du Bauhaus pour se consacrer à son agence d’architecture. Son départ entraîne ceux de Moholy-Nagy, de Bayer et de Breuer. Gropius choisit Hannes Meyer comme successeur. Celui-ci crée un atelier de photographie, mais surtout développe l’enseignement de l’architecture et de l’urbanisme (Mart Stam [né en 1899], Ludwig Hilberseimer [1885-1967]), et donne une place importante aux disciplines scientifiques et techniques, à la psychosociologie, à l’économie. Il rend obligatoire un enseignement artistique de base (Albers, Kandinsky) et crée deux ateliers libres de peinture (Klee, Kandinsky). Après le départ de Moholy-Nagy, Albers dirige seul le Vorkurs. Les revenus tirés de la vente de licences atteignent le tiers du budget et permettent d’attribuer nombre de bourses d’études.

1929

Oskar Schlemmer quitte le Bauhaus.

1930

En difficultés avec la municipalité du fait de son engagement politique, Hannes Meyer est contraint de démissionner. Il est remplacé par Ludwig Mies van der Rohe. Les heurts entre étudiants pronazis et communistes se font de plus en plus violents.

1931

Paul Klee quitte le Bauhaus.

1932

Ayant obtenu la majorité au conseil municipal de Dessau, la droite fait voter, au mois d’août, la fermeture du Bauhaus (par la suite, l’ancien bourgmestre Hesse sera arrêté pour l’appui qu’il lui a apporté). Mies tente de sauver le Bauhaus en le transformant en institution privée et en le transférant à Berlin, où il pense trouver un climat moins hostile. Dès octobre, le Bauhaus rouvre ses portes à Berlin-Steglitz.

1933

L’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes ne laisse subsister aucun espoir : dès le 11 avril, le nouveau régime ordonne une perquisition « pour rechercher du matériel de propagande communiste » et fait apposer les scellés au Bauhaus, n’autorisant sa réouverture que si Kandinsky et Hilberseimer sont écartés. Après de vaines négociations avec Alfred Rosenberg, Mies informe les étudiants, le 10 août, de la fermeture définitive du Bauhaus.

Bavay

Ch.-l. de cant. du Nord (arr. d’Avesnes-sur-Helpe) ; 3 355 hab.


La ville actuelle de Bavay (anc. Bavai) est construite sur l’emplacement de Bagacum, carrefour routier promu au rang de capitale de cité par les Romains. Elle est située sur un plateau entre la haute Sambre et la Selle, sans doute le Sabis, dont le site fut celui de l’ultime rencontre des Nerviens face aux troupes de César. La Gaule fut partagée. Après la conquête, Bavay fut choisie comme capitale de la cité des Nerviens. Elle reçut, en l’an 4 de notre ère, la visite de Tibère, comme l’atteste une dédicace trouvée sur le forum. Sans atteindre les superficies des grandes villes romaines de la Gaule Belgique, Bavay devait s’étendre sur une quarantaine d’hectares, non enclos de remparts. Les fouilles et surtout les découvertes fortuites ont permis de reconstituer le plan en damier de la ville romaine. À l’intérieur de cette voirie à plan géométrique, on a retrouvé les vestiges de plusieurs monuments publics et de maisons privées, dont les fouilles ont montré les remaniements de plan et de construction entre le ier et le iiie s.

L’ensemble monumental du forum a des dimensions remarquables : 230 m de long sur 100 m de large. Les bâtisseurs romains ont habilement tiré parti de la pente naturelle du centre de la ville, en enterrant la partie haute de l’ensemble et en nivelant la partie inférieure le long d’un mur de soutènement. Ainsi, sur un plan égal, fut édifié un vaste complexe religieux, civil et commercial. On accédait d’abord par l’est (en face de l’église actuelle) à une basilique large de 28 m et longue de 78 m, et ensuite une place dallée de pierres bleues recevait les promeneurs. Cette place était bordée de boutiques aux deux extrémités, nord et sud. Toujours selon le même axe, une autre place était, elle, occupée en son centre par un temple, dont seules les fondations ont été retrouvées. Un portique imposant couvrait les trois côtés de la place, flanquée, de part et d’autre, d’un alignement de boutiques. Ce portique était prolongé dans le sol d’une galerie voûtée. Les cryptoportiques sont connus à Reims, à Arles, à Trèves et sont interprétés par les uns comme des magasins ou des entrepôts publics (et sans doute pour le ravitaillement de l’armée) et par les autres, en raison de leur décor soigné, comme une sorte de promenoir public.

On peut encore admirer les vestiges de ces galeries, l’ordonnance de ces piliers centraux, le soin de la construction, le luxe des enduits peints, le procédé très habile de protection contre les infiltrations d’humidité par un double mur. On s’accorde à dater cet ensemble vers la première moitié du iie s. de notre ère. Les renseignements plus précis manquent pour les autres monuments de Bavay : le théâtre, l’ensemble des thermes, dont furent seuls retrouvés les éléments du radier chauffant, sous l’actuelle église. Au lieu dit le « Bisoir » fut découvert au xviiie s. un temple circulaire, sans doute un panthéon. Découverte en 1958, une inscription fait allusion à une balance publique, restaurée grâce à une générosité privée. Dans la ville, suivant une orientation semblable à celle du grand ensemble, s’élevaient des maisons particulières, dont certaines avaient quelques pièces chauffées par le sol. Une quarantaine d’hypocaustes sont ainsi connus. Pour alimenter en eau cette population, un aqueduc fut construit, amenant les eaux de Floursies, au sud-est de Bavay.

Dans le chantier accessible aux visiteurs, une portion d’égout a été mise au jour. Il faut citer également les ateliers de potiers, dont de nombreux fours furent découverts. La fabrication du verre est également attestée, ainsi que la taille du marbre. Une récente découverte d’un lot très important de pièces de bronze confirme la présence locale d’ateliers de bronziers.