Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bathyscaphe (suite)

Les bathyscaphes sont essentiellement utilisés à des fins scientifiques : connaissance des mers dans les domaines biologiques, chimiques et physiques ; exploration géologique des fonds aussi bien à leur surface que dans le sous-sol. C’est pourquoi ils sont munis d’un équipement scientifique spécial qui s’ajoute à leur équipement fonctionnel. Grâce à leurs qualités manœuvrières, ils peuvent être utilisés à la recherche et à la récupération d’objets perdus ou à l’exploration d’épaves à des fins d’expertise.

G. H.

batteurs de jazz

Musiciens de jazz tenant la batterie.


À l’exception de quelques pianistes jouant sans accompagnement ou de certains groupes comme le premier quintette Django Reinhardt ou les trios Jimmy Giuffre, tous les orchestres de jazz possèdent une batterie. Des premières formations de King Oliver aux ensembles free des années 60, cet instrument peut être considéré comme l’élément le plus constant et spécifique de la musique négro-américaine. Héritier direct des joueurs de grosse caisse et des cymbaliers de fanfares, le batteur (en anglais drummer, de drum, tambour) indique le tempo et définit les structures rythmiques de l’œuvre. La batterie accentue et pimente le swing, soutient, seconde et stimule les improvisations, renforce, enrichit et anime les orchestrations.

Le batteur a pour fonction de formuler, d’exprimer de la façon la plus explicite possible le « balancement » d’un temps vers l’autre, qui est en grande partie responsable de la puissance émotionnelle d’une œuvre de jazz.

La batterie de jazz : un orchestre dans l’orchestre

La batterie comprend :
une grosse caisse (en anglais bass drum), que l’exécutant frappe par l’intermédiaire d’une pédale (certains batteurs de jazz, comme Louie Bellson, ou de rock and roll utilisent deux grosses caisses) ;
une caisse claire (ou snare drum) ;
des cymbales fixes, dont le nombre (au moins deux) permet d’obtenir une plus grande variété de timbres et de notes ;
une cymbale double (high hat ou charleston) montée sur coulisses, qui s’ouvre et se ferme par l’action d’une pédale (le batteur peut aussi la frapper de ses baguettes ou de ses balais).
Au gré de la fantaisie de chaque instrumentiste ou des compositeurs, d’autres accessoires de la famille des percussions ont souvent été adjoints à la batterie traditionnelle : wood-blocks (bloc ou tubes de bois que l’on frappe avec des baguettes), cow-bells (cloches de vache), carillon (ou chimes), xylophone, tambourin, gong, timbales, etc.
Afin d’ajouter à leur musique une couleur rythmique « afro-cubaine » ou simplement africaine, certains compositeurs ou chefs d’orchestre utilisent la conga ou les bongos, tambours originaires d’Amérique latine, qui sont confiés soit au batteur, soit à un percussionniste de complément. Certains instruments, en revanche, ont été isolés de la batterie après en avoir fait partie — par exemple, le vibraphone (v. l’article vibraphonistes).
Pour jouer, le batteur utilise, outre ses pieds pour les instruments à pédale, des baguettes de bois, des balais métalliques, des mailloches ou, dans certains cas, ses mains nues.


Le batteur, un instrumentiste aux pouvoirs multiples

Dans la mesure où la batterie est née de la réunion d’instruments qui, au sein des fanfares, étaient utilisés de façon individuelle (grosse caisse, cymbale, caisse claire, etc.), le batteur de jazz est devenu responsable de toute une série d’accessoires ou, plutôt, d’un ensemble de timbres. Du même coup, il lui a fallu s’inventer une technique particulière et s’adapter physiquement à son instrument.

Parce que son tempo et son rythme sont pris par les autres musiciens comme éléments de référence et aussi parce qu’il lui faut suivre le discours des solistes et modifier ou nuancer son jeu en conséquence, on a dit du batteur qu’il « porte » l’orchestre* de jazz à bout de bras. Ce rôle exige une puissance physique exceptionnelle.

D’autre part, le nombre d’instruments mis à sa disposition l’obligent à se servir simultanément de ses mains et de ses pieds (d’où la création d’instruments de percussion commandés par une pédale) afin d’assurer une diversité de timbres et de réaliser des figures rythmiques plus riches et plus complexes que celles des marches. Ainsi apparaît un autre principe qui est à la base de tout l’art de la batterie : l’indépendance et la coordination des quatre membres.


Passé simple et temps composé

Les premiers batteurs de jazz avaient pour unique fonction de maintenir le tempo. Ils se contentaient de prolonger l’héritage des percussionnistes de fanfares. Mais, très vite, les rythmes de marche devaient cesser d’être leur seul objectif. En même temps que l’improvisation se développait — quantitativement et qualitativement —, les breaks de quelques instrumentistes plus imaginatifs annonçaient l’évolution du rythme et l’émancipation de la batterie. (Le break, ou rupture, est un court passage improvisé de la ligne principale d’un morceau ou, dans le cas du batteur, hors de l’axe rythmique.) Laissant au batteur une plus grande liberté, le break peut être considéré — à un degré embryonnaire — comme le premier « solo » de batterie. Baby Dodds, Zutty Singleton et Paul Barbarin furent les principaux représentants de cette conception indissociable du style Nouvelle-Orléans.

C’est au cours des années 20 que les batteurs commencent à diversifier leur accompagnement, à mettre au point des structures rythmiques plus complexes. Cette tendance est aussi illustrée par des musiciens blancs comme Tony Spargo, Ben Pollack et Ray Bauduc. En même temps, et principalement à Chicago, apparaissent les premiers virtuoses de la batterie. Une technique plus complète leur permettra de jouer avec le rythme plutôt que de jouer simplement le rythme. Cette évolution est surtout sensible dans le jeu de George Wettling, de Gene Krupa et de Dave Tough.

Tandis que les batteurs virtuoses découvrent les possibilités du solo et du découpage, dans le cadre d’une formule rythmique donnée, de l’espace et du temps, d’autres ouvrent la voie au jazz moderne en faisant varier leur accompagnement en fonction du déroulement mélodique. Sans cesser de maintenir un beat (battement) régulier, ils s’intègrent avec subtilité et force dans le contexte orchestral. Chick Webb, Big Sid Catlett, Cozy Cole, Jo Jones, Jimmy Crawford, Lionel Hampton correspondent à cette période de raffinement rythmique.