Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Basilicate (suite)

L’organisation sociale a aggravé ces conditions. Terre de contact entre Orient et Occident dans l’Antiquité, soumise à des dominations diverses au Moyen Âge, la Basilicate a connu ensuite le conservatisme réactionnaire du régime espagnol et bourbonien. Les habitants, groupés en gros centres compacts perchés sur les hauteurs, privés de terres par l’extension du latifundium, écrasés d’impôts, sans autre possibilité qu’une maigre agriculture céréalière, se sont livrés à des déboisements acharnés. L’érosion catastrophique qui s’ensuivit a accru la misère et poussé à l’émigration, qui explique l’apparente contradiction de l’évolution démographique régionale. De 1911 à 1961, la population italienne croît de 43 p. 100, mais celle de la Basilicate ne progresse que de 27 p. 100 (il y a même eu diminution très récemment). Or, le bilan naturel reste positif avec une natalité vigoureuse (20 p. 1 000) et une mortalité faible (7,6 p. 1 000) en dépit d’une forte mortalité infantile. L’abandon de la région est lié au sous-développement économique.

L’activité régionale est en effet très limitée. Plus de la moitié de la population active se consacre à l’agriculture, et les emplois dans l’industrie ne représentent que 0,5 p. 100 du total national. L’agriculture, malgré sa diffusion (95 p. 100 de la superficie sont exploités), a une faible productivité. Elle repose d’abord sur des cultures céréalières, notamment le blé, qui occupe 65 p. 100 des surfaces ensemencées (pour les deux tiers, il s’agit de blé dur). Les céréales entrent en assolement avec des plantes fourragères, des légumes (fèves, lentilles), des cultures industrielles (lin, tabac, betterave à sucre). Les cultures arbustives sont limitées à des vignobles autour de Potenza et des oliviers autour de Matera. L’élevage apporte une contribution notable avec de gros troupeaux d’ovins (540 000 têtes) et de caprins (130 000 têtes). La forêt n’occupe plus que 17 p. 100 de la superficie. Grâce à la réforme foncière, cette agriculture évolue. La petite propriété progresse, et des travaux de bonification permettent d’autres cultures (fruits, artichauts). L’industrie est très insuffisante : extraction de matériaux de construction, sucrerie (Policoro), travail de la laine (Maratea). Toutefois, l’exploitation du méthane dans la vallée du Basento, à Ferrandina (par l’E. N. I.), développe des industries chimiques. Quant au tourisme, il est limité par le manque de routes et d’équipements hôteliers.

Dans un tel contexte, les villes n’ont pas de rôle important. Allongée sur un éperon séparant deux torrents, Potenza (60 000 hab.) est la capitale régionale, sur la via Appia joignant Naples à Tarente. Matera est la deuxième ville de la région (46 000 hab.).

E. D.

➙ Apennin / Mezzogiorno.

 L. Ranieri, Basilicata (Turin, 1961).

basilique

Dans l’architecture romaine et dans l’architecture chrétienne, édifice destiné à des réunions et constitué essentiellement par une salle de grandes dimensions, rectangulaire, dont l’axe parallèle aux longs côtés est souvent terminé par une estrade ou une abside, et qui comporte généralement des rangées de supports isolés.


Le « portique royal » (basilikê stoa) était celui où se tenait l’archonte-roi, chargé à Athènes des affaires religieuses. Le terme de basilique fut adopté dans le monde romain pour désigner une salle à fonction principalement judiciaire, dépendance obligatoire des forums provinciaux, à l’imitation du forum romain. À Rome, les basiliques Aemilia et Julia, comme la basilique Ulpia du forum de Trajan, sont des rectangles avec plusieurs séries de colonnades intérieures, qui en font le tour. La basilique de Trajan est terminée de part et d’autre par des exèdres, plutôt que par des absides. Seule la basilique de Maxence, au début du ive s., possède une abside et un portique formant vestibule. Hors de Rome, les plans sont mieux axés ; ainsi à Pompéi, où l’on trouve une colonnade sur les quatre côtés et une tribune dans le petit côté opposé à l’entrée, celle-ci scandée de plusieurs fois quatre colonnes. On rencontre ici ou là, à Tipasa par exemple, deux rangées de colonnes distinguant une nef des bas-côtés — même si la colonnade tourne le long du mur d’entrée — et un tribunal en abside, flanqué de deux annexes. Les plans restent très variés. Certaines salles de palais, certains lieux de culte, comme la « basilique pythagoricienne de la porte Majeure » à Rome, et certaines synagogues étaient de type basilical.

Après la paix de l’Église, sous l’empereur Constantin, en 313, les chrétiens reçurent le droit de construire des églises. Ils se réunissaient auparavant dans de simples maisons. À Doura-Europos, sur l’Euphrate, dans une église-maison de 235, la salle de réunion avait été obtenue en abattant une cloison et en construisant une petite estrade ; certaines de ces salles, dans les grandes villes, ont pu comporter des colonnades et porter le nom de basiliques, mais nous n’en savons rien.

Par contre, les églises qui ont été construites après la paix ont reçu le nom de basiliques et ont bientôt pris une forme caractéristique, beaucoup plus individualisée que celle des dépendances judiciaires des forums. Le monument rectangulaire est orienté vers l’est par un de ses petits côtés, où s’ouvre une abside demi-circulaire, tantôt saillante, tantôt inscrite dans le rectangle et flanquée de deux annexes. La salle est divisée par des colonnades, parallèles aux longs côtés et qui définissent une large nef centrale et des collatéraux — deux de chaque côté au début, à Rome comme à Jérusalem et à El-Asnam (Orléans-ville, 326) —, généralement un seul plus tard. Au début, la colonnade portait souvent des architraves. Très vite, on les remplaça par des arcs. Un mur surmontait ces arcs, portant le toit à deux pentes de charpente et de tuiles qui recouvrait la nef ; les toits des bas-côtés descendaient de part et d’autre. Une rangée de fenêtres s’ouvrait dans le mur, entre le toit du collatéral et celui de la nef— une claire-voie éclairant l’axe de l’édifice.