Basilicate (suite)
L’organisation sociale a aggravé ces conditions. Terre de contact entre Orient et Occident dans l’Antiquité, soumise à des dominations diverses au Moyen Âge, la Basilicate a connu ensuite le conservatisme réactionnaire du régime espagnol et bourbonien. Les habitants, groupés en gros centres compacts perchés sur les hauteurs, privés de terres par l’extension du latifundium, écrasés d’impôts, sans autre possibilité qu’une maigre agriculture céréalière, se sont livrés à des déboisements acharnés. L’érosion catastrophique qui s’ensuivit a accru la misère et poussé à l’émigration, qui explique l’apparente contradiction de l’évolution démographique régionale. De 1911 à 1961, la population italienne croît de 43 p. 100, mais celle de la Basilicate ne progresse que de 27 p. 100 (il y a même eu diminution très récemment). Or, le bilan naturel reste positif avec une natalité vigoureuse (20 p. 1 000) et une mortalité faible (7,6 p. 1 000) en dépit d’une forte mortalité infantile. L’abandon de la région est lié au sous-développement économique.
L’activité régionale est en effet très limitée. Plus de la moitié de la population active se consacre à l’agriculture, et les emplois dans l’industrie ne représentent que 0,5 p. 100 du total national. L’agriculture, malgré sa diffusion (95 p. 100 de la superficie sont exploités), a une faible productivité. Elle repose d’abord sur des cultures céréalières, notamment le blé, qui occupe 65 p. 100 des surfaces ensemencées (pour les deux tiers, il s’agit de blé dur). Les céréales entrent en assolement avec des plantes fourragères, des légumes (fèves, lentilles), des cultures industrielles (lin, tabac, betterave à sucre). Les cultures arbustives sont limitées à des vignobles autour de Potenza et des oliviers autour de Matera. L’élevage apporte une contribution notable avec de gros troupeaux d’ovins (540 000 têtes) et de caprins (130 000 têtes). La forêt n’occupe plus que 17 p. 100 de la superficie. Grâce à la réforme foncière, cette agriculture évolue. La petite propriété progresse, et des travaux de bonification permettent d’autres cultures (fruits, artichauts). L’industrie est très insuffisante : extraction de matériaux de construction, sucrerie (Policoro), travail de la laine (Maratea). Toutefois, l’exploitation du méthane dans la vallée du Basento, à Ferrandina (par l’E. N. I.), développe des industries chimiques. Quant au tourisme, il est limité par le manque de routes et d’équipements hôteliers.
Dans un tel contexte, les villes n’ont pas de rôle important. Allongée sur un éperon séparant deux torrents, Potenza (60 000 hab.) est la capitale régionale, sur la via Appia joignant Naples à Tarente. Matera est la deuxième ville de la région (46 000 hab.).
E. D.
➙ Apennin / Mezzogiorno.
L. Ranieri, Basilicata (Turin, 1961).